Odile et Jacques

Odile et Jacques
Odile et Jacques

jeudi 21 avril 2016

Du vendredi 1° avril au vendredi 8 avril 2016 : SCOTLAND BAY – CHAGUARAMAS (PEAKE MARINA) (3M)

Quelques miles au moteur pour contourner la pointe et arriver à Chaguaramas, on a un peu de mal à trouver le petit ponton de Peake Marina ; amarrage pour quelques jours car le bateau sera sorti de l’eau pour son «hivernage » ; accueil sympathique et efficace de Daniela au bureau et de Ragga, le pontonnier qui nous emmène à l’immigration et aux douanes. 

Bon plateau technique et bonne laverie ! L’inconvénient, c’est que la marina est loin de la ville, il faut prendre un taxi mais il y a de gros embouteillages...






Les poteaux sont occupés par les pélicans, la hiérarchie est respectée !  












On trinque avec vous, à notre première saison de navigation autour de l’Atlantique! 









Nous avons prévu de rentrer en France pendant la période des cyclones, de juin à novembre, en laissant Thira à l’abri, au Sud de Grenade.
En attendant, on trime du matin au soir : rinçage des voiles, lavage des bouts, vidange des moteurs, sans oublier le nettoyage du bateau sur trois étages...
On s’occupe aussi de prévoir quelques travaux et d’installer un déshumidificateur, indispensable pendant la saison des pluies ; difficulté supplémentaire, il marche sur le 110V ; il faut donc adapter une prise aux normes américaines et basculer notre chargeur de batteries sur le 110 ; le bouton n’apprécie guère le changement et casse...

Nigel nous emmène à l’aéroport de Port of Spain ; on retrouve l’équipage de Métis avec qui on fera une partie du voyage ; bon retour, via Sainte Lucie et Fort de France, 1°C seulement à Orly, cela contraste avec les 36° affichés hier dans le bateau !

jeudi 7 avril 2016

Du mercredi 30 mars au jeudi 31 mars 2016 : STORE BAY (ILE TOBAGO) – SCOTLAND BAY (ILE TRINIDAD) (62M)

Départ de bonne heure pour cette dernière journée de navigation ; temps peu nuageux, bon vent (grand largue, force 5 à 6, un ris, mer peu agitée) ; on avance bien, toujours avec du courant portant, parfois un peu de surf à plus de 10 nœuds.
Une myriade de poissons volants.
Beaucoup de trafic sur la côte Nord de Trinidad que l’on longe ; côte sauvage, couverte de végétation.
Dans le chenal entre Trinidad et Monos Island, on a un fort courant contraire, vent arrière puis de face et moteur ; il aurait été plus judicieux d’affaler la voile avant...
Mouillage dans Scotland Bay, très belle mais pas aussi sauvage qu’on l’aurait souhaité ; beaucoup de bateaux à moteur, jet skis, musique et eau un peu trouble...

Rafales de vent l’après-midi, mais nuit très calme.

dimanche 3 avril 2016

Du lundi 21 mars au mardi 29 mars 2016 : VISITE de TOBAGO et MAN OF WAR BAY - ENGLISHMAN’S BAY - MOUNT IRVINE BAY - BUCCOO REEF - STORE BAY (7M, 7M, 4M et 1M)

Trinidad et Tobago sont deux îles volcaniques situées au Sud de l’arc antillais, non loin du Venezuela.
Elles ont été occupées tour à tour par les Espagnols, les Français et surtout les Anglais, et sont devenues indépendantes dans les années soixante.
L’anglais est la langue officielle ; conduite à gauche, terrains de cricket et abords des routes bien tondus témoignent de ce passé récent. 
Ces îles ont longtemps vécu de la canne à sucre et du cacao, mais actuellement, elles vivent surtout du pétrole (un atout que n’ont pas les Antilles) et du tourisme.  
Ici, dans l’hémisphère Nord, c’est la saison sèche, de janvier à juin, l’inverse de la Guyane et de l’Amazonie.

Lundi
Pendant qu’on gonfle l’annexe pour descendre faire les formalités, on voit arriver en barque le douanier qui nous gronde parce qu’on n’est pas allés le voir hier... Il se radoucit quand je lui explique qu’on était fatigués et qu’on avait une voie d’eau ; néanmoins, il nous fait payer 50 US dollars, le tarif du week-end alors qu’on ne l’avait pas dérangé !

