Au cœur de la Méditerranée, la Sicile a été soumise à une succession d’influences
au gré des peuples qui l’ont occupée : Grecs, Romains, Byzantins, Arabes,
Normands, Souabes, Angevins et Espagnols.
Dans
l’Antiquité, elle était une escale sur la route des navigateurs venant de
l’Est.
La Sicile préhellénique
Populations
indigènes, Sicules venant d’Italie et Sicanes, d’Espagne.
Mycéniens,
Elymes et Phéniciens de Carthage.
Sikelia : la Sicile grecque
Au VIIIe
siècle av. J.-C. : fondation de Naxos près de Taormine, puis de Syracuse,
Catane, Zancle – l’actuelle Messine – et Gela qui fondera Agrigente.
Le
« tyran » Gélon s’empare de Syracuse et bat les Carthaginois à
Hymera ; son frère bat ensuite les Etrusques à la bataille navale de
Cumes.
Après
une période de troubles, le général Denys 1er l’Ancien prend le
pouvoir à Syracuse, rétablit les finances et réorganise ses armées ; il
fait la paix avec les Carthaginois. Son fils Denys II le Jeune est battu par
Timoléon. Syracuse passe aux mains du tyran Agathocle qui sera défait par les
Carthaginois.
Pyrrhus
tente en vain d’unifier la Sicile ; Hiéron II se donne le titre de
basileus, roi de Syracuse.
Au IIIe
siècle av. J.-C., Messine appelle Rome à son secours, la première guerre punique voit Rome battre les troupes du
Carthaginois Hamilcar.
La Sicile romaine
La
Sicile, première province romaine, paie un lourd tribut à Rome. Malgré la
rébellion de Syracuse qui sera punie par sa destruction, la Sicile conserve son
importance économique et compte de nombreuses villas de l’aristocratie romaine.
Hiéronyme,
le petit-fils de Hiéron II prend le parti de Carthage, ce qui déclenche la seconde guerre punique, le consul
Marcellus met à sac Syracuse ; la troisième
guerre punique voit la destruction de Carthage par Scipion l’Emilien.
Les
révoltes des esclaves conduites par Eunus puis par Trifone sont écrasées.
L’influence
de Rome n’est pas seulement politique et militaire, le christianisme gagne
l’île.
Les
Vandales établis en Afrique soumettent la Sicile mais sont délogés par les
Ostrogoths.
La Sicile arabe
Au VIe
siècle, la Sicile est annexée à l’empire romain d’Orient et se rapproche
alors culturellement de l’Orient byzantin.
Au IXe
siècle, les Arabes envahissent la Sicile, détruisent Syracuse et font de
Palerme leur capitale.
Palerme
devient le symbole de la civilisation arabo-sicule et se développe
économiquement ; l’agriculture est favorisée par des canaux d’irrigation ;
la vie culturelle s’épanouit au contact de la civilisation de l’islam
méditerranéen.
La Sicile normande
Au XIe
siècle, les « hommes du Nord » établis en Normandie, partent
combattre dans le sud de l’Italie ; par l’accord de Melfi, ils acquièrent
des droits féodaux sur l’Italie méridionale.
Robert
Guiscard (le rusé) devient duc des Pouilles ; son frère, le comte Roger commence la conquête de la
Sicile ; la reconquête chrétienne met une trentaine d’années pour chasser
les Arabes. Roger obtient le titre de légat pontifical de l’île, c’est-à-dire
de représentant direct du Saint-Siège.
A sa
suite, Roger II obtient le titre de
roi de Sicile et étend son royaume au sud de l’Italie.
Il est
chargé par le pape Urbain II d’extirper les racines de l’islam et de lutter
contre l’influence du christianisme gréco-byzantin.
Une
organisation de type féodal se répand en Sicile. A la cour, la culture arabe
demeure ; le géographe al-Idrisi construit
un grand planisphère d’argent et rédige un traité de géographie, « Le
livre de Roger ».
