Odile et Jacques

Odile et Jacques
Odile et Jacques

dimanche 6 décembre 2015

Du vendredi 20 novembre au vendredi 4 décembre 2015 : BRAVA (CAP-VERT) – SALVADOR DE BAHIA (BRESIL) (environ 2 000M)

Au total 2 000 miles à parcourir, mais pas en ligne droite, ce qui serait trop facile ; tout d’abord, cap au SSW  pour éviter au maximum la ZIC mais sans aller trop à l’Ouest car il faut absolument passer à l’Est des Iles Saint Pierre et Saint Paul ; sinon, un courant nous amènerait vers le Nord du Brésil, nous empêchant d’aller à Salvador...
La ZIC ou Zone de Convergence Intertropicale, plus communément appelée « pot au noir », est l’endroit où se rencontrent les alizés de NE et ceux de SE ; zone plus ou moins large, avec une forte nébulosité, sans vent ou avec des grains sous orages qui peuvent être violents.
On part avec du carburant pour environ 3 jours ; pas de problème ni pour l’eau ni pour les provisions.
Quarts de trois heures, de jour comme de nuit.
Nous partons à 9H30 et ferons tous les jours le bilan à la même heure, puis à 8H30 à partir du décalage horaire afin de conserver des journées de 24 heures.

J1 : Vendredi 20 novembre
Départ après les derniers rangements, avec un bon vent (grand largue, force 5, mer peu agitée), mais très vite nous sommes déventés par Brava.






En guise d’« Au revoir », un troupeau de dauphins nous salue en faisant des sauts groupés, magnifique ! 








Un oiseau nous accompagne un moment.
On tire des bords de grand largue (force 3 puis 4, houle croisée désagréable), en se traînant... Essai de spi, le vent tombe, un peu de moteur pour sortir du cône de Fogo.
Fuite d’eau chaude au niveau du robinet, on coupe le groupe d’eau.
Le vent revient avant la nuit (travers, force 4), le moral aussi !
Bon vent toute la nuit (grand largue, force 5), on rattrape une partie de notre retard ; houle croisée désagréable, deux bonnes vagues nous arrosent... On se fait doubler par quelques cargos en route vers le Brésil.
Le barber hauler se prend dans l’hélice de l’hydrogénérateur et Jacques valdingue dans la cabine au moment du changement de quart...
Nuit étoilée, on repère très bien Orion.

Bilan J1 
Position : 12°47.32 N ; 25°10.11 W.
Route : 128M , ce qui est honorable compte tenu de l’absence de vent pendant quelques heures ; il reste 1 872M à parcourir... Le loch étant en panne, on se base sur le GPS.
Moteur : 1H30
Pêche, bredouille malgré les jolis calamars fabriqués avec des canettes de bière !
Repas : salade et fruits frais ou secs, le midi - ça c’est invariable -, omelette au jambon cru espagnol, pommes de terre et carottes à la crème, bananes vanille-rhum le soir.

J2 : Samedi 21 novembre       
L’hydrogénérateur est libéré et le tank d’eau chaude isolé, on n’aura plus d’eau chaude, mais au moins, on aura de l’eau ; réparation à prévoir à Salvador.
Jacques s’en sort avec une névralgie intercostale, donc rien de grave, il doit juste éviter de faire des efforts, ce qui n’est pas facile sur un bateau où il faut s’équilibrer sans cesse...
Bonne navigation (grand largue, force 5 devenant 4, houle mieux formée), on largue notre ris.








A l’heure de la sieste, les deux moulinets se dévident en même temps ; on remonte deux bonites jumelles, d’un bon kilo chacune, de quoi faire trois repas.










Vent arrière pendant la nuit (force 4 devenant 3), la vitesse faiblit ; temps doux mais humide, ciel étoilé.

Bilan J2 
Position : 1°03.10 N ; 25°58.45 W.
Route : 112M parcourus , il reste 1 760M avant Salvador.
Moteur : 0H
Pêche : prise de deux bonites.
Repas : bonite en carpaccio et en sushis, riz, fruits secs.

