LE BURREN ET LES ILES D’ARAN
Petite
halte dans une fumerie de saumon sauvage ; les saumons de l’Atlantique
remontent les rivières pour pondre leurs œufs, là où ils sont nés. On y achète
du saumon fumé très bon qui améliorera notre pique-nique.
Un
ferry nous fait traverser la Mouth of the Shannon et nous évite ainsi un long
détour.
Spanish Point
Cliffs of Moher
Ces
falaises se sont formées il y a environ 320 millions d’années, à l’embouchure
d’une grande rivière où la boue et le sable se sont déposés.
Sur 8 kilomètres, des falaises de grès et de schistes de 200 mètres de
haut, plongent dans la mer en à-pics vertigineux.
La
« Ledge Experience » du Visitor Center est un film d’animation qui
nous fait visiter falaises et espace sous-marin comme dans les yeux d’un
oiseau, très impressionnant !
Macareux, mouettes, fulmars, guillemots et faucons pèlerins nichent dans
les anfractuosités de la falaise ; en mer, vivent les phoques, dauphins,
requins et baleines.
Au loin, la Tour O’Brien, construite pour admirer le paysage
Great Raven, un éperon rocheux résultant de l’érosion marine
Les falaises vers Hag’s Head sont dans la brume
Gazon d’Espagne et Trèfle d’oiseau, en bord de falaise
Le Burren
Le
Burren est un immense plateau calcaire sculpté par l’érosion
Sur la route côtière, le sol est une terrasse de pierre striée de crevasses
avec des plages de galets,
côté terre, un plateau calcaire, la Slieve Elva surplombe
la route ;
les hommes tentent de domestiquer ce milieu hostile.
Le Géoparc
du Burren et des falaises de Moher sont inscrits au Patrimoine mondial de
l’UNESCO.
Halte
à Doolin, pour prendre un ferry vers les îles d’Aran ;
Aile River Hostel, notre auberge de jeunesse tenue par une française
ce petit village est réputé pour sa musique ; dîner dans un pub avec
un couple canadien.
Iles d’Aran
Dans
la baie de Galway, les îles d’Aran - Inishmore, Inishmann et Innisher -, sont
formées de plaques calcaires où aucun arbre ne pousse ;
elles offrent le même paysage caillouteux et désolé que dans le Burren.
Visite
guidée d’Inishmore, la plus grande (16km sur 6) en bus (Scenic Tour) avec Dara,
très intéressant ; il se trouve que nous sommes seuls !
Il y
a 3500 ans, Inishmore était habitée par la tribu des Fir Bolog, bien avant
l’arrivée des Celtes.
L’île
vivait de la pêche, de l’agriculture et de l’élevage des moutons.
Les paysans ont construit ici 6000 kilomètres de murets avec les pierres
qu’ils devaient retirer des champs avant de pouvoir les cultiver ; la
terre était ensuite enrichie de goémon.
La
pêche était abondante et les bateaux français venaient même se ravitailler.
Depuis
une trentaine d’années, le poisson s’est raréfié, beaucoup d’habitants sont
partis sur le continent en laissant les champs à l’abandon ; les moutons
ont disparu, il ne reste que 400 vaches pour 600 habitants.
L’île
survit grâce au tourisme et aux nombreux étrangers qui y achètent leur
résidence secondaire ; la pêche à la langouste est à nouveau florissante
depuis la réintroduction de femelles.
Les
îles d’Aran restent très attachées à leur culture et à la langue gaélique.
Dun
Aonghasa
Trois
forts protégeaient l’île, Dun Aonghasa est le plus grand ; construit en 1100
avant J.-C., il a été consolidé et a connu une grande activité à l’époque de l’âge
de bronze.
De
ce fort circulaire à trois enceintes, il ne reste qu’un demi-cercle en raison
de l’érosion et de l’effondrement de la falaise.
Dun Aonghasa se dessine dans ce paysage lunaire
où poussent quelques fleurs.
L’enceinte
extérieure était destinée au bétail.
