Vendredi
Un vent
assez fort d’Ouest est encore prévu dans la journée ; on décide de partir
au lever du soleil et de ne mettre que le génois quand il pourra nous porter.
Petit courant favorable et petite houle, le café se renverse...
On
passe entre deux plates-formes d’extraction de gaz naturel, raffinerie sur la
côte à Gela.
En fin
de matinée, le génois suffit pour avancer (vent arrière, force 4 devenant 5
avec rafales à 6, mer agitée).
Patrick
et Jacques se relaient à la barre ; pointe à 9,7 nœuds en surfant sur une
vague, sous génois seul. Les goélands jouent avec le bateau.
Patrick à la barre
Grain à
terre, un autre devant nous qui semble s’évacuer vers le Sud.
Empannage
et remontée vers la pointe Sud-Est de la Sicile, on n’échappe pas au grain,
grosse pluie orageuse, on ralentit en enroulant du génois et on se calfeutre
tous dans le bateau. L’orage s’éloigne, mouillage sous le soleil au Nord du Cap Passero.
Samedi
La nuit
a été un peu houleuse, on dort par intermittence ; Cynthia est malade.
Soleil
et bon petit vent ce matin (travers, force 3 à 4, mer peu agitée), on a gardé
le ris pour une navigation tranquille. Le vent tombe, moteur jusque Syracuse.
Fortifications de l’île d’Ortigia
Plein
de fuel et amarrage dans le Yacht Club Lakkia de Syracuse, au Nord d’Ortygie (bon accueil, pendille double trop
courte, 70 euros) ; on se hâle sur le bateau voisin.
Le
soir, on retrouve Jean-Michel et Catherine avec qui on va passer quelques jours
à terre pour visiter le « triangle baroque » (UNESCO).
SYRACUSE
Colonisée
par les Grecs au VIIIe siècle av. J.-C., Syracuse tombe aux mains de
dictateurs, les tyrans : Gélon, tyran de Gela, puis son frère
Hiéron ; après une période de démocratie, Denys l’Ancien monte sur le
trône ; il se méfie des complots et fait suspendre au-dessus de la tête de
Damoclès, un courtisan envieux, une épée retenue par un crin de cheval...
Cette
période correspond à l’apogée de Syracuse et à la lutte contre Carthage.
La
ville tombe ensuite aux mains des Romains.
L’île d’Ortigia, reliée à la ville
par deux ponts, représente le noyau
historique de Syracuse.
La magnifique
Piazza del Duomo est l’endroit où naturellement tout le monde converge :
elle est bordée par la cathédrale et l’église Santa Lucia – reconstruite quand Ste Lucie sauva Syracuse de la famine –,
ainsi que par des palais baroques disposés en arc de cercle.
La cathédrale résume à elle seule l’histoire de Syracuse : le temple grec dédié à Athéna fut construit par Gélon après sa victoire sur les Carthaginois ; il a été transformé en église par les Byzantins, puis en mosquée par les Arabes ; à nouveau église sous les Normands, sa façade sobre s’effondre lors d’un séisme ; elle est reconstruite au XVIIIe siècle dans le style baroque ;
les
murs ont été élevés entre les colonnes doriques ;
Notre-Dame
de la Neige (Antonello Gagini).
Palazzo Beneventano del Bosco
Fonte Aretusa : le dieu-fleuve grec Alphée tomba amoureux de la nymphe Aréthuse qui se transforma en ruisseau et réapparut à Syracuse sous forme d’une source ; Alphée la suivit en Sicile où il unit ses eaux à celles de la nymphe.
Jolie
promenade sur le lungomare
A la pointe d’Ortygie, le Castello Maniace a été construit au XIIIe siècle par Frédéric II Hohenstaufen ;
la porte de la citadelle
mène à la
salle hypostyle, belle salle voutée qui vient d’être restaurée ;
cette
caserne militaire abrite désormais le phare ;
la canonnière Vignazza servait à défendre la ville.
Chiesa San Martino, portail gothique catalan (XIIe siècle)
Sur la Piazza Archimede – Archimède est né à Syracuse –, jolie fontaine d’Artémise, déesse de la chasse ;
une
sirène chevauche un triton.
La place est bordée par le Palazzo Lanza (XVe siècle)
et le palais voisin dont on admire les belles fenêtres géminées.
Cour intérieure du Palazzo Romeo Bufardeci
Corniche à figures humaines du Palazzo Impellizzeri (XIIIe et XIXe siècles)
A Syracuse, le style moyenâgeux épuré
côtoie le baroque.
Collegio dei Gesuiti (XVIIe siècle)
Jolie boutique
Véhicule peint, version moderne des charrettes siciliennes
Marché aux poissons : l’espadon est pêché dans le détroit de Messine.
Il y a
une quinzaine d’années, nous avions trouvé le vieux Syracuse à l’abandon ;
depuis, de gros efforts ont été entrepris.
Néapolis, le site archéologique (UNESCO)
A son
apogée, au Ve - IVe siècle av. J.-C., Néapolis était
l’une des plus grandes villes de Méditerranée et comptait 300 000
habitants.
Les
latomies sont d’anciennes carrières de pierre, d’où provenaient les blocs de
calcaire utilisés pour la construction des édifices publics et des demeures
patriciennes.
La latomie du Paradis a aussi servi de prison à l’époque grecque ; elle a ensuite été transformée en jardin.
Un très
beau musée mais par manque de temps, on se limite aux périodes grecque et
romaine.
La
colonisation grecque en Sicile (VIe siècle av. J.-C.) :
Décor
d’un œnochoé, pichet à vin
Statuette d’une peplophoros – femme portant le peplum – qui tient une cruche (copie romaine d’un original grec).
