Odile et Jacques

Odile et Jacques
Odile et Jacques

samedi 22 avril 2017

Du jeudi 20 avril au mercredi 3 mai 2017 : CAYO LARGO – CAYO ROSARIO – CAYO CANTILES – CANAL DE ROSARIO (ARCHIPELAGO DE LOS CANARREOS) – PUNTA DEL ESTE et CALA FRANCES (ISLA DE LA JUVENTUD) – MARINA HEMINGWAY (LA HAVANE) (24M, 1M, 2M, 36M, 46M et 304M)

Le mauvais temps, un « frente frio », nous oblige à passer deux jours à Cayo Largo, l’île la plus à l’Est de l’archipel de los Cannareos ; une île touristique, sans âme, où les Cubains viennent travailler par roulement ; de petits immeubles s’alignent sans vrai village, on n’y voit aucun enfant.

La première chose est d’aller à la banque échanger nos euros contre des CUC, des pesos convertibles utilisés par les touristes ; les Cubains eux, paient en CUP, pesos cubains, un CUP valant 25 fois moins qu’un CUC. Pour nous, les prix en CUC sont équivalents aux prix français en euros ; pour les Cubains, la vie est 25 fois moins chère mais leurs salaires sont extrêmement bas (le salaire moyen est de 20 CUC par mois et Orionde nous disait qu’un chirurgien pédiatrique gagnait 80 CUC par mois). Souvent, ils se « débrouillent » pour avoir d’autres sources de revenus...

A l’hôtel, on achète des cartes ETECSA qui permettent de se connecter 30 minutes à internet dans les hôtels (1,5 CUC) ; impossible toutefois de charger le « Monde », sans doute un contrôle de l’information venant de l’étranger.

Avitaillement difficile, aucun produit frais, on arrive à trouver du pain, des œufs et des ananas en allant deux fois par jour au « shipchandler » réservé à la marina ; achat de salades et de pizzas au restaurant, moins bonnes que celle de Cayman Brac, et de turron dans un magasin de souvenirs.

Jacques et Patrick changent la drosse de barre, le relais du guindeau et branchent les panneaux solaires sur le convertisseur du Watt and Sea ; ils ont bien travaillé et ont mérité leur bière !

Plusieurs bateaux français au mouillage, on voit arriver Bela Vita qui retourne vers la Jamaïque et Silken Ties qui remonte jusqu’en Floride.


Pas grand-chose à visiter sur l’île, un bus nous emmène à la plage touristique sous la pluie battante, il a bien gagné sa journée, nous, on s’est fait avoir...








Mangrove autour de la marina Cayo Largo














Le ponton réservé aux mouettes 















Une maison plus coquette 












Centre de sauvegarde des tortues ; les œufs sont récupérés sur les plages et mis à incuber dans le sable : cette jeune tortue verte sera relâchée à la mer quand elle aura dix-huit mois.













Playa Blanca, sous la pluie : une immense plage de sable rectiligne, bordée d’une mer turquoise.










Samedi, la météo s’améliore, plusieurs bateaux s’en vont ; la Guarda Frontera nous donne le despacho indispensable pour naviguer dans les eaux cubaines.
Départ sous un grain, puis le soleil arrive ; une fois la barrière de corail franchie, on ne met que le génois (grand largue, force 6, mer peu agitée), on avance bien mais pas assez pour rattraper Silken Ties qui fait route sur La Havane.
Grain avant d’entrer dans le canal de Rosario par un chenal balisé, Patrick en vigie ; mouillage près de Cayo Rosario dans un immense plan d’eau, on a l’impression d’être au milieu de la mer ! Orage et pluie le soir.


Le lendemain, dimanche, on traverse la baie prudemment, Monique en vigie et Patrick à la sonde à main, pour mouiller à Cayo Cantiles.










Débarquement à Cayo Cantiles,












quatre gardiens surveillent l’île par roulement d’un mois et logent dans une petite maison de bois ; l’électricité est fournie par des panneaux solaires et l’eau vient de la Juventud ; une antenne pour le téléphone.













Les singes sont attirés par la nourriture,















le pivert protège son nid.











Promenade sur un trocha, un petit chemin balisé dans un terrain karstique érodé, la progression est difficile, on rebrousse vite chemin.








Patrick et Monique














Au retour, on négocie des langoustes que les pêcheurs vont chercher sous des tables immergées, 

















quatre moyennes pour 16 CUC avec une grosse en cadeau !








Nouveau mouillage près du récif du Canal de Rosario, pour un beau snorkeling : des eaux claires, d’assez beaux fonds et quelques beaux poissons : Ange Royal qui se cache, Ange gris, Castagnoles bleues, Chirurgiens, Sergent Majors, Girelle à tête bleue, Poisson Lézard...