J3 : Dimanche 22 novembre
Bonne fête Cécile !
Petit temps prévu pour la journée ; quelques heures de moteur, le temps de remplacer la bouteille de gaz (ce qui nécessite de vider le coffre tribord), de décoincer le bout qui sert à relever l’hydrogénérateur et de remettre un élastique qui retient la grand-voile au mât.
On se met ensuite au vent arrière en tangonnant le génois (force 3 à 4, mer très peu agitée à peu agitée), on avance assez bien jusque 6 à 7 nœuds mais il se peut qu’un courant nous aide.
Le pain acheté à Praia moisit déjà, j’essaie de le recuire ; en même temps, je cuis la sangle qui s’est coincée dans la porte du four ; elle permettait de se retenir quand on fait la cuisine à la gîte...
On fait sécher vêtements et autres, Thira ressemble à un bateau de romano.
Des algues se prennent dans l’hélice de l’hydrogénérateur, il faut ralentir le bateau pour le remonter ; la tige qui le maintient abaissé dans l’eau est tordue, on en bricole une nouvelle.
Quand on repart, deux poissons ont mordu sur les lignes : une belle dorade coryphène qui réussit à s’échapper









et ce poisson un peu jaune, encore indéterminé.











Au total, une journée bien occupée par de petits riens...
Nuit tranquille et douce, lune derrière les nuages.

Bilan J3 
Position : 9°06.55 N ; 26°55.61 W.
Route : 129M parcourus, il en reste 1 631.
Moteur : 4H
Pêche : Un poisson d’un bon kilo ; un poisson volant et un calamar atterrissent sur le pont pendant la nuit.
Repas : bonite en papillotes, pommes de terre et courge à la créole, bananes (elles ont muri très vite et sont en promotion).

J4 : Lundi 23 novembre
Changement de fuseau horaire (tous les 15° de longitude), on passe à UTC -2, donc moins 3 heures avec la France, le quart de midi est rallongé d’une heure.
On fait passer le génois pour se mettre au travers et faire route vers le Sud (force 4 devenant 5, mer peu agitée), on avance bien et surtout, dans la bonne direction. Soleil un peu voilé.
L’Iridium s’éteint tout de suite, impossible d’envoyer de message, sans doute la batterie est-elle en cause ; c’est ennuyeux pour la météo mais surtout pour les messages à la famille ; espérons qu’au moins Dolink fonctionne et donne notre position ; en attendant, on prépare un message pour un éventuel cargo et on lance des appels à la VHF, via le canal 16.
Un papillon semble perdu si loin des côtes.
Activité pêche : beaucoup de temps pour préparer les hameçons, démêler les lignes et enlever les algues qui s’y accrochent ; on perd encore deux leurres, l’un par inadvertance, l’autre est arraché par une touche...
Nuit douce et étoilée, quelques nuages ; la lune nous accompagne.

Bilan J4
Position : 6°30.72 N ; 27°09.26 W.
Route :152M, il reste 1 479M, nous avons fait en 4 jours plus du quart de la route.
Moteur : 0H
Pêche : rien sauf un poisson volant.
Repas : Poisson sauce beurre blanc ,pommes de terre, poires au chocolat (elles aussi sont en promotion).

J5 : Mardi 24 novembre
La ZIC se situe entre le 7° et le 2° parallèle Nord ; pour l’instant il y a toujours du soleil et du vent (travers force 4 à 5, mer peu agitée), on marche très bien, peut-être aidés par un courant. Il fait très chaud et très humide ; l’eau est à 29°C.
On voit apparaître les premiers grains, bien visibles au radar ; il faut essayer de les éviter, soit en changeant de direction, soit en ralentissant le bateau pour le laisser passer ;









c’est alors qu’on pêche le petit frère du poisson jaune, 











mais malheureusement on perd le calamar sur une deuxième prise plus importante ; un quart d’heure après, on perd une troisième prise... Impossible de faire tranquillement une sieste !
La connexion par l’iridium n’est toujours pas possible malgré la mise en charge de la batterie pendant toute une nuit ; en croisant le tanker Eagle qui se dirige vers Las Palmas, Joël lui transmet par VHF un message à envoyer à Annie, arrivera-t’il ?
Vent d’Est (travers, force 5), Thira file à 7 nœuds ; on prend deux ris avant la nuit et on  veille au grain, mais on ne les évite pas tous...