Douanes et immigration sont installés dans un nouveau bâtiment, à côté du Health Centre ; il y a là aussi, la pétulante Miss John qui, à défaut de voiture de location, nous vend un tour de l’île en taxi.



Charlotteville est un petit village de pêcheurs relativement animé ; quelques bistrots, un restaurant, une bibliothèque avec Wifi gratuit (peut-être celui qu’on arrive à capter du bateau), une petite boutique qui ne vend pas grand chose car pour avoir des tomates ou des fruits, il faut revenir vendredi...










La promenade vers Pirate’s bay est très jolie, 












avec une belle vue sur le mouillage de Man of War.









L’après-midi, on y va en annexe, deux grosses vagues à l’arrivée rendent le débarquement mouillé et mouvementé, ce n’était pas vraiment une bonne idée...  
      
Mardi 22 mars : Bon anniversaire Cécile ! 
Roger nous emmène faire le tour de Tobago avec son taxi : un relief accidenté avec de beaux paysages forestiers et marins.
Hormis les forts et canons qui témoignent du passé mouvementé, il n’y a pas d’anciennes pierres ; les maisons sont assez récentes, souvent peintes de couleurs vives et avec des toits en tôle ondulée.

La côte Nord-Ouest offre de nombreuses baies assez bien protégées du vent, on fait notre repérage pour les mouillages des prochains jours ; entre mars et juin, les tortues viennent y pondre leurs œufs.






Bloody bay, une très jolie baie avec de nombreux pêcheurs













et un petit crabe peu farouche ;













Englishman’s bay, assez isolée, une petite échoppe de plage.








La côte Sud-Est, exposée au vent est plus agitée :





Le Fort King George a été construit pour défendre Scarborough, à la fin du XVIII° siècle ;












au large de Speyside, Little Tobago, un paradis pour les oiseaux.









Tobago Forest Reserve
On traverse la réserve par une route forestière, mais il aurait été intéressant d’y randonner afin d’observer les oiseaux.

Mercredi
Visite de départ aux douanes et à l’immigration qui nous donnent chacun un document pour leur collègue de Scarborough, à l’autre bout de l’île. 
La commande du guindeau ne fonctionne plus qu’en descente, on l’intervertit pour remonter l’ancre ; navigation sous génois seul (force 5, mer peu agitée), le long de la côte ; on passe entre les Brothers rocks et les Sisters rocks, puis devant Bloody bay, un anse très jolie où les pêcheurs nous avaient paru très actifs.
Mouillage dans Englishman’s bay, boisée et très sauvage ; un peu de houle rentre quand même dans la baie et le vent ne sait pas bien de quel côté souffler.
Snorkelling : poissons trompettes, chirurgiens, poissons perroquets, poissons limes...

Jeudi et vendredi
Temps nuageux, un peu de pluie, on retourne voir les poissons mais les couleurs sont moins éclatantes.
Départ en début d’après-midi (vent arrière puis travers, force 3 à 5), pour quelques miles, on ne met que le génois.
Mouillage dans Mount Irvine Bay, l’endroit est moins joli mais la nuit est tranquille.
Le lendemain, Jacques bricole la commande du guindeau dans la baille à mouillage ; un fil dénudé et oxydé est sans doute responsable de la panne, maintenant cela devrait marcher.
Trop de houle pour laisser l’annexe et nager près de Rocky Point, petit tour à terre pour chercher un WiFi et acheter une pizza.

Samedi et dimanche de Pâques
Départ pour Buccoo Reef, récif corallien situé à la pointe Sud-Ouest de l’île, près de Pigeon Point ; le guindeau fait encore des siennes, donc copie à revoir...
Quelques miles au moteur pour contourner le récif et mouiller à son Ouest, à l’abri de la houle mais pas du vent (force 5) ; 






l’endroit est très joli, plage de sable blanc, palmiers, eaux turquoises, et la mer se brise sur le récif. 









Il est interdit d’y aller en annexe ; on ira avec un de ces bateaux à fond de verre que l’on voit passer. Un autre bateau au mouillage.