Des chevaux de frise, un ensemble de pierres dressées difficile à franchir.
L’enceinte intermédiaire était fermée par une porte en bois ; à l’intérieur se situaient sept habitations destinées à l’élite.
L’enceinte intérieure, un mur de pierres sèches de 5 mètres d’épaisseur et
de 6 mètres de haut
Au centre et en bord de falaise, une plate-forme rocheuse servait aux cérémonies rituelles.
Falaise de 80 mètres de haut
Du fort, la vue embrasse toute l’île.
Seven
Churches (XV° siècle)
Le monastère a été fondé au V° siècle par St Enda ; les Seven Churches
sont les vestiges d’une communauté monastique qui ne comportait que deux
églises ;
ces croix commémorent les sept moines Romains qui ont voulu remplacer la
règle irlandaise et les rites anciens par la règle romaine.
La
pointe occidentale et le phare sur l’île Brannock :
La pointe, recouverte par la mer lors des tempêtes,
offre un paysage chaotique, de bout du monde.
Maison traditionnelle à toit de chaume ;
Le Man of Aran Cottage a été construit en 1932 par Robert Flaherty pour le tournage de son film « Man of Aran ».
Curragh, pirogue celtique dont l’ossature en bois était couverte d’une peau de vache trempée dans la poix puis d’une toile enduite de goudron ; elle était manœuvrée par trois hommes équipés de rames sans pales.
Une colonie de phoques s’installe ici tous les jours à marée basse ;
on en distingue quatre, trois qui se prélassent et un qui nage.
LE CONNEMARA
Sur la route, le Dunghaire Castle (XVI°
siècle)
Au
Nord de Galway, le Connemara est un pays de légendes.
Des
lacs, des montagnes arides et de la rocaille, un paysage austère chanté par Michel
Sardou et que nous interprète très justement Corentin :
« Terre
brûlée au vent
Des
landes de pierres
Autour
des lacs, c’est pour les vivants
Un
peu d’enfer, le Connemara
Des
nuages noirs qui viennent du Nord
Colorent
la terre, les lacs, les rivières :
C’est
le décor du Connemara »
Des algues orange tapissent les plages
Roundstone, un village de
pêcheurs
Bog Road traverse une
tourbière ;
la tourbe est découpée en briques, avant d’être séchée et de servir de
combustible.
Des murets de pierres sèches délimitent les pâturages
où paissent moutons et béliers.
Les lacs s'égrènent tout au long de la route.
Sky Road, belle vue sur
l’extrémité de la péninsule, un plateau en contrebas de la route, frangé de
falaises
Beaucoup
de légendes autour des créatures de l’océan ; les marins affirment avoir
vu les sirènes, assises sur les rochers en peignant leurs longs cheveux verts,
chanter jusqu’à les conduire à la mort...
Connemara National Park
Le
Parc National s’étend sur 2000 ha de collines, de tourbières, de landes, de
prairies et de bois.
Les
tourbières (bogs) sont formées d’une épaisse couche de matière spongieuse et
brune qui donne en séchant un combustible, la tourbe (turf ou peat).
Elle
provient de la décomposition de végétaux et de mousses accumulées pendant des
millénaires ; plus il pleut, plus l’acidité augmente et l’oxygène se
raréfie, ce qui empêche le développement des bactéries et freine la
décomposition ; c’est ainsi qu’ont pu être conservés presque intacts,
arbres, pirogue, cadavres...
La
plus profonde des tourbières du Connemara atteint 5 mètres.
Diamond Hill
Poney du Connemara
Landes
et bruyères que broutent les chèvres.
Vue sur Inishbofin Island
Une grande variété de paysages
Kylemore Abbey, château
néogothique transformé en abbaye par des Bénédictines belges
Inagh Valley, une route
magnifique serpente entre d'un côté
et le Lough Inagh
et de l’autre, les Maumturk Mountains, ces montagnes arides
d’où s’échappe un ruisseau.
Glendollach Laugh
Au coucher du soleil, Laugh Corrib, le plus grand des lacs du Connemara où on pêche la truite et le saumon.