Bilan J5
Position : 3°42.82 N ; 27°22.39 W.
Route : 166M, notre record à près de 7 nœuds de moyenne ; il reste 1 313M avant Salvador.
Moteur : 0H
Pêche : un poisson jaune
Repas : le poisson jaune, sauce beurre blanc, avec de la courge, compote

J6 : Mercredi 25 novembre
Début des alizés du Sud-Est (bon plein, deux ris et demi génois, force 5, mer peu agitée), c’est signe que la ZIC n’est pas importante, mais cela veut aussi dire que le bateau gîtera pendant quelques jours ; quelques grains, sans grande violence, rincent le bateau ;  le vent faiblit (force 4, devenant 3), on déroule le génois et on lâche un ris, puis le deuxième .
Le vent remonte l’après-midi (près, un ris, force 5), soleil, les grains semblent s’éloigner, on est peut-être déjà sortis de la ZIC ? L’inconvénient, c’est que le vent est davantage SSE que SE.
Chaleur moite difficile à supporter à l’intérieur du bateau, impossible d’ouvrir les hublots car le pont est régulièrement submergé ; cela n’incite pas à bricoler, repos aujourd’hui !
Pas vraiment, en fin d’après-midi, le pilote lâche à nouveau ; coup de blues... Cette fois, c’est la rotule en bout de vérin qui est sortie de son logement ; décidément, tout ce qui peut se dévisser sur cet ensemble se dévisse !
Réparation de fortune non satisfaisante. Avec un cordage qui retient la roue, on réussit à équilibrer le bateau au près en le sous toilant un peu ; pilote non consommateur d’énergie, c’est tout bénéfice !







Beau coucher de soleil









Nuit plus douce, au loin feu d’artifice dans le pot au noir que l’on a désormais quitté, on a eu beaucoup de chance !

Bilan J6
Position : 1°51.08 N ; 27°55.30 W.
Route : 117M, pas mal pour du près, d’autant plus qu’on s’est mis une heure à la cape pour bricoler le pilote ; il reste 1 196M avant Salvador.
Moteur : 0H
Pêche : rien.
Repas : omelette aux cèpes et pommes de terre, moelleux au chocolat.

J7 : Jeudi 26 novembre
Jacques et Joël  s’occupent de démonter le vérin du pilote et de remonter celui qu’on avait heureusement en secours à bord ; pendant ce temps, j’équilibre le bateau ; l’opération occupe une bonne matinée mais bravo, il fonctionne !
On croise deux cargos qui doivent, eux aussi, virer les îles.
L’iridium a fini son caprice et fonctionne à nouveau ; Joël joint Annie par téléphone, Eagle a bien transmis le message ; après plusieurs essais, on reçoit les mails de Cécile et Antoine qui nous font bien plaisir, ainsi qu’une météo.
En début de nuit, on passe à 75 miles à l’Est des îles Saint Pierre et Saint Paul, avec apparemment un peu de courant vers l’Ouest ; on prend un ris et on enroule un peu de génois (bon plein, force 4) pour parer à un éventuel grain et pour une nuit plus confortable. Pleine lune, une présence bienveillante lors des quarts en solitaire, même si elle empêche de voir les étoiles.





A 4H40, on franchit l’équateur !







Bilan J7 
Position : 0°22.57 S ; 28°22.12 W.
Route : 135M, il en reste 1 061 avant Salvador ; on vient de passer l’équateur et, en une semaine, on en est presque à la moitié de la route, c’était inespéré le premier jour !
Moteur : 0H
Pêche : rien, à part un poisson volant.
Repas : tartiflette au chèvre de Brava, desserts variés.

