Odile et Jacques

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Odile et Jacques

samedi 26 mai 2018

L’IRLANDE, UN PEU D’HISTOIRE... (D’après le Guide Vert Irlande)


DE LA PRÉHISTOIRE AUX CELTES (8000 av. J.-C. au V° siècle ap. J.-C.)

Peuplement par des populations venues d’Ecosse puis vraisemblablement du Moyen-Orient.
A partir du V° siècle av. J.-C., arrivée des Celtes, peuple indo-européen ; la principale tribu est celle des Gaëls, dominée au Nord par les O’ Neil.
L’Irlande est divisée en quatre provinces : Connacht à l’Ouest, Ulster au Nord, Leinster à l’Est et Munster au Sud-Ouest.
Les nombreux petits royaumes ou Tuatha, passent leur temps à se faire la guerre ; les rois partagent le pouvoir avec les Brehons, sortes de druides.

L’IRLANDE MEDIEVALE (V° siècle au XV° siècle)
St Patrick évangélise les Celtes d’Irlande ; il convertit les rois irlandais en se servant du trèfle comme symbole de la Sainte-Trinité.
Le temps des monastères
Fondation de nombreux monastères, tels celui de Glendalough par St Kevin et celui de Kells (Book of Kells, un manuscrit enluminé).
Le christianisme primitif coexista longtemps avec les pratiques religieuses celtiques (lois Brehon).
Les envahisseurs Vikings
Les Vikings envahissent l’Irlande en utilisant les voies navigables et pillent les monastères ; ils fondent la plupart des villes côtières.
Le roi Brian Boru domine l’Irlande et défait les Vikings, ses anciens alliés (bataille de Clontarf), mais ne parvient pas à unifier l’Irlande.
L’arrivée des Anglo-Normands
Un roi irlandais déchu fait appel à Henri II Plantagenet, le roi normand d’Angleterre, pour le remettre sur le trône (les Normands régnaient sur l’Angleterre depuis son invasion par Guillaume le Conquérant) ; Richard de Clare ou Strongbow, envahit l’Irlande qui devient une possession anglo-normande.
Les Fitzgerald de Kildare règnent sur une grande partie de l’Irlande, jouissant d’une grande indépendance vis à vis de la Couronne britannique.

LES EFFETS DE LA REFORME (XVI° et XVII° siècles)
Un sursaut patriotique
Le roi Henri VIII arrive sur le trône d’Angleterre et se proclame roi d’Irlande ; ses filles, les reines Mary et Elizabeth répriment toute révolte et implantent des colons anglais dans le Munster.
En s’appuyant sur les Anglo-Normands restés catholiques, le comte Hugh O’Neil lève une armée pour combattre les Anglais ; il fait appel au roi catholique d’Espagne Philippe II qui débarque à Kinsale mais est mis en déroute par l’armée anglaise de Lord Mountjoy.
Les débuts de la « plantation »
Les contes irlandais quittent l’île et leurs terres en Ulster sont redistribuées à des protestants anglais et écossais qui fondent Londonderry et imposent leur mode de vie ; les autochtones nourrissent une haine vis à vis de l’occupant qui se sent en état de siège.
La Confédération des Kilkenny
Le roi Charles I° impose l’anglicanisme, ce qui provoque en Ulster la révolte des calvinistes et le soulèvement des catholiques qui commettent des massacres contre les occupants.
Irlandais et « vieux anglais » catholiques fondent la Confédération de Kilkenny vite balayée par Oliver Cromwell qui dépossède tous les propriétaires catholiques de leurs biens.
Jacques II contre Guillaume d’Orange
A la mort de Cromwell, commence une période de tolérance religieuse mais le roi Jacques II est évincé au profit de sa fille Mary, épouse du protestant Guillaume III d’Orange.
Jacques II s’enfuit en Irlande, lève une armée catholique mais ne parvient pas à prendre Londonderry ; Guillaume III le défait lors de la bataille de la Boyne, victoire encore fêtée par les Orangistes de l’Ulster.

LES PATRIOTES ENTRE EGLISE ET RÉPUBLIQUE (fin XII° - XVIII° siècles)
Les protestants promulguent les lois pénales contre les catholiques et contre les presbytériens protestants considérés comme hérétiques ; beaucoup de catholiques s’expatrient en France ou en Espagne, c’est « le Vol des Oies sauvages » ou « Wild Geese » ; l’Ascendancy, l’élite anglicane s’arroge tous les pouvoirs.
A la fin du XVIII°, le pays vit en paix et connait une période de prospérité économique sous les règnes des rois George ; Dublin s’urbanise (architecture géorgienne).
L’influence de la révolution française
Les presbytériens d’Ulster veulent s’affranchir des anglicans et fondent à Belfast la société des United Irishmen, premier mouvement patriotique ; son leader Theobald Wolfe Tone fait appel à la France mais le débarquement échoue ; les Irlandais Unis sont défaits à la bataille de Vinegar Hill.

LE NATIONALISME CATHOLIQUE (Première moitié du XIX° siècle)
L’Eglise catholique ne soutient pas l’émergence en Irlande d’un mouvement républicain.
De l’Acte d’Union à l’émancipation
Le parlement de Dublin composé de protestants se saborde en votant l’Union Act qui place l’Irlande sous la domination de l’Angleterre.
Les catholiques ne pouvant siéger au parlement de Westminster, Daniel O’Connel combat pour leur émancipation politique ; le pouvoir anglais est contraint de leur accorder mais exige qu’ils  continuent à payer la dîme à l’Eglise d’Irlande protestante ; les paysans catholiques se révoltent et commettent des violences (le Defenderism) ; la bourgeoisie éclairée catholique fonde le mouvement Jeune Irlande, marqué par les idées républicaines libérales.

