DE LA PRÉHISTOIRE AUX CELTES (8000 av.
J.-C. au V° siècle ap. J.-C.)
Peuplement
par des populations venues d’Ecosse puis vraisemblablement du Moyen-Orient.
A
partir du V° siècle av. J.-C., arrivée des Celtes,
peuple indo-européen ; la principale tribu est celle des Gaëls, dominée au Nord par les O’ Neil.
L’Irlande
est divisée en quatre provinces : Connacht à l’Ouest, Ulster au Nord,
Leinster à l’Est et Munster au Sud-Ouest.
Les
nombreux petits royaumes ou Tuatha, passent leur temps à se faire la
guerre ; les rois partagent le pouvoir avec les Brehons, sortes de druides.
L’IRLANDE MEDIEVALE (V° siècle au XV°
siècle)
St
Patrick évangélise les Celtes d’Irlande ; il convertit les rois irlandais
en se servant du trèfle comme symbole de la Sainte-Trinité.
Le temps des monastères
Fondation
de nombreux monastères, tels celui de Glendalough par St Kevin et celui de
Kells (Book of Kells, un manuscrit enluminé).
Le
christianisme primitif coexista longtemps avec les pratiques religieuses
celtiques (lois Brehon).
Les envahisseurs Vikings
Les
Vikings envahissent l’Irlande en utilisant les voies navigables et pillent les
monastères ; ils fondent la plupart des villes côtières.
Le
roi Brian Boru domine l’Irlande et défait les Vikings, ses anciens
alliés (bataille de Clontarf), mais ne parvient pas à unifier l’Irlande.
L’arrivée des Anglo-Normands
Un
roi irlandais déchu fait appel à Henri II Plantagenet, le roi normand
d’Angleterre, pour le remettre sur le trône (les Normands régnaient sur
l’Angleterre depuis son invasion par Guillaume le Conquérant) ; Richard de
Clare ou Strongbow, envahit l’Irlande qui devient une possession
anglo-normande.
Les
Fitzgerald de Kildare règnent sur une grande partie de l’Irlande, jouissant
d’une grande indépendance vis à vis de la Couronne britannique.
LES EFFETS DE LA REFORME (XVI° et XVII°
siècles)
Un sursaut patriotique
Le
roi Henri VIII arrive sur le trône d’Angleterre et se proclame roi
d’Irlande ; ses filles, les reines Mary et Elizabeth répriment toute
révolte et implantent des colons anglais dans le Munster.
En
s’appuyant sur les Anglo-Normands restés catholiques, le comte Hugh O’Neil lève
une armée pour combattre les Anglais ; il fait appel au roi catholique
d’Espagne Philippe II qui débarque à Kinsale mais est mis en déroute par
l’armée anglaise de Lord Mountjoy.
Les débuts de la
« plantation »
Les
contes irlandais quittent l’île et leurs terres en Ulster sont redistribuées à
des protestants anglais et écossais qui fondent Londonderry et imposent leur
mode de vie ; les autochtones nourrissent une haine vis à vis de
l’occupant qui se sent en état de siège.
La Confédération des Kilkenny
Le
roi Charles I° impose l’anglicanisme, ce qui provoque en Ulster la révolte des
calvinistes et le soulèvement des catholiques qui commettent des massacres contre
les occupants.
Irlandais
et « vieux anglais » catholiques fondent la Confédération de Kilkenny
vite balayée par Oliver Cromwell qui dépossède tous les propriétaires
catholiques de leurs biens.
Jacques II contre Guillaume d’Orange
A la
mort de Cromwell, commence une période de tolérance religieuse mais le roi
Jacques II est évincé au profit de sa fille Mary, épouse du protestant
Guillaume III d’Orange.
Jacques
II s’enfuit en Irlande, lève une armée catholique mais ne parvient pas à
prendre Londonderry ; Guillaume III le défait lors de la bataille de la
Boyne, victoire encore fêtée par les Orangistes de l’Ulster.
LES PATRIOTES ENTRE EGLISE ET RÉPUBLIQUE (fin XII° - XVIII° siècles)
Les
protestants promulguent les lois pénales contre les catholiques et contre les
presbytériens protestants considérés comme hérétiques ; beaucoup de
catholiques s’expatrient en France ou en Espagne, c’est « le Vol des Oies
sauvages » ou « Wild Geese » ; l’Ascendancy, l’élite
anglicane s’arroge tous les pouvoirs.
A la
fin du XVIII°, le pays vit en paix et connait une période de prospérité
économique sous les règnes des rois George ; Dublin s’urbanise
(architecture géorgienne).
L’influence de la révolution française
Les
presbytériens d’Ulster veulent s’affranchir des anglicans et fondent à Belfast
la société des United Irishmen, premier mouvement patriotique ; son leader
Theobald Wolfe Tone fait appel à la France mais le débarquement échoue ;
les Irlandais Unis sont défaits à la bataille de Vinegar Hill.
LE NATIONALISME CATHOLIQUE (Première
moitié du XIX° siècle)
L’Eglise
catholique ne soutient pas l’émergence en Irlande d’un mouvement républicain.
De l’Acte d’Union à l’émancipation
Le
parlement de Dublin composé de protestants se saborde en votant l’Union Act qui
place l’Irlande sous la domination de l’Angleterre.
Les
catholiques ne pouvant siéger au parlement de Westminster, Daniel O’Connel
combat pour leur émancipation politique ; le pouvoir anglais est contraint
de leur accorder mais exige qu’ils
continuent à payer la dîme à l’Eglise d’Irlande protestante ; les
paysans catholiques se révoltent et commettent des violences (le
Defenderism) ; la bourgeoisie éclairée catholique fonde le mouvement Jeune
Irlande, marqué par les idées républicaines libérales.