Beau Grégoire











Les garçons ramènent à bord deux lambis, mais impossible de les détacher de leur coquille, elles repartent à l’eau.
Première soirée électorale, Cécile et Antoine nous envoient les résultats par skyfile : Macron – Le Pen, on croise les doigts pour le deuxième tour...
Jacques et Patrick nous cuisinent les langoustes aux pâtes, on se régale.


Lundi, vent de Nord, (grand largue, force petit 4, mer belle), on poursuit notre route vers l’Ouest, au Sud de l’archipel de los Cannareos ; le vent faiblit, on met le spi (travers, force 3 à 4, mer belle), petit courant favorable ; moteur pour arriver près de la Punta del Este, isla de la Juventud, mouillage derrière la barrière de récifs.
En remontant l’hydrogénérateur, une pièce plastique qui le maintient dans l’axe se casse ; deux heures de travail pour Patrick et Jacques qui la renforcent avec un collier métallique.
Deuxième repas de langoustes, cela améliore l’ordinaire, car peu à peu, on a épuisé toutes nos spécialités françaises : chocolat, saucisson, jambon cru, fromage et maintenant vin... Désormais, on vit sur nos réserves.

L’île de la Jeunesse, l’ancienne île des Pins était habitée par les Indiens Siboneyes qui ont laissé des peintures rupestres dans une grotte. Placée sur la route des navires chargés de précieuses marchandises, elle devint un repaire de pirates et Stevenson s’en serait inspiré pour écrire l’île au trésor. En 1830, l’île des Pins a servi de bagne où étaient déportés les opposants au régime espagnol, tel José Marti, le héros de l’indépendance. L’île est placée sous domination américaine et ne sera rattachée à Cuba qu’en 1925 ; elle redevient un bagne où, en 1953, sont emprisonnés Fidel Castro et ses amis, après avoir tenté de prendre la caserne Moncada de Santiago. L’île des Pins accuse un retard économique par rapport à l’île principale, Fidel Castro décide d’en faire un laboratoire de la révolution en y créant des camps de jeunes, des « écoles secondaires à la campagne ». Les jeunes volontaires affluent de Cuba et de l’étranger, modifiant le paysage agricole par des plantations d’agrumes. Actuellement l’île est encore directement administrée par Cuba.
Au Nord, des collines et la ville de Nueva Gerona, au centre, le marécage de Lanier où vivent de nombreux crocodiles, et au sud la réserve naturelle qui vit de la pêche à la langouste et aux éponges.

Mardi, journée repos et bricolage, Jacques branche les panneaux solaires sur un autre régulateur, malheureusement limité à 10 A ; Patrick recoud le gainage de cuir qui entoure la roue.
On est trop loin de la Juventud pour y débarquer, d’autant plus que c’est une zone militaire...

Snorkeling près des récifs, de beaux coraux jaunes et violets, Cerveau de Neptune et Corne d’élan, gorgones ; de beaux poissons près d’une tête de corail : énormes Chirurgiens et Sergents-Majors, Poisson Soldat, Papillon Pyjama, Paroquettes, Gorettes jaunes... On course aussi une langouste qui terminera tranquillement ses jours dans l’eau.








Cerveau de Neptune

















Dentelle de Gorgone 
















Tableau composé de corail et poissons  










L’après-midi, on interpelle les pêcheurs de La Ramona qui reviennent des tombants, 









on négocie un petit mérou et quatre langoustes pour 10 CUC ; 













vingt minutes plus tard, ils nous en ont pêché cinq ; ils demandent du rhum, on leur donne aussi un T-shirt turc et une tour Eiffel ramenée par Monique !








Repas de mérou poêlé, très bon.

Mercredi, on part de bonne heure pour une longue route qui contourne la Juventud (travers puis grand largue et enfin vent arrière, force 4 devenant 5, mer belle à peu agitée) ; paysage plat et arboré depuis Cayo Largo, peu photogénique.
Mouillage dans Caleta Puerto Frances, une belle baie avec des eaux turquoise ; 








deux plages et des falaises creusées de grottes sous-marines. 









C’est un endroit privilégié pour la plongée et le snorkeling avec un tombant de plusieurs centaines de mètres, mais il y a un peu trop de vent et de houle ce soir ; nuit sans vent mais houleuse, on ne dort pas beaucoup...

Jeudi, profitant d’un vent favorable, on décide de partir d’une seule traite vers La Havane ; vent portant mais de la houle (grand largue, force 4 à 5, mer peu agitée), courant favorable de près d’un nœud ; fournée de pain et dessalage d’eau de mer.
Le vent forcit l’après-midi (force 6), on prend un ris, puis un deuxième avant la nuit.









Quatre gros dauphins noirs nous accompagnent.