DE LA FAMINE A LA RÉVOLTE (Seconde moitié du XIX° siècle)
La pomme de terre, aliment de base des Irlandais du Sud, est touchée par le mildiou, provoquant une terrible famine ; les protestants du Nord se nourrissant d’orge, sont moins concernés par ce fléau.
Le gouvernement donne du travail aux miséreux en leur faisant construire des murs servant de clôture aux pâturages, les « famine walls » ; de nombreux Irlandais émigrent en Amérique, l’Irlande perd le tiers de sa population.
Levée d’armes
Un Irlandais de New York fonde l’Irish Republican Brotherhood ; ses militants, surnommés les Fenians en mémoire des guerriers celtiques, sont influencés par les idées socialistes et partisans de la violence armée.
Au Nord, l’Ulster se trouve en pleine révolution industrielle, devenant l’une des provinces les plus riches du Royaume-Uni ; la prospérité de Belfast contraste avec la misère qui sévit à Dublin et dans le Sud.
Parnell et le Home Rule
L’idée du Home Rule, l’autonomie de l’Irlande à l’intérieur du Royaume-Uni, est reprise par Parnell, un protestant du Sud ; Londres promulgue le Land Act qui reconnait certains droits aux métayers et, fort de cette réussite, le Parti parlementaire irlandais de Parnell gagne les élections.
Le Premier ministre libéral anglais Gladstone propose d’accorder l’autonomie à l’Irlande mais ce projet est rejeté.
Dans le Nord, les protestants intégristes dénoncent le Home Rule et créent l’Irish Unionist Party, hostile à toute autonomie.

LA ROUTE VERS INDÉPENDANCE (Fin XIX° siècle – 1949)
Le renouveau gaélique
La Ligue gaélique est créée pour préserver la langue irlandaise traditionnelle et la Gaelic Athletic Association fait la promotion de sports celtiques, tels le hurling et le football gaélique.
Griffith, partisan d’une monarchie dualiste, crée le Sinn Féin ; il est sur le point d’aboutir quand les protestants du Nord déclenchent une insurrection.
Le Home Rule est finalement octroyé par Londres en 1914.
L’insurrection de 1916
Lors du déclenchement de la première guerre mondiale, les Irish Volunteers sont divisés sur l’aide à accorder au Royaume-Uni ; l’hécatombe des soldats irlandais à la bataille de la Somme, encourage certains nationalistes à préparer une insurrection ; avec l'aide de l’Allemagne et de l’Irish Citizen Army de James Connolly, les insurgés s’emparent de Dublin et proclament l’indépendance ; la répression anglaise est impitoyable.
L’IRA dans la tourmente
Au Sud, le Sinn Féin obtient une écrasante majorité, tandis qu’au Nord, les unionistes obtiennent une victoire équivalente.
L’Irish Republican Army (old IRA), avec à sa tête Michael Collins, se lance dans la lutte armée contre les milices unionistes des Black and Tans, pour deux ans d’une guerre atroce.
En 1921, est signé à Londres, le traité anglo-irlandais qui accorde l’indépendance à 26 comtés du Sud et l’autonomie à l’intérieur du Royaume-Uni aux 6 comtés protestants du Nord.
Cela ne satisfait pas le Sinn Féin et les violences entre les nationalistes extrémistes et les partisans du compromis sont impitoyables ; Collins est assassiné, Dublin est mis à feu et à sang.
Le Free State, l’Etat Libre irlandais doit se soumettre au Fianna Fail, le parti populiste et nationaliste d’Eamon De Valera, ultraconservateur.

VERS LA MODERNITÉ
En 1949, la république d’Irlande devient un état totalement indépendant et prend le nom d’Eire ; elle adopte le gaélique comme langue officielle avec l’anglais.
Une société à deux vitesses
Les protestants du Nord continuent à mener une politique discriminatoire à l’encontre des catholiques ; malgré l’octroi aux catholiques de l’égalité des droits civiques, l’Irlande du Nord connait une véritable guerre pendant 25 ans.
Profil bas à Dublin
Le Sud est partagé entre la sympathie pour la cause nationaliste défendue par l’IRA provisoire et la condamnation de la violence ; l’idée de la réunification passe au second plan.
Les accords de paix
Les accords de paix de 1998 ne sont pas respectés ; en 2007, de nouveaux accords sont signés, prévoyant le partage du pouvoir de l’Assemblée régionale d’Irlande du Nord.
Libéralisme effréné
La république d’Irlande entre dans la CEE ; l’ouverture des frontières s’est aussi traduite par une ouverture d’esprit, la religion catholique n’est plus une dimension irréductible de l’identité irlandaise.
Mary Robinson est élue à la tête du pays et le mouvement de libération s'accélère : dépénalisation de l’homosexualité, légalisation du divorce et libéralisation de l’avortement (référendum ce jour !).
En même temps, une politique économique dynamique et une fiscalité ingénieuse ont fait prospérer l’Irlande avec le plus fort taux de croissance européen ; la crise de 2008 a marqué la fin de cette période faste mais le retour à la croissance se confirme.

Le Brexit rétablira une frontière entre les deux Irlande, ce qui risque de ranimer les conflits...

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