Le lendemain, on débarque à Pigeon Point, un décor de carte postale ;








on confie notre annexe à un loueur de jet skis – la honte ! – qui nous vend deux places pour le départ de 11 heures ; une petite heure de retard, musique criarde, dix minutes de snorkelling géniales 








et trente minutes de baignade à Nylon Pool sans aucun intérêt ; débarquement dans la nature et retour à pied par Store Bay... 











On a eu le temps de voir du corail et de nombreuses espèces de poissons tropicaux multicolores : poisson ange français bleu foncé avec des écailles jaunes, papillon  4 yeux avec un œil sur la queue , poissons perroquets royaux et tricolores, girelles à tête bleu fluo, Sergents Majors rayés et de nombreux autres non identifiés...
Nuit animée sur la plage.

Lundi et mardi de Pâques
Déménagement à Store Bay, à un petit mile de là ; panne de GPS, on se sert de celui de l’Ipad qui n’a pas de carte et on mouille à côté des autres bateaux, vedettes et quelques voiliers ; on espère ne pas avoir croché les câbles haute tension...
Après cette semaine de vacances, on commence le ménage, les rangements, les petits bricolages qui ne se voient pas mais qui prennent du temps...
Mardi, après le week-end, on part dans un espèce de taxi collectif, faire les formalités de sortie à Scarborough (immigration au premier étage du terminal des ferrys, douanes par derrière, en contournant le bâtiment par la gauche ; surtout, ne pas dire comme nous qu’on est arrivés la veille, car on vous répondra que les douanes sont ouvertes 24H sur 24).
Le mardi de Pâques, depuis 80 ans, des courses de chèvres ainsi qu’une course de crabes sont organisées à Buccoo : 








c’est la fête au village, les enfants déguisés défilent ; 
















avant la course, une concurrente bien entraînée,











à la différence des courses de chevaux, les jockeys courent derrière leur chèvre !









Retour en stop en trois étapes : un jeune excité à conduite sportive, un couple aisé qui nous réclame de l’argent et un couple sympa de Trinidad.

On a apprécié cette semaine reposante à Tobago, de l’eau claire où l’on peut se baigner, des beaux poissons et du soleil sans qu’il fasse trop chaud ; près des villes, un Wifi gratuit « bzone » accessible du bateau.
Un bémol, ce n’est vraiment pas le pays de la gastronomie ; le summum est le « roti », il s’agit d’une crêpe avec des légumes et éventuellement un peu de poulet ; on s’y est fait prendre une fois !

Du mercredi 16 mars au dimanche 20 mars 2016 : DEGRAD DE CANNES (CAYENNE, GUYANE FRANÇAISE) – MAN OF WAR BAY (CHARLOTTEVILLE, ILE TOBAGO, TRINIDAD ET TOBAGO)

On a finalement décidé de ne pas aller au Surinam, ancienne colonie hollandaise où il faudrait encore remonter une rivière boueuse sur de nombreux miles...

J1 : Mercredi 16 mars
L’alternateur a été récupéré, - sans frais de douanes puisque nous étions en transit - et remonté hier ; un grand merci à la postière qui a été très sympa, nous évitant ainsi de payer l’octroi de mer et d’attendre une heure à chaque passage. 
Formalités de sortie de France, douanières très gentilles qui sont contentes de voir du monde et de papoter !
De temps en temps, le groupe d’eau se met en route tout seul et on a pompé 20 litres d’eau dans les fonds ; l’eau arrive sous le socle de la cuisine, il faudrait la démonter pour trouver l’origine de la fuite... En attendant, on coupe l’arrivée d’eau froide vers l’évier.
Au revoir à Macajou, Charlène et Hélianthe que nous devrions retrouver bientôt à Tobago.
Dernière grande traversée de la saison ; sortie du chenal au moteur, puis vent tranquille (bon plein, petit 4, mer peu agitée) et soleil ; on s’éloignera de la côte avant de bifurquer vers Tobago, afin de passer à bonne distance du Guyana et du Venezuela, pas très bien famés. 
Premier puis deuxième ris avant la nuit (bon plein, force 5) ; belles couleurs au coucher du soleil.
A minuit, on abat pour faire route vers Tobago (grand largue, force 5, deux ris), on avance toujours bien avec l’aide du courant de Guyane. On croise plusieurs cargos.
Les poissons volants scintillent aux rayons du soleil matinal.

