Départ
en début d’après-midi par petit temps (près, force 3) pour traverser le canal
de la Mona qui sépare Porto Rico de l’île d’Hispaniola ; la République
Dominicaine en occupe la partie Est, Haïti la partie Ouest.
Nuit
étoilée, sans lune, le vent tourne au Nord et se lève enfin (travers, force 4,
mer belle), plancton luminescent autour de l’hydrogénérateur.
Vers
minuit, on passe sous l’île Mona, à peu près au milieu du canal ;
impressionnant, à un mile, on ne la distingue qu'à peine !
En
arrivant à l’île Saona, le vent forcit (travers, force 5 à 6, mer peu agitée),
on rejoint la route de plusieurs cargos, tankers et aussi celle des
pêcheurs ; on craint d’avoir accroché un casier, un quart d’heure plus
tard, une boule s’échappe du tableau arrière : deuxième prise ou première
qui s’échappe ? On prend deux ris pour réduire l’allure et mouiller à la
voile au NW de l’île Saona, une
réserve naturelle ; quelques dauphins saluent notre arrivée.
Plongée,
rien d’anormal, pas de bout sous la coque.
Au
mouillage, un méga-yacht : deux différences avec nous, d’abord, il est à
moteur et ensuite, ses haubans ne l’empêchent pas d’avoir une piste
d'atterrissage pour son hélicoptère personnel ! Plus loin, une vingtaine de
catas à touristes viennent bruyamment passer la journée sur une langue de
sable.
Île Saona, plage de sable blanc, cocotiers et eau émeraude
Débarquement
à terre pour nous signaler à l’armée dominicaine qui nous autorise à passer la
nuit ici, avant de faire notre entrée demain à Casa de Campo.
On
reste seuls au mouillage, pour la première fois, on se barricade dans le bateau
pour la nuit ; il y a peu de temps, un bateau français a été attaqué à
l’arme blanche dans la marina de Bocca Chica ; à cet endroit les officiels
sont corrompus, prélevant des taxes supplémentaires, confisquant les passeports
ou ne donnant pas l’autorisation d’appareiller...
Le
lendemain, petit bord de près sous génois (force 4) pour se baigner à Las Palmillas, raie et myriade
d’étoiles de mer ; quelques dauphins peu vivaces passent derrière le
bateau.
Un
nouveau bord de génois au travers (vent irrégulier par rafales, force 4 à 5)
pour mouiller à Casa de Campo, à
l’embouchure du Rio Chavon.
Interdiction
de débarquer, appel à la VHF de la marina ; au bout d’une heure et demie,
un pontonnier vient emmener Jacques en annexe et me le ramène une heure plus
tard, furieux et déplumé de 174 US$ (entrée du bateau 70, de l’équipage 24,
permis de navigation, services sanitaires, taxes pour les personnes, autorités
portuaires, 20 chacun) ; le document est officiel avec moultes reçus,
impossible de négocier...
Pas
le droit non plus d’utiliser la laverie ; la loueuse de voiture nous fait
une fleur, 100 US$ par jour avec deux jours minimum, on la refuse...
Immense complexe résidentiel, type Port Grimaud,
supermarché
bien achalandé, mais aussi golfs, terrains de polo, cinéma, théâtre, hôtel de
luxe et aéroport international...
Départ à la pêche devant la marina.
On
part au moteur, mouiller à Bayahibe, derrière
les catas de promenade.
Les barques de pêche de Bayahibe, reconverties en promène-touristes
A
terre, grâce aux indications d’un restaurateur breton installé ici depuis dix ans,
on déniche une voiture de location pas chère chez Joël et une lavanderia chère
(64 US$), fermée le lendemain ; Jean-Baptiste, un jeune haïtien sympa qui
travaille au restaurant, récupère notre linge ; son père et son frère habitent encore Les Cayes, en face de l’île à
Vache.
Ici,
on roule au propane, impossible de trouver du butane pour remplir nos
bouteilles de gaz, il faudra l’économiser en ne faisant plus chauffer notre
pain du petit-déjeuner et en limitant gâteaux, gratins, etc...
On
visite Altos do Chavon et le lendemain Santo Domingo.
Un
mot sur la conduite des autochtones : sur l’autoroute, le dépassement se
fait aussi bien à droite qu’à gauche, motards sans casque roulant parfois à contre-sens ;
piétons qui traversent, on en a même vu se faire photographier sur le
terre-plein central ! Les voitures n’ont pas toutes de plaque
minéralogique, d'ailleurs, il en manque une à la nôtre. Plus grave, Jacques a
évité, vraiment de justesse, une moto qui nous a coupé la route...
Grosse
inquiétude en se levant le lendemain, impossible de trouver les clés de la
voiture, peut-être sont-elles restées sur la portière pendant la nuit ?
Jacques speede en annexe, la voiture est là, ouf ! Par contre, pas de clés
jusqu’à ce qu’un policier municipal, me voyant tournicoter, les amène en
demandant une petite récompense qu’on lui accorde bien volontiers !
Repas
à Bambou Beach, chez le Breton, bonne fricassée de lambi.
Un
bateau hollandais arrive au mouillage mais retournera ensuite à Porto Rico.
On
retourne à Casa de Campo faire nos
formalités de sortie : 65 US$, sans commentaires...
Mouillage
houleux, comme toutes les fins d’après-midi, remontée du moteur d’annexe
périlleuse.
HISPANIOLA : REPUBLIQUE DOMINICAINE
Les
Indiens Taïnos, appartenant aux Arawaks, habitaient l’île à l’arrivée de Colomb lors
de son premier voyage en 1492 ; il la baptisa Hispaniola.
Une
première colonie espagnole implantée au Nord fut décimée, une seconde
s’installa au Sud à l’embouchure du fleuve Ozama dès le début du XVI° siècle ;
cette première ville du Nouveau Monde fut appelée Santo Domingo et devint la
capitale des Indes Occidentales.
Christophe
Colomb en fut le premier gouverneur, puis ses rivaux et enfin, son fils aîné Diego.
C’est
de là que les Espagnols partirent conquérir Porto Rico, Cuba, la Floride et le
Mexique ; la ville fut délaissée par les Espagnols au profit de La Havane
et tomba aux mains du corsaire anglais Sir Francis Drake qui la saccagea.
Philippe II d’Espagne fit construire des remparts pour la protéger.
En
1795, le traité de Bâle obligea l’Espagne à céder à la France, la partie Ouest
d’Hispaniola qui deviendra Haïti ; la partie
Est reste espagnole.
Les
Haïtiens Toussaint Louverture et Jean-Pierre Boyer tentent de réunir les deux
pays