Guillaume 1er de Hauteville succède à son père,
Roger II ; il entre en conflit avec Frédéric 1er Hohenstaufen
dit Barberousse et doit affronter une révolte de ses barons.
Son
fils, Guillaume II soutient la
papauté dans sa lutte contre Barberousse.
Cependant,
il désigne comme héritière sa tante Constance, promise en mariage à Henri
Barberousse.
Le
rapprochement des deux familles permet ainsi à la dynastie souabe des
Hohenstaufen de prétendre au trône de Sicile.
Les Souabes et les Angevins
Henri VI de Souabe devient empereur et roi de
Sicile, l’île est ainsi aux mains des Allemands. Son fils Frédéric II, roi de Sicile, se fait couronner roi de Jérusalem. A
sa mort,
son
fils Conrad IV lui succède en dépit
de l’opposition de son demi-frère Manfred. Appelé par le pape, Charles d’Anjou défait Manfred et devient
roi après le décès du fils de Conrad. Les Angevins régneront vingt ans.
La guerre des vêpres et l’avènement des
Aragonais
Les
Angevins ne sont guère appréciés ; la révolte des Vêpres siciliennes
demande l’aide de Pierre III d’Aragon ;
marié à une Souabe, il revendique la couronne de Sicile et Charles
d’Anjou se retire en conservant Naples. Son fils Frédéric III d’Aragon devient à son tour roi de Sicile. Alphonse V d’Aragon bat les Angevins de
Naples et réunit les deux royaumes.
La Sicile moderne
XVIe
siècle
L’Inquisition
chasse les Juifs.
Charles Quint règne sur l’Espagne
et la Sicile.
Messine
sert de base à la grande flotte chrétienne qui remporte la bataille de Lépante contre les Ottomans.
XVIIe
siècle
Une
épidémie de peste ravage Palerme.
Deux
rébellions antiespagnoles sont réprimées.
Catastrophes naturelles : Catane est
enfouie sous les cendres de l’Etna, un tremblement de terre ravage le Sud-est
de la Sicile, en particulier Noto.
XVIIIe
siècle
Au
traité d’Utrecht, la Sicile est attribuée à Victor-Amédée de la maison de Savoie.
A la
suite d’échanges, elle devient possession de Charles de Bourbon qui devient roi de Naples et de Sicile sous le
nom de Charles VII.
La
domination des Bourbons d’Espagne est raffermie avec le long règne de Ferdinand IV.
La
petite propriété se développe, l’Inquisition est abolie.
XIXe
siècle
Ferdinand
IV fait appel aux troupes anglaises pour protéger la Sicile des troupes
napoléoniennes qui occupent Naples.
La
Sicile vit une période de prospérité économique et une Constitution
d’inspiration libérale est instaurée.
A la
chute de Napoléon, Ferdinand IV forme à nouveau le royaume des Deux-Siciles.
L’Italie unifiée
La fin
des Bourbons est ponctuée de révoltes.
L’expédition des Mille conduite par Garibaldi débarque à Marsala. Un
plébiscite sanctionne l’union de la Sicile au royaume d’Italie.
Misère, révoltes et émigration
Une
révolte à Palerme est écrasée par la flotte italienne.
La
famine pousse un million d’habitants à émigrer, surtout aux Etats-Unis.
La
corruption sévit.
A l’orée
du XXe siècle, la
Sicile offre un sombre tableau, entre désordre, ruralité pauvre et Mafia.
La Sicile contemporaine
La
seconde guerre mondiale
Les régiments
britanniques et américains débarquent à Licata et ont raison des divisions italiennes
et des allemandes. Le gouvernement Badoglio signe l’armistice avec le général Eisenhower.
Après-guerre
Des
séparatistes revendiquent l’indépendance.
Une
réforme agraire répartit les grandes propriétés entre de nombreux petits
paysans.
Un
million de Siciliens émigrent dans l’Italie du Nord et en Europe du Nord.
L’économie
sicilienne est soumise aux tentacules de la Mafia.
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