Bilan J1
Position : 06°57.8 N ; 53°49.4 W.
Route : 172M (7 nœuds de moyenne) ; il en reste 484 pour arriver à Tobago.
Moteur : 2H pour sortir du chenal.
Pêche : trois poissons volants !

J2 : Jeudi 17 mars
Beau temps, bon vent (grand largue, force 4, un ris), c’est vrai qu’on a un peu la flemme d’enlever ce ris qu’il faudrait bientôt remettre...

Toujours un peu d’eau dans les fonds, bien qu’on ferme le groupe d’eau après chaque utilisation... Dessalinisation qui marche assez bien.






En fin d’après-midi, visite de dauphins nonchalants qui nagent sans vraiment sauter.









Nous avons dépassé la Guyane et sommes à la hauteur du Surinam ; on croise une embarcation qui ressemble à un bateau de promenade, assez surprenant à 85 miles des côtes ; serait-ce un boat people ou simplement un pêcheur ?
A 10M devant nous, apparaît sur l’AIS un voilier autrichien de 16 mètres que l’on devrait rattraper cette nuit ; depuis notre départ de Corse, c’est le premier voilier qui fait route avec nous ! Fausse joie, il se dirige vers Trinidad et quand nous sommes à sa hauteur, il est toujours à 10 miles...
Comme toutes les nuits, le vent monte un peu, (grand largue, force 5 à 6), avec des mini-grains, on enroule la moitié du génois ; une forte dépression au Nord des Açores lève une houle qui rend la mer agitée... 

Bilan J2                                                    
Position : non relevée...
Route : 184M (moyenne de 7,6 nœuds), il reste 300M pour Tobago.
Moteur : pas de moteur
Pêche : rien malgré l’investissement dans de nouveaux leurres censés être irrésistibles !

J3 : Vendredi 18 mars
Soleil, quelques nuages et bon vent (grand largue, force 5 à 6) mais mer agitée avec houle de travers inconfortable ; chaleur, roulis et fatigue, le mal de mer n’est pas loin...







Un oiseau s’est installé sur la capote, tandis que l’hydrogénérateur charrie son paquet d’algues.








Dans l’après-midi, le vent baisse (force 4) et surtout la houle s’atténue ; on arrive à la hauteur du Guyana.
Il est impossible d’être à Tobago samedi en fin d’après-midi, on voudrait donc arriver dimanche matin ; il suffit de faire une moyenne de 7 nœuds, pas plus ; on prend un deuxième ris avant la nuit et on enroule du génois quand on marche à 8,5 ou 9 nœuds.  
Nuit reposante, le rythme est pris ; navigation tranquille avec nos deux ris (grand largue, force 4 à 6, mer peu agitée), un petit grain.
Après avoir tant souffert de la chaleur humide, on trouve la nuit presque fraîche.
On croise un cargo norvégien.   
          
Bilan J3
Position : 10°23.95 N ; 58°54.56 W.
Route : 180M, sans se presser, il reste 120M à parcourir avant Tobago.
Moteur : pas de moteur
Pêche : bredouille, les lignes se sont emmêlées...  

J4 : Samedi 19 mars
Bon anniversaire Jacques !
Crêpes bretonnes au beurre salé pour le petit-déjeuner ; le midi, salade aux magrets de canard séchés du Sud-Ouest, toasts au fromage de buffle de Marajo et ananas de Guyane.
Il fait beau, bon vent (grand largue, force 5, mer peu agitée), on avance vite, trop vite avec deux ris et un bout de génois ; il nous reste 120M à faire en 20 heures, on arrivera sans doute avant le lever du jour.  
Le courant nous pousse vers l’Ouest, ou plutôt vers le NO ou le SO en fonction vraisemblablement de la marée ; il faut régulièrement réajuster le cap.
Nuit claire, la lune grandit de jour en jour.
Au milieu de la nuit, on double la pointe NE de Tobago, le feu sur l’île principale est rouge, non pas blanc scintillant, et celui sur l’îlot St Gilles ne marche pas ; on repère parmi les lumières de Charlotteville le feu à secteurs qui permet d’entrer dans la baie Man of War.
C’est le moment que choisit le sondeur pour retomber en panne ; en attendant que le jour se lève, on décide de faire des ronds dans l’eau au moteur en évitant les casiers et les pêcheurs non éclairés...