Chaumière
Aughnanure Castle (début XVI° siècle)
Construit par les O’Flaherty sur une rivière, il était facilement accessible par le Laugh Corrib, à une époque où le transport terrestre était dangereux ;
le château se compose d’une tour carrée protégée par une fortification ;
tour de guet à dôme en encorbellement ;
en dépit du manque de confort, il s’y donnait des fêtes où on recevait des poètes et des musiciens ;
fenêtre de la salle de banquet décorée de grappes de raisins.
VALLÉE DE LA SHANNON
Clonmacnoise
Au
VI° siècle, après avoir étudié auprès de St Enda dans l’île d’Aran, St Ciaran
choisit ce lieu, au croisement de la
rivière Shannon et de la route Est – Ouest, pour fonder le monastère de
Clonmacnoise ; il en fit un établissement d’érudits qui rayonna pendant
plusieurs siècles malgré les assauts des Vikings et des Anglo-normands, avant
de décliner.
C’est
là que furent enterrés les rois de Connaught et de Tara.
Les
premiers édifices réalisés en bois n’ont pas résisté, les vestiges actuels
datent du X° au XVI° siècle.
Cathédrale et église Dowling
Le portail de la cathédrale est finement sculpté : St Dominique, St
Patrick et St François.
La petite église Ciaran où repose St Ciaran
L’église romane Finghin et sa tour
Tour ronde, un beffroi indépendant, typique des monastères irlandais
Le site domine la vallée de la Shannon
La croix des écritures, haute de quatre mètres, a été gravée dans un bloc
de grès : face Est, le Jugement dernier,
face Ouest, la Crucifixion.
Pierre tombale : « une prière pour Michael »
Cathédrale de Clonfert
L’ancienne abbatiale du monastère de St Brendan (VI° siècle) est devenue cathédrale au Moyen-âge.
Portail roman sculpté de figures géométriques, de visages et d’animaux
A l’intérieur, des anges et une sirène !
Blackwater bog
Les tourbières les plus élevées du monde sont exploitées industriellement pour fournir l’énergie aux centrales électriques ;
les briques de tourbe sont ensuite mises en tas manuellement afin d’être
séchées.
Les taureaux gardent la Clonfinlough stone.
VALLÉE DE LA BOYNE
Bru Na Boinne, le Palais de la Boyne
Au Nord de Dublin, dans les méandres de la Boyne, les populations agricoles
du néolithique ont construit de spectaculaires tombes mégalithiques à
Knowth, Newgrange et Dowth (3200 ans av. J.-C.).
Knowth
La base circulaire du grand tumulus, formée de 127 pierres massives,
est surmontée d’un grand tertre herbeux en forme de champignon ;
les pierres sont décorées de motifs géométriques,
A l’intérieur, deux tombes à couloir, diamétralement opposées :
les pierres sont décorées de motifs géométriques,
croissants et spirales.
A l’intérieur, deux tombes à couloir, diamétralement opposées :
le couloir Est (40 mètres) avec au bout la chambre funéraire
et l’entrée de la tombe Ouest.
Le site est entouré d’une douzaine de petits tertres qui servaient eux
aussi de sépultures.
Reconstitution d’un Timber Circle
Vallée de la Boyne
Vasque en grès destinée à recevoir les cendres du mort
Tête
de marteau en silex, finement travaillée ; elle a dû servir aux rites
funéraires.
Par la suite, Knowth devint un important centre politique, et au Moyen-âge un village s’installa au-dessus du tertre.
Newgrange est constitué d’un tumulus cerclé de dalles de parement et
entouré d’un grand cercle de menhirs ; il ne contient qu’une seule tombe à
couloir orientée à l’Est.
Sa façade, de quartz blanc et de granit, a été restaurée ; à l’entrée de la tombe, un impressionnant mégalithe magnifiquement gravé ;
le couloir mène à la chambre cruciforme dont le toit en encorbellement est surmonté d’une dalle à six mètres du sol ; les restes d’au moins cinq personnes ont été retrouvés.