Buste en terre cuite d’un personnage lié au culte de Demeter et Kore
Petit
cheval de bronze retrouvé dans la tombe d’un enfant
Œnochoé protocorinthien
Char en argile
Tête de korè ornée d’un diadème
Kylix, coupe utilisée pour déguster le vin
Askos,
petit vase à versoir latéral utilisé pour l’eau, l’huile et le vin
Miroir
supporté par Potnia, Maîtresse des animaux, flanquée de griffons
Gorgone qui court en tenant dans la main droite Pégase, le cheval ailé né de son sang ; ce bas-relief en terre cuite provient du temple d’Athéna sur la Piazza Duomo ;
la corniche du temple était ornée de gargouilles en têtes de lion.
Colonies
secondaires et sites hellénisés :
Cavalier sur son cheval, probablement l’acrotère du temple de Kamarina, colonie fondée par Syracuse
Applique de bronze sous forme d’un personnage féminin
Statuette grotesque inspirée d’une pièce satyrique
Ephèbe de bronze de Mendolito, attribué au sculpteur Pythagore
Grand
buste d’une divinité féminine avec une couronne (Agrigente)
Statuettes en bois portant des ailes, rare exemple d’art votif
Syracuse
à l’époque de sa splendeur, périodes hellénistique et romaine (IVe
siècle av. J.-C. – Ier siècle après J.-C.) :
Statuette en marbre d’Hercule
Hygieia, déesse de la santé que l’on reconnaît au serpent enroulé autour de son bras
Venere Landolina, une Vénus pudique, copie romaine d’un original de Praxitèle ; on admire le drapé de son vêtement en forme de coquillage.
NOTO
Noto,
entièrement reconstruite après le tremblement de terre de 1693, illustre
parfaitement le baroque sicilien. Cet ensemble urbain exceptionnel est l’œuvre de l’architecte Rosario Gagliardi. Il a été conçu comme un décor de scène à
trois étages : en haut, la noblesse, au centre, le clergé et en bas, les
classes populaires.
Palazzo Castelluccio, récemment restauré avec mobilier d’époque
Chiesa San Domenico à la façade convexe, décorée de colonnes doriques et ioniques ; le portail est couronné d’un fronton rompu.
Chiesa di Montevergine à la façade concave
La Via Nicolaci est tapissée de tableaux de fleurs lors de l’infiorata du mois de mai.
Palazzo Nicolaci di Villadorata dont les balcons ventrus s’appuient sur des angelots, des chevaux, des lions et ici, sur des sirènes ailées !
Fenêtre
du Palazzo Modica di San Giovanni, décorée d’un tympan
Trois volées de marches mènent à la Cattedrale di San Nicolo, récemment reconstruite après l’effondrement de la coupole et de la nef centrale :
les statues des quatre évangélistes ornent la façade, Saint Matthieu ;
portail en bronze sculpté ;
le décor intérieur est contemporain ;
fonts baptismaux en marbre polychrome.
Face à la cathédrale, le Palazzo Ducezio accueille la mairie ; la salle des miroirs a été décorée pour la maison de Savoie.
L’escalier monumental de San Francisco d’Assisi
« Noto et le cinéma » était le thème de l’infiorata 2023.
VILLA ROMANA DEL TELLARO
Une
pause au milieu de notre circuit baroque dans cette villa romaine du IVe
siècle, beaucoup plus petite que celle de Casale mais dont les mosaïques sont
d’une très grande finesse.
Remise de la rançon pour la restitution du corps d’Hector (Les Phrygiens d’Eschyle, inspiré de l’Iliade)
Danse d’un satyre avec une prêtresse
Un tigre bondissant
Une grande mosaïque représente des scènes de chasse en Afrique pleines de mouvement : un lion rugissant ;
les chevaux sont attachés aux arbres pendant le banquet final.
Mosaïque du portique, motifs géométriques avec des feuilles de laurier.
MODICA
Modica
fut détruite par le séisme du Val de Noto, mais aussi par une inondation en
1902. Par deux fois reconstruite, la ville s’étage sur un canyon karstique.
A mi-hauteur, un immense escalier mène au Duomo San Giorgio dont le clocher est central ;
l’intérieur est blanc, bleu et or.
L’Assomption de Paladini, disciple du Caravage
Vue sur la ville basse
Bougainvilliers
RAGUSE
Raguse
fut également détruite lors du tremblement de terre.
Sur une butte, Ragusa Ibla où résidait l’aristocratie et le clergé ; palais et églises ont été restaurés dans le style baroque mais la ville a conservé son caractère médiéval.
Santa Maria dell’Itria, le clocher est décoré de panneaux floraux en céramique.
Le
Palazzo La Rocca, palais baroque d’origine médiévale,
possède six balcons ornés de personnages,
mère et
son enfant,
joueur de flûte,
couple
enlacé, entouré d’enfants qui se caressent ;
décor intérieur.
La Via Capitano Bocchieri mène à la cathédrale.
Duomo di San Giorgio, au sommet d’un escalier monumental : trois ordres de colonnes, ailes surmontées de volutes
et tentures rouges qui achèvent de lui donner un air théâtral.
Chiesa di San Guiseppe appartient à un monastère de Bénédictines.
Cinabro Carrettieri, atelier familial de peinture de charrettes siciliennes encore en activité ;
un bric-à-brac fait office de petit musée.
Le Giardino Ibleo domine la vallée et abrite trois églises :
clocher
à tuiles vernissées de San Vincenzo Ferreri ;
la chiesa di Sant’ Agata ai Cappuccini renferme un triptyque de l’Assomption de la Vierge (Pietro Novelli).
Dans ce circuit baroque, nos préférences sont allées à Syracuse et à Noto.
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