Mouillage par 17 mètres de fond, à la hauteur du quai, entre les deux zones réservées à la pêche ; malgré tout, on est assez près des corps-morts...









L’endroit est très joli, boisé et sauvage ; nombreuses frégates qui tournoient en piaillant.
Trinidad et Tobago sont à UTC - 4, on a donc 5 heures de décalage avec la France mais on en aura 6 quand elle aura pris ses quartiers d’été.
Mortes eaux, donc peu de courant ; néanmoins, on change de sens à chaque renverse.
Nuages et pluie, mais soleil l’après-midi.
L’eau est plus claire, Jacques tente un bain rapide, ici aussi en compagnie d’un bébé requin qui broute notre coque ; a priori, rien dans l’hélice.
On assèche les fonds afin de trouver l’origine de la fuite d’eau douce : tout simplement une jonction robinet - tuyau mal serrée...  

Bilan J4
Position : 11°19.44 N ; 60°33.06 W.
Route : 120M en 17 heures en ayant sous toilé le bateau pour ne pas aller trop vite.
Moteur : 4H dans la baie
Pêche : toujours rien...

Bilan de cette dernière traversée
Enfin une navigation au sec, souvent ensoleillée, avec vent et courant portants ; sans la houle, elle aurait pu être très agréable !
Si nous y avions cru dès le départ, nous aurions pu facilement arriver hier soir et éviter ainsi cette quatrième nuit...

Du mardi 8 mars au mardi 15 mars 2016 : VISITE de la GUYANE

La marina est assez isolée, à environ 10km du centre de Cayenne, on s’occupe de louer une voiture (Cayenne Location, 25 euros par jour) et d’acheter une clé 3G mais la connexion internet est excessivement chère...
La priorité est de porter la facture de l’alternateur à la poste afin de le dédouaner (on doit normalement payer l’octroi de mer) ; on essaie aussi de le récupérer avant qu’il ne soit envoyé à Julie, à l’autre bout de la Guyane !  
Les routes ne sont pas très bonnes et les pompes à essence sont rares, on se fait piéger entre Cayenne et Saint Laurent car il n’y en a pas pendant 150km...

LE BAGNE
En 1850, Napoléon III décide de déporter en Guyane les condamnés aux travaux forcés afin « d’assainir » les prisons de Brest, Nantes et Toulon ; cette main-d’oeuvre bon marché devait servir à coloniser le territoire, mais plus tard, il s’agira d’évincer de métropole les criminels jugés irrécupérables.
On distingue :
-       les déportés : la déportation est la peine infligée aux affiliés aux sociétés secrètes et aux opposants politiques ; le capitaine Dreyfus est ainsi déporté à l’île du Diable ; 
-       les transportés : la transportation est une loi d’exécution des travaux forcés, sanctionnant les crimes et délits les plus graves jugés en cour d’assises ;
-       les relégués sont les délinquants récidivistes qui ont encouru plusieurs peines de prison en moins de dix ans ;
-       les libérés sont destinés à peupler et à développer la Guyane, et surtout à exiler hors de France, les criminels et délinquants qui ont été condamnés à huit ans ou plus de travaux forcés ; les autres sont contraints de demeurer dans la colonie, un temps équivalent à leur peine, c’est le doublage.
Entre 1852 et 1938, 54 000 transportés et 17 000 relégués arrivent en Guyane, la plupart périssent de maladies ; quelques-uns réussissent à s’évader par terre vers le Surinam ou par mer vers Trinidad ou Tobago.

Les plus favorisés sont les « garçons de famille » au service des surveillants de l’administration pénitentiaire, les artisans, les artistes, les porte-clefs souvent originaires d’Afrique du Nord ; l’enfer du bagne, ce sont les camps forestiers et le chantier de la route coloniale entre Cayenne et Saint Laurent.
Pour le meurtre d’un gardien ou une tentative d’évasion, le Tribunal maritime spécial peut prononcer la peine de mort ; les « bois de justice » sont alors dressés dans la cour.
Décrivant ces conditions inhumaines de détention, le journaliste Albert Londres va militer pour la fermeture du bagne ; en 1938, le député guyanais Gaston Monnerville met fin à la transportation.

Iles du Salut
Les îles du Salut, au large de Kourou, sont occupées dès 1852.