J8 : Vendredi 27 novembre
Au petit matin, un oiseau de mer essaie de se poser sur la filière et repart, assez impressionnant ! Plusieurs nous approcheront ainsi, ils semblent moins farouches que dans l’hémisphère Nord.
On croise un cargo qui ne fait fonctionner son AIS que par intermittence...
On avance assez bien (bon plein, un ris, force 4, mer peu agitée), mais en gîtant, ce qui complique tout, les déplacements, la cuisine et les toilettes...
Colmatage d’une petite fuite d’huile sur le vérin du pilote.
Il faudrait aussi nettoyer le loch mais pour cela arrêter le bateau ; on attendra donc un moment plus propice ou même l’arrivée à Salvador.
Commande de pain à Jacques pour ce soir ; comme de tradition, on fête le passage de l’équateur. Joël se met aux fourneaux et nous mitonne un bon repas ; champagne aidant  - merci à lui et à Annie - il refait le monde... On n’oublie pas de donner à Neptune sa part afin qu’il se montre clément avec nous.







A l’équateur !









Nuit éclairée ; à 450 miles des côtes brésiliennes, on commence à rencontrer des pêcheurs, il faut être vigilant ; un grain encore cette nuit.

Bilan J8
Position : 2°44.07 S ; 28°49.63 W.
Route : 145M , il en reste 916 avant Salvador ; une bonne journée à 6 nœuds de moyenne.
Moteur : 0H
Pêche : Rien
Repas : foie gras de canard, confit de canard et purée de patates douces, desserts à la carte (crème de marrons pour Jacques, compote pour Joël et moelleux au chocolat pour moi) , champagne.

J9 : Samedi 28 novembre
Un peu plus de vent, on réduit la toile pour ne pas trop gîter (bon plein, un ris et un bout de génois, force 5, mer peu agitée).
Depuis peu, il y a des particules noires dans l’eau dessalée ; le problème se situe en aval du dessalinisateur, au niveau de la tuyauterie qui mène au robinet d’eau de mer ; on récupère donc l’eau directement à la sortie, facile quand on gîte à tribord - comme actuellement -, impossible si on gîtait à babord...
Il y a toujours une petite fuite d’eau sous l’évier, probablement par le robinet d’eau douce ; par précaution, on coupe le groupe d’eau quand on ne s’en sert pas.
Nous passons à 175M de l’archipel Fernando de Noronha, à la pointe NE du Brésil.
Prise d’un deuxième ris avant la nuit (bon plein, 2 ris, force 5, mer peu agitée), mais le vent faiblit un peu, quelques nuages ; la lune et deux oiseaux accompagnent le bateau.
Au bout d’une semaine, tout le monde dort mieux, nuit et sieste quand le besoin s’en fait sentir ; Jacques et Joël dorment aussi pendant leurs quarts de nuit en faisant sonner leur réveil tous les 15 à 20 minutes, le temps de voir venir un cargo de visu, au radar et surtout à l’AIS.

Bilan J9                                                                                 
Position : 05°08.83 S ; 29°52.08 W
Route : 155M, encore une bonne journée de navigation à 6,5 noeuds de moyenne ; il reste 761M avant Salvador, peut-être un peu moins car on va prendre un raccourci !
Moteur : 0H
Pêche : rien, il semble qu’ayant perdu nos leurres, on en n’ait plus qui intéressent les poissons.
Repas : spaghetti aux berberechos (coques), desserts variés.