Au
soleil levant du solstice d’hiver, un rayon pénètre dans une lucarne de la
niche du toit et illumine cette chambre intérieure ; ce phénomène, le plus
vieil alignement délibéré reconnu, a fait la renommée de Newgrange.
Dalle de parement finement sculptée de dessins géométriques
Stone Circle, le cercle de pierres semble avoir eu une fonction
astronomique.
Cette
civilisation est identique à celle qui existait dans le Golfe du Morbihan.
Bru
Na Boinne est un site exceptionnel, inscrit au Patrimoine mondial de
l’UNESCO ; visites bien organisées par des bus qui partent du centre des
visiteurs (en été et le week-end, il est préférable de réserver à l’avance).
Hill of Tara
Occupée
dès le néolithique, la colline de Tara connut son apogée au cours des premiers
siècles après J.-C., en tant que centre politique et religieux ; c’était le
lieu d’intronisation des Hauts rois celtes de Tara lors de cérémonies bien
codifiées et c’est là aussi qu’ils étaient enterrés.
Près
d’ici a été retrouvée la fameuse broche de Tara, exposée au musée archéologique
de Dublin.
Tara
occupe une place particulière dans le cœur des Irlandais qui ont forgé leur
identité autour de leurs racines celtes.
Vestiges de sépultures
Kells
St
Columcille, fuyant les Vikings, s’est réfugié à Kells avec le fameux
« Book of Kells », richement enluminé et exposé au Trinity College de
Dublin.
Croix de St Patrick et St Columcille ; bas-relief représentant Daniel dans la fosse aux lions et le sacrifice d’Abraham
Slane Abbey
La
veille de Pâques 433, St Patrick a allumé un grand feu sur la colline de Slane
alors que le roi de Laoghaire l’avait interdit ; subjugué par ses
pouvoirs, le roi le laissa tranquille et son serviteur devint le premier évèque
de Slane.
Slane Abbey
Monasterboice
A
l’emplacement d’un ancien monastère, une tour ronde et parmi les tombes, trois
belles croix celtiques dont les bas-reliefs représentent des scènes de la
Bible :
Muireadach’s Cross, crucifixion
West Cross
Trim Castle (XII°
au XVI° siècle)
Au bord de la Boyne, ce chateau fort a été construit par le Normand Hugh de
Lacy et a ensuite servi de place forte au roi Jean d’Angleterre.
Porte à barbacane
Le donjon en forme de croix a été surélevé au cours des siècles ; tout en haut, vue sur la rivière Boyne et le village de Trim.
Cette
ruine imposante a servi de décor au film Braveheart.
Bataille de la Boyne
En
1690, Guillaume d’Orange battit le catholique Jacques II Stuart, assurant la
mainmise des protestants en Irlande ; Jacques II, n’ayant pu récupérer le
trône d’Angleterre se réfugia en France.
Ce
rapide tour en république d’Irlande nous a enchantés, d’autant plus que nous
avons eu beau temps !
Visites
intéressantes, différentes de ce que nous connaissions (sites préhistoriques,
vestiges des monastères celtes, châteaux anglo-normands et demeures du XVIII°
siècle), et beauté et diversité des paysages (montagnes pelées, lande
caillouteuse, tourbières et végétation luxuriante).
Ce
qui frappe, c’est l’omniprésence de l’eau, mer, lacs et ruisseaux et la
multitude de prairies « vert irlandais » ; l’Irlande mérite bien
son surnom d’île d'Émeraude.
La
vie est assez chère, autant pour la restauration que pour l’hébergement (nous
n’avons jamais payé moins de 50 euros la nuit, même dans les
« Hostels », les Auberges de jeunesse ; par contre, nous avons
toujours bien mangé, le plus souvent dans un pub, une cuisine savoureuse et
bien présentée, à base de fruits de mer et d’agneau.
Les
Irlandais sont accueillants et les pubs à l’ambiance chaleureuse,
incontournables.
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