L’île Royale sert à l’administration et aux prisonniers de droit commun :







Maison du directeur, reconvertie en musée  













La chapelle, construite en blocs de latérite  











a été décorée par le bagnard et faussaire Francis Lagrange, dit Flag ; avec humour, il a prêté au pêcheur les traits de Seznec, autre bagnard célèbre.










L’hôpital militaire était réservé au personnel du bagne ; un bagnard mécanicien faisait office de gardien de phare.











Les surveillants vivaient ici avec leur famille, et leurs enfants bénéficiaient d’une petite école.












Les cellules disciplinaires étaient réservées aux récalcitrants et aux condamnés à mort ; il y avait des cachots sombres, sans lumière, et des cachots clairs avec une petite fenêtre. 














Un chemin fait le tour de l’île, à l’ombre des cocotiers ;









la piscine des bagnards était protégée de la houle et des requins par un mur de pierres, une rare occasion de se détendre et de se laver.

L’île du Diable est réservée aux prisonniers politiques :






le capitaine Dreyfus résida quatre ans dans cette maison, avec quelques gardiens qui avaient reçu l’ordre de ne pas lui parler ;














lettre de Dreyfus à sa femme.












L’île Saint Joseph abrite les cellules prévues pour les récalcitrants :



les « incorrigibles », condamnés à la peine de réclusion cellulaire, étaient enchaînés dans l’obscurité la plus totale et devaient garder le silence ; Paul Roussenq, l’un d’entre eux, y resta enfermé dix ans !












Près de la plage, couverte de débris de coquillages,












le cimetière des enfants des surveillants ;













pour les condamnés, mouillage et dépeçage.








Saint Laurent du Maroni
A Saint Laurent, sur le fleuve Maroni, débarquaient deux fois par an, tous les bagnards venant de métropole ; après une visite médicale, ils étaient répartis dans les différents camps de Guyane.







Camp de la Transportation :













cette maison a été réhabilitée pour les besoins du film sur Guillaume Seznec ;










dans les cellules disciplinaires, les condamnés dormaient sur une planche de bois, les deux chevilles emprisonnées par une boucle métallique. 








Le musée du camp de la transportation est fort intéressant, rendu très vivant grâce aux nombreux témoignages, aux photos et aux croquis de l’ancien bagnard Francis Lagrange :





corvées de tinettes,













une petite partie,














règlements de comptes qui se terminent souvent mal...










Dans la région du Maroni, beaucoup de villages amérindiens et noirs marrons, descendants d’esclaves qui se sont enfuis des plantations. 
Repas avec Julie, à la Goélette, un endroit charmant au bord du Maroni.

CAYENNE
Cayenne, la capitale, est située sur une île à l’embouchure du fleuve Cayenne ; selon la légende, le chef indien Cépérou lui donna le nom de son fils qui brava une rivière tumultueuse afin de rejoindre Belém, sa belle. 
Au XVII°, la compagnie du Cap du Nord s’installe sous le commandement de Poncet de Brétigny qui ordonne le massacre des Amérindiens, avant d’être lui-même assassiné, boucané et mangé !
Au XIX° siècle, de nombreux esclaves affranchis viennent s’y installer ; la ville s’enrichit lors de la découverte de gisements d’or et se couvre de belles maisons créoles. 







Cathédrale Saint Sauveur










Maison créole typique, à colombages ; les deux portes encadrées de fenêtres donnent sur la rue, et le toit en tôle déborde largement afin de protéger la maison du soleil et de la pluie ;











au-dessus des portes, les impostes, des aérations qui permettent une meilleure ventilation ; à l’étage, un balcon de bois












ou de fer forgé.










Le Couvent des Jésuites est devenu l’Hôtel du Gouverneur quand ceux-ci en ont été chassés ; les combles sont alors aménagés pour faire sécher les voiles et les cordages des vaisseaux du roi. 








Promenade vers la place des Amandiers en bord de mer et retour place des Palmistes.

MARAIS DE KAW

Village de Cacao
Ce village est peuplé de Hmongs, victimes de persécutions de la part du Pathet Lao, le régime communiste du Laos ; en 1977, la France leur attribue la terre de Cacao qu’ils vont cultiver, produisant les fruits et légumes de la région.