J10 : Dimanche 29 novembre   
Beau temps comme tous les matins, le vent a faibli, on enlève le deuxième puis le premier ris ; on abat de 20° pour faire route vers Salvador, le vent refuse mais le  bateau gîte quand même un peu moins (bon plein, force 4, mer peu agitée).
Visite de quelques dauphins.
Il reste un tiers de la route et on prévoit d’arriver à Salvador vendredi matin ; on ne manquera pas d’eau et désormais les douches sont autorisées tous les jours !
Deuxième fournée de pain mieux réussie que la première, de bonnes baguettes croustillantes.
On reprend un ris avant la nuit (travers, un ris et un bout de génois, force 4 à 5, mer peu agitée), on marche à 6-7 nœuds.       
Inquiétude sur le pilote qui chauffe et fait un peu de bruit, l’huile est trouble ; il disjoncte au moment du repas pour nous laisser manger tranquillement à la cape ; rien de grave, il repart ensuite, vraisemblablement une microcoupure électrique, il faudra nettoyer les cosses .
Nuit étoilée avant le lever de la lune, plus fraîche que d’habitude, on supporte sweat et bermuda ; une houle pas très confortable qui s’estompe ensuite.
On croise un pêcheur et un cargo chinois.

Bilan J10
Position : 07°07.78 S ; 31°40.13W.
Route : 161M, il resterait 600M pour Salvador ; en fait, il ne reste que 564M.
Moteur : 0H
Pêche : rien... sauf 6 petits poissons volants.
Repas : canapés de confit de tomates et tapenade, sauté de biche aux trompettes de la mort, polenta et desserts variés.

J11 : Lundi 30 novembre







Lever de soleil









On appelle un cargo sur VHF pour qu’il se déroute ; il se dirige vers le Cap de Bonne Espérance, sa destination finale étant Singapour.
Beau temps, bon vent, Thira ronronne à plus de 7 nœuds (travers, un ris dans la grand-voile mais génois déroulé, force 4, mer peu agitée). On prend un peu d’avance car le vent devrait manquer les derniers jours. On se trouve à la hauteur de Recife.
Une journée sans histoires, ou du moins sans nouveau problème !
Renseignements pris auprès du constructeur : le changement de couleur de l’huile du vérin du pilote est normal, par contre le débordement d’huile par le trop-plein est à surveiller.
On enlève un ris, mais on le reprend en début de nuit ; la manœuvre est désormais bien rodée.

Bilan J11
Position : 8°52.74 S ; 33°39.86 W.
Route : 159M, il en reste 405 pour arriver à Salvador.
Moteur : 0H
Pêche : toujours rien...
Repas : le midi, apéritif et tapas ; le soir, gâteau de foie sauce financière, crêpes.

J12 : Mardi 1er décembre
Ici, il fait toujours autour de 30°, un peu hors du temps ; aussi a-t’on du mal à imaginer qu’il neige en France et que Noël se prépare.
Un peu moins de vent, on enlève le ris (travers, petit 4, mer belle), 






puis on met le spi pour quelques heures,











tandis qu'un troupeau de dauphins brésiliens nous salue joyeusement avec quelques sauts en hauteur. 







Un requin passe derrière le bateau, sans faire de bruit ni de vagues, brrr...
Les oiseaux pêchent, on passe sur un banc de poissons ; deux belles touches simultanées puis une petite qui se détachent toutes les trois ; dans la bataille on perd une crevette...
Nouvelle fournée de baguettes, pas encore très levées mais on améliore la technique.
Le Brésil est un pays à l‘échelle d’un continent ; cela fait trois jours qu’on a l’impression d’être arrivés, mais il reste encore trois journées de navigation ; l’ambiance sur le bateau est plus décontractée : on potasse le Guide Vert Brésil et je commence « Rouge Brésil » de Jean-Christophe Rufin, que m’ont offert Antoine et Éliette ; en 1555, lors de l’expédition française du chevalier de Villegagnon vers le Brésil, deux ados sont envoyés comme interprètes auprès des tribus indiennes ; choc de deux cultures, l’européenne qui se veut libératrice mais se révèle meurtrière, et l’indienne parfois cruelle mais proche de la nature et du sacré...
Désormais, on suit la côte brésilienne à une cinquantaine de miles ; nombreux cargos qui descendent vers le Brésil ou montent vers les États-Unis, l’Europe et la Méditerranée.

Bilan J12
Position : 10°26.54 S ; 35°20.59 W.                  
Route : 135M, il reste 270M avant Salvador.
Moteur : 0H                                                                                                                    
Pêche : rien, mais plusieurs touches.
Repas : pavé de saumon grillé, riz, confit d’aubergines, crêpes orange rhum.

