Marajo est une île fluviale aussi
grande que la Suisse, située entre les fleuves Amazone et Tocantins du
delta amazonien et l’Océan Atlantique. A l’Ouest, la forêt primaire, à l’Est,
des prés en grande partie inondés lors de la saison des pluies.
Les premiers habitants, les Marajoara,
vivaient dans des maisons collectives ; la civilisation disparaît vers
1300, nous laissant de nombreuses poteries, notamment des urnes funéraires décorées de motifs géométriques ou anthropomorphiques.
Marajo est peuplée de buffles d’eau qui
viendraient des Philippines et se seraient échappés d’un bateau en route vers
la Guyane ; il y a des buffles pour la viande - les filets sont extrêmement tendres - , ceux pour le lait - on en fait du bon fromage - , et d’autres plus
robustes qui servent d’animaux de trait.
Soure
Soure, la ville principale de
l’île de Marajo est bâtie en quadrillage
autour du petit port ;
les rues, parallèles au rio,
sont larges, plantées de manguiers,
les traverses, perpendiculaires, sont
plus étroites ; très peu sont goudronnées, quand il pleut - et il pleut tous
les jours -, on patauge...
Buffle attelé,
un autre attend son tour
devant le marché de viande !
La religion est très présente, les
nombreuses églises évangéliques font recette ;
devant l’église, une urne
funéraire amérindienne ;
cette maison promeut le pèlerinage du Cirio, la paix et affiche sa foi en
Jésus ;
chez Patu Anu, où l’on mange
de l’excellent filet de buffle, la Cène décore le restaurant !
Fazenda Bom Jesus
Les fazendas sont de grandes propriétés
terriennes qui vivent de l’élevage de buffles et de zébus, ces vaches à bosse.
Fazendeiro
Après un petit tour de buffle devant le
moulin qui sert à puiser l’eau,
on fait une grande promenade
à travers de beaux paysages plats et verts,
où paissent chevaux
et buffles.
Les buffles taillent les
arbres à leur hauteur
et nagent d’une rive à
l’autre,
comme ces cochons d’eau qui
s’enfuient à notre approche ;
les prés sont en partie
inondés et les sols gorgés d’eau, une grande sérénité se dégage de l’ensemble.
Notre guide nous montre aussi de
nombreux oiseaux : un
aigle pêcheur, des
perroquets qui s’envolent toujours en couple, des japins qui volettent de branche
en branche,
un tésouré, oiseau à longue
queue,
des guaras ou ibis rouge,
emblématiques de la région.
Après la promenade, petit
repas de spécialités locales à la fazenda : fromage de buffle, gâteau de tapioca,
jus acérola
Praia Barra Velha
On emprunte une passerelle
en bois à travers la mangrove
pour arriver à la Praia
Barra Velha sur le rio Para, une très belle plage de sable blanc bordée
de paillotes.
Le retour se fait par la plage, la
promenade est très belle, je ramasse des rejetons de manguiers pour les
replanter ;
le rio amène aussi de la
vase noire et gluante et petit
à petit gagne sur la mangrove ;
il faut vite enjamber de
nombreux troncs d’arbres avant la marée haute,
pour arriver bientôt à une
langue de sable où pêchent les aigrettes ;
le moteur de la barque ne
démarre pas, on a les pieds dans l’eau quand Harold arrive enfin avec un autre
moteur datant de Mathusalem !
Remontée d’un igarapé,
les pêcheurs relèvent leurs
pièges à crevettes ;
au milieu de la verdure luxuriante, on
voit des fleurs rouges et des clochettes blanches ; de très beaux papillons
bleus, les morphos, butinent et des petits poissons nagent les deux yeux à
la surface, comme des bébés crocodiles !
Au retour, la maison du pêcheur ;
son fils, jeune monteur de
buffle.
Un boto, dauphin d’eau douce plonge
devant nous.
Formalités de sortie à Belém
Patrick et Monique nous gardent Thira
pendant que nous prenons l’expresso Tapajos pour Belém ; on passe deux
nuits au Massilia, tenu par Frank, un marseillais : cuisine française où
l’on sert des escargots, des cuisses de grenouille, de la bouillabaisse et de
la tartiflette ! Jacques craque pour le steak tartare haché à la main.
Une journée, c’est le minimum pour
faire les formalités de sortie du Brésil, pour nous et pour Thira : jeu de
piste pour trouver la police fédérale (porte 17) et la recette fédérale (porte
10), cela parait simple mais on y passe la journée : impossible d’y accéder
de l’intérieur du terminal, il faut faire un long détour par l’extérieur et
revenir, mais le policier est en « opération », on doit y retourner l’après-midi...
Retour à Soure
Pendant que Manoel le torneador nous
façonne trois tiges métalliques pour maintenir l’hydrogénérateur dans l’eau,
nous faisons quelques dernières courses afin d’épuiser nos réals : filet
et fromage de buffle, spécialités de Marajo.
C’est l’heure pour Monique et Patrick
de rentrer en France ; merci à vous deux pour les bons moments passés
ensemble à notre bord et pour votre soutien moral pendant notre traversée du Nordeste ;
Patrick est un « antiprocrastinateur », tout problème qui lui est soumis est
résolu à l’instant !
Sympathique soirée à bord d’Orionde
arrivé aujourd’hui à Soure ; on a l’impression de connaître Yves et
Christine depuis longtemps !
Soure a été une étape agréable,
facilitée par la présence d’une communauté française implantée ici depuis de
longues années ; les deux agréables promenades sur Marajo ont été organisées
par Thierry de la pousada O Canto do Francès.
Nous quittons ainsi le Brésil
qui nous a accueilli trois mois, le temps de découvrir cet immense pays ;
nos préférences vont à Ouro Preto du Minas Gerais, aux chutes d’Igaçu, ainsi qu’aux
îles de Fernando de Noronha et de Marajo.
La navigation le long du Nordeste
brésilien n’est pas des plus passionnantes : il n’y a pas de marina et les
mouillages dans les rios limoneux ne permettent pas la baignade ; quand
l’eau est claire, il y a des requins...
Nous avons aussi souffert de cette
chaleur humide, où la simple idée de faire quelque chose est fatigante ;
les vaigrages et entourages de hublots ont moisi en une semaine de navigation sous grains.
Les Brésiliens sont en général très
serviables et soucieux de notre sécurité, nous mettant en garde contre les
indélicats.
Il reste encore beaucoup à faire pour
développer le pays où les inégalités sont criantes ; le pouvoir est à la
merci des grandes fortunes et la période d’instabilité que traverse le Brésil n’arrangera
pas les choses...
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