Le dimanche, sur le marché, les femmes vendent les broderies traditionnelles qui évoquent des scènes quotidiennes ou historiques.









L’association du Planeur bleu anime un musée sur les papillons et insectes de la région :





Morpho, beau papillon bleu qui peut atteindre 12 à 20 centimètres ; on en a souvent rencontré lors de nos promenades au bord de l’eau.








Le marais de Kaw
Les  marais de Kaw appartiennent à la réserve naturelle de Kaw Roura, située à l’Est de Cayenne ; les savanes inondables recouvrent différents biotopes très riches en espèces animales.





Nous y passons 24 heures avec hébergement sur le lodge flottant de Jal Voyages.










Olivier, notre guide, amérindien et petit-fils de chaman, connaît tout du marais ; il nous emmène en barque pour remonter la rivière Kaw jusqu’à la crique Wapou.







Au lever du soleil,













de beaux paysages;













la savane inondée est bordée de moucou moucou ;














dans la forêt, on trouve le moutouchi ou bois pagaie,














et le bois wapa qui sert à faire les poteaux ; ses fruits en demi-lune sont très décoratifs ;












les arbres servent de support à de nombreuses plantes épiphytes, orchidées et bromélias;











la fleur cacao rivière s’épanouit comme par magie, quand sa coque s’ouvre.









On voit de nombreux oiseaux :







le héron cocoï,













le lourd envol d’un canard musqué,












les nids en chaussette des caciques jaunes ou rouges, 










le jacana ou Jesus bird qui semble marcher sur l’eau, la grande aigrette blanche, la moucherolle à tête blanche qui construit des petits nids, l’oiseau alarme au ventre jaune, l’hoazim, un oiseau ruminant avec une houppe, le martin-pêcheur, l’ani de palétuviers aux ailes bleu métalliques, les urubus, ces charognards répugnants... 

Après le repas, on fait une sortie de nuit à la recherche des caïmans dont les yeux brillent à la lueur des lampes : 






soudain, Olivier nous attrape ce jeune caïman à lunettes ; 













adulte, il peut mesurer plus de 2 mètres.










Autour du lodge, un caïman noir est un habitué, il peut atteindre 6 mètres ; dans les herbes de la savane, un anaconda prêt à bondir, on ne s’attarde pas...
On entend les crapauds buffles coasser et au loin les singes hurleurs ; on voit quelques buffles venus de Marajo, par contre les loutres, tortues Mata mata et cabiais ne sont pas au rendez-vous...

En repartant, on visite la Maison de la réserve de Kaw :






vanneries amérindiennes, l’éventail sert à attiser le feu, la couleuvre peut être étirée et sert à extraire le jus toxique du manioc ;











reproduction de la roche gravée de la montagne Favard, motifs humains et serpents.









Au total, une très bonne expérience !

CENTRE SPATIAL GUYANAIS
On a la chance d’assister au lancement  Ariane VA 229 : le mercredi 9 mars à 2H20 du matin, Ariane 5 lance Eutelsat 65 West A ; ce satellite géostationnaire de télécommunications desservira essentiellement le Brésil et l’Amérique latine, notamment pour les retransmissions télévisées des J.O. de Rio en 2016. A 36 000 km de la terre, il l’accompagnera dans son mouvement en restant toujours au-dessus du même point de l’équateur.
0 seconde : allumage de l’étage principal, 





7 secondes : allumage des étages d’accélération à poudre et décollage (poster CNES, Arianespace),












au-dessus du ciel de Kourou ;










27 minutes : à 700 kilomètres d’altitude, au dessus de l’Afrique, Eutelsat se détache d’Ariane.
Mission réussie pour Ariane! Ce fut un moment émouvant, vécu en direct...
Visite du Musée de l’Espace intéressante ; le moteur d’Ariane 5 est un peu plus complexe que notre Volvo, mais il n’a pas d’alternateur !
On aurait aimé visiter le Centre Spatial Guyanais, on n’en a pas eu le temps...

Nous avons bien apprécié ce court séjour en Guyane ; cette région française à la mauvaise réputation, a de nombreux atouts et mérite d’être mise en valeur ; le chômage important et l’orpaillage illégal contribuent au sentiment d’insécurité qui est palpable dans la population des villes.
On en repart avec une bouteille de « La belle Cabresse ».