J13 : Mercredi 2 décembre
Peu de vent ce matin ; on réveille Jacques pour déjeuner, mais surtout pour mettre le spi (grand largue, force 3, mer peu agitée).
Un moulinet se déroule en cliquetant, une prise que Joël remonte ; pour que les fils ne s’emmêlent pas, Jacques remonte la deuxième ligne et attrape un autre poisson ; 









au total, deux petits thons jaunes d'environ deux kilos chacun !











On a de quoi manger jusqu’à notre arrivée, on remonte définitivement nos traînes.
Pendant l’opération poisson, j’ai appuyé par inadvertance sur le pilote, empannage sous spi, ré-empannage, heureusement sans dommage...
Pas très efficace, le spi, on n’avance pas beaucoup et surtout pas dans la bonne direction ; on met le moteur, ce qui ne nous est pas arrivé depuis les premiers jours.
Un énorme poisson type marlin bleu saute derrière le bateau, celui-là, il nous aurait tout arraché!
On remet les voiles en fin d’après-midi (travers, force 3, mer peu agitée) ; nuit tranquille hormis les cargos à surveiller. Des lueurs à terre, mais aussi une lueur en mer, on passe près d’une plate-forme pétrolière.
Le vent nous lâche à nouveau, moteur en milieu de nuit, la voile bat un peu.

Bilan J13
Position : 11°61.69 S ; 36°55.35 W.
Route : 128M, il reste 142M avant Salvador.
Moteur : 12H30
Pêche : deux petits thons.
Repas : Darnes de thon, courgettes à la Provençale, semoule, crème de marrons.

J14 : Jeudi 3 décembre
Panne de vent annoncée mais plus importante que prévu (force 1 à 2) ; moteur en attendant que le vent revienne, un peu de courant contraire.
Dessalinisation, dernière fournée de pain assez réussie, on commence à ranger le bateau ; on met aussi le champagne au frais en prévision de l’arrivée !
Le vent revient en cours d’après-midi (grand largue, force 4 à 5, mer peu agitée) ; on avance trop vite car on ne veut pas arriver à Salvador pendant la nuit ; on prend un ris puis on affale la voile pour ne naviguer qu’avec le génois, cherchez l’erreur ! 







Dernier coucher de soleil en mer.









La nuit est assez houleuse, on joue à la balançoire ; au loin, le halo lumineux de Salvador.
On croise beaucoup de cargos, il faut veiller.
Un oiseau tente de se poser sur la filière en croassant, un autre s’installe sur le bimini, pas très rassurant !

Bilan J14
Position : 12°58.75 S ; 38°31.18 W.
Route : 142M
Moteur : 9H
Pêche : les traînes ne sont pas mises à l’eau.
Repas : On se vote un apéro pour notre dernière soirée en mer ; thon en papillotes, quinoa, champignons à la crème, crème au chocolat.

J15 : Vendredi 4 décembre
Terre ! Au petit matin Salvador émerge de la brume et brille aux premiers rayons du soleil levant.
Moteur pour appuyer le génois et virer la balise qui garde les hauts-fonds de San Antonio.





A l’entrée de la Baie de Tous les Saints, les immeubles de Barra, quartier résidentiel de Salvador ; assez surprenant, surtout après un mois passé au Cap-Vert ! 







Amarrage à Salvador de Bahia, dans Bahia Marina ; bon accueil, en français, mais marina assez chère (40 euros par jour, 36 si on reste plus de dix jours, possibilité de faire laver son linge). Sur les pontons, on cherche en vain des bateaux visiteurs ; un bateau français arrivera deux jours après nous.
Changement d’heure, Salvador est à UTC -3H, on a désormais 4 heures de décalage avec la France.