Nuit relativement tranquille, étoilée, cargos au loin.
Passage du Cabo San Antonio vers six heures du matin, on quitte la Mer des Caraïbes pour le Golfe du Mexique, là où naît le Gulf Stream.
On arrondit progressivement la côte Nord-Ouest de Cuba, entre le rail pour les cargos et les récifs coralliens de l’archipel de Los Colorados (travers, puis bon plein, force 5, mer peu agitée) ; on croise un voilier et plusieurs cargos qui empruntent le rail. On enlève le deuxième ris puis on le remet, averse en milieu d’après-midi et chaleur moite désagréable.
Le vent tombe et revient du NE à l’heure de l’apéro ; mise à la cape pour manger tranquillement. Il reste 80 miles à faire avec vent et houle de face ; louvoyage toute la nuit (force 5 à 6, mer agitée), le bateau tape dans les vagues ; Patrick est malade, le placard des poêles, plaque électrique et grill s’ouvre, une vague submerge le bateau et se faufile dans la cabine...
Le lendemain matin, samedi, il nous reste encore 45 miles pour la Marina Hemingway, on envisage de faire une pause à Bahia Honda pour la nuit. Finalement, le bateau mieux réglé et avec l’aide du Gulf Stream file à 7 nœuds au près malgré la houle ; on a même légèrement dépassé notre route et vers 16 heures, avec un bon 6, on abat pour entrer dans le chenal d’accès à la Marina Hemingway.
Le représentant de la Guarda Frontera assez bourru, aboie en anglais pour nous demander si on possède des armes ; mise de notre iridium sous scellé, ensaucissonné avec un scotch dans un sac poubelle, on le désaucissonnera avec précaution. 










Après le plein de fuel, amarrage le long du canal 1 de la marina (28 CUC par jour, lessive à 6 CUC ; bouteilles de gaz remplies avec du propane).



















Dockmaster jovial dans sa voiturette orange.










Ce projet grandiose pour Cuba, avec complexe hôtelier de luxe, manque de clients et peine à être entretenu malgré la gentillesse du personnel.








C’est un lieu visité en belle américaine, Havane à la main !


 






Ernest Hemingway, prix Nobel de littérature, a situé ici « Le vieil homme et la mer » ; Santiago fait un effort surhumain pour braver son destin et ramener à La Havane l’énorme marlin bleu qu’il a ferré. Tous les ans, un « Torneo internacional de la pesca del castero » commémore cette histoire :











rencontre entre Hemingway et Fidel Castro en 1960, à l’occasion du onzième tournoi.

















Le bar est décoré de tableaux marins 















et de rostres de marlin sculptés, ressemblant à des épées.








On rencontre deux bateaux français, Maskali qui connait Agapanthe et Auhema ; ils rentrent en Europe en passant par les Bahamas et les Bermudes, il y a peu de chance qu’on les retrouve... Ils nous donnent quelques tuyaux sur l’approvisionnement à Cuba. On aperçoit aussi Siken Ties qui part en Floride.
Christian notre prochain équipier vient avec sa femme, nous apporter les pièces défectueuses du Watt and Sea qu’il ramène de France.

Cuba, notre dernière étape antillaise est aussi le point de départ de notre retour vers la France.
Avant d’aller visiter Cuba en terriens, on reste quatre jours à la marina, le temps de ranger et nettoyer le bateau,






et surtout de faire les dernières vérifications et réparations.











Jacques se fait soigner une dent dans un service de stomato moderne de La Havane (120 CUC).

Approvisionnement à la marina en boissons, œufs, fromage danois façon Brie ou Camenbert, mais pour des courses plus conséquentes, il faut prendre un taxi pour Flores,








une belle Ford rouge de 56 ans, avec sièges en cuir !










Le supermarché possède un rayon non accessible au public avec les produits de luxe que les Cubains ne peuvent se payer, 300g de chocolat Nestlé pour 17 CUC (d’ailleurs la caissière m’en a compté deux pour se faire un peu d’argent de poche...), paquet de crackers à 6 CUC ; très peu de diversité dans les autres rayons avec des conditionnements en grandes quantités, le yaourt se vend par seaux entiers sans capsule d’étanchéité ; 






au rayon boucherie, un arrivage de viande hachée de bœuf à 30% de matière grasse, à chaque sortie d’un lot, c’est la foire d’empoigne pour en attraper le plus possible !












A l’extérieur, dans une maison particulière, le boulanger vend des petits pains ronds industriels et des galettes plus sèches.











Petit étal où on trouve des bonnes mangues, des patates douces, des bananes plantains et des tomates vertes ; le boucher nous débite des côtes de porc, le tout à des prix imbattables en CUP, la monnaie nationale. 








Il existe aussi des magasins d’état où les Cubains s’approvisionnent en produits de base (riz, sucre, sel, huile, œufs...) avec leur « libreta » ou carnet de rationnement ; depuis peu, le savon, le dentifrice et les détergents ne figurent plus sur cette liste et doivent être achetés au prix fort.








Petit port de pêche de Jaimanitas ;
















pêcheur à l’embouchure de la rivière.









Lundi 1° mai, jour férié, les Cubains défilent à La Havane et à Santiago de Cuba, avec des banderoles au nom de Fidel, en criant « Viva la Revolucion ».