DE LA FAMINE A LA RÉVOLTE (Seconde moitié
du XIX° siècle)
La
pomme de terre, aliment de base des Irlandais du Sud, est touchée par le
mildiou, provoquant une terrible famine ; les protestants du Nord se
nourrissant d’orge, sont moins concernés par ce fléau.
Le
gouvernement donne du travail aux miséreux en leur faisant construire des murs
servant de clôture aux pâturages, les « famine walls » ; de
nombreux Irlandais émigrent en Amérique, l’Irlande perd le tiers de sa
population.
Levée d’armes
Un
Irlandais de New York fonde l’Irish Republican Brotherhood ; ses
militants, surnommés les Fenians en mémoire des guerriers celtiques, sont
influencés par les idées socialistes et partisans de la violence armée.
Au
Nord, l’Ulster se trouve en pleine révolution industrielle, devenant l’une des
provinces les plus riches du Royaume-Uni ; la prospérité de Belfast
contraste avec la misère qui sévit à Dublin et dans le Sud.
Parnell et le Home Rule
L’idée
du Home Rule, l’autonomie de l’Irlande à l’intérieur du Royaume-Uni, est
reprise par Parnell, un protestant du Sud ; Londres promulgue le Land Act
qui reconnait certains droits aux métayers et, fort de cette réussite, le Parti
parlementaire irlandais de Parnell gagne les élections.
Le
Premier ministre libéral anglais Gladstone propose d’accorder l’autonomie à
l’Irlande mais ce projet est rejeté.
Dans
le Nord, les protestants intégristes dénoncent le Home Rule et créent l’Irish
Unionist Party, hostile à toute autonomie.
LA ROUTE VERS INDÉPENDANCE (Fin XIX°
siècle – 1949)
Le renouveau gaélique
La
Ligue gaélique est créée pour préserver la langue irlandaise traditionnelle et
la Gaelic Athletic Association fait la promotion de sports celtiques, tels le
hurling et le football gaélique.
Griffith,
partisan d’une monarchie dualiste, crée le Sinn Féin ; il est sur le point
d’aboutir quand les protestants du Nord déclenchent une insurrection.
Le
Home Rule est finalement octroyé par Londres en 1914.
L’insurrection de 1916
Lors
du déclenchement de la première guerre mondiale, les Irish Volunteers sont
divisés sur l’aide à accorder au Royaume-Uni ; l’hécatombe des soldats
irlandais à la bataille de la Somme, encourage certains nationalistes à préparer
une insurrection ; avec l'aide de l’Allemagne et de l’Irish Citizen Army de
James Connolly, les insurgés s’emparent de Dublin et proclament
l’indépendance ; la répression anglaise est impitoyable.
L’IRA dans la tourmente
Au
Sud, le Sinn Féin obtient une écrasante majorité, tandis qu’au Nord, les
unionistes obtiennent une victoire équivalente.
L’Irish
Republican Army (old IRA), avec à sa tête Michael Collins, se lance dans la
lutte armée contre les milices unionistes des Black and Tans, pour deux ans
d’une guerre atroce.
En
1921, est signé à Londres, le traité anglo-irlandais qui accorde l’indépendance
à 26 comtés du Sud et l’autonomie à l’intérieur du Royaume-Uni aux 6 comtés
protestants du Nord.
Cela
ne satisfait pas le Sinn Féin et les violences entre les nationalistes
extrémistes et les partisans du compromis sont impitoyables ; Collins est
assassiné, Dublin est mis à feu et à sang.
Le
Free State, l’Etat Libre irlandais doit se soumettre au Fianna Fail, le parti
populiste et nationaliste d’Eamon De Valera, ultraconservateur.
VERS LA MODERNITÉ
En
1949, la république d’Irlande devient un état totalement indépendant et prend
le nom d’Eire ; elle adopte le gaélique comme langue officielle avec l’anglais.
Une société à deux vitesses
Les
protestants du Nord continuent à mener une politique discriminatoire à l’encontre
des catholiques ; malgré l’octroi aux catholiques de l’égalité des droits
civiques, l’Irlande du Nord connait une véritable guerre pendant 25 ans.
Profil bas à Dublin
Le
Sud est partagé entre la sympathie pour la cause nationaliste défendue par l’IRA
provisoire et la condamnation de la violence ; l’idée de la réunification
passe au second plan.
Les accords de paix
Les
accords de paix de 1998 ne sont pas respectés ; en 2007, de nouveaux
accords sont signés, prévoyant le partage du pouvoir de l’Assemblée régionale d’Irlande
du Nord.
Libéralisme effréné
La
république d’Irlande entre dans la CEE ; l’ouverture des frontières s’est
aussi traduite par une ouverture d’esprit, la religion catholique n’est plus
une dimension irréductible de l’identité irlandaise.
Mary
Robinson est élue à la tête du pays et le mouvement de libération s'accélère :
dépénalisation de l’homosexualité, légalisation du divorce et libéralisation de
l’avortement (référendum ce jour !).
En
même temps, une politique économique dynamique et une fiscalité ingénieuse ont
fait prospérer l’Irlande avec le plus fort taux de croissance européen ;
la crise de 2008 a marqué la fin de cette période faste mais le retour à la
croissance se confirme.
Le
Brexit rétablira une frontière entre les deux Irlande, ce qui risque de
ranimer les conflits...
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