Après l’amarrage, on occupe une demi-journée à faire les formalités à la Police Fédérale et à la Recette Fédérale ; malgré tout, on n’a pas eu le temps d’aller à la Capitainerie du Port, fermée l’après-midi ; les hommes doivent porter chemise et pantalon !
Un petit tour dans la ville haute, le temps d’en découvrir l’ambiance un jour de fête : c’est la Sainte Barbara, la patronne des esclaves ; une foule immense, vêtue de rouge et de blanc, danse la samba dans la rue, dans un bruit assourdissant ; après deux semaines à entendre le joli bruit du bateau qui fend l’eau, le contraste est saisissant !






Champagne pour fêter notre arrivée au Brésil, on a une pensée pour Pierre-Henri et Annick ! 








Bonne nuit réparatrice.

Bilan de la traversée :
Traversée en 14 jours, soit une moyenne d’environ 6 nœuds, on a seulement un peu manqué de vent au départ et surtout à l’arrivée ; grand largue avec les alizés de NE, bon plein puis travers avec les alizés de SE, deux brèves occasions de mettre le spi pas très concluantes. Pas  de difficultés de navigation, le vent est assez constant, force 4 à 5.
Pot au noir pratiquement inexistant, avec du vent et quelques petits grains sans orages ; il semble se reformer le lendemain de notre passage et Joël le compare à celui de la Mer Rouge !
Moteur : 5H30 en quittant le Cap-Vert et 22H en arrivant à Salvador.
Iridium : il n’a pas fonctionné pendant 48 heures ; la connexion appareil batterie fonctionne mal, il faut parfois gratter les plots avec un petit tournevis et les nettoyer à l’alcool.
Énergie : pas de souci avec les panneaux solaires ; l’hydrogénérateur a bien fonctionné mais a tendance à attirer les algues et à déjauger à la gîte, d’autant plus qu’il est décentré sur babord.
Pêche : deux bonites et deux poissons jaunes à chair blanche assez fine, pêchés les trois premiers jours ; ensuite, plus rien pendant une semaine, les bons leurres semblaient avoir été tous arrachés, peut-être ne nous restait-t-il que les mauvais qui ne prennent rien? Alors qu’on n’y croyait plus, on attrape simultanément deux petits thons jaunes, peu avant l’arrivée à Salvador. 
Problèmes techniques à résoudre:
-       Pilote changé en route, il fonctionne mais quelques inquiétudes encore sur une fuite d’huile ; il faudra reconditionner l’ancien pour qu’on puisse l’avoir en secours. Connexions électriques à vérifier.
-       Robinet d’eau douce à changer ; il faudra ensuite reconnecter l’eau chaude.
-       Loch et sondeur ne fonctionnent plus, y a-t-il une relation entre les deux ?
-       Génois : gousset à recoudre au niveau du point de tire du nerf de chute.
-       Hydrogénérateur : la tige métallique qui le maintient dans l’eau est tordue, il faut la remplacer.

Après sa chute, Jacques va mieux mais a toujours une petite douleur au niveau des côtes.
Ambiance sereine à bord, avec tous les trois le même objectif, celui de faire marcher le bateau, tout en tenant compte des autres ; au bout du compte, la satisfaction d’avoir réussi, d’avoir réalisé un rêve que l’on n’aurait pas imaginé possible il n’y a pas si longtemps... Merci à tous de l’avoir partagé avec nous et gros bisous à Corentin et à Manon qui nous ont suivis tous les soirs sur Dolink !
Maintenant, retour sur terre pour de nouvelles découvertes ! 

3 commentaires:

  1. Belle histoire de traversée. Belles pêches. Un nombre normal d'incidents: même pas de montée au mat. On vous souhaite de bien découvrir le Brésil.
    Annick/Pierre Henri

    RépondreSupprimer
  2. Bravo pour cette traversée avec du bon vent.Profitez bien de votre séjour au Bresil.
    Bernard et Myriam

    RépondreSupprimer
  3. Félicitations pour cette belle traversée et ce blog très agréable à lire ! nous vous souhaitons plein de belles découvertes terrestres et marines .
    Bernard et Geneviève

    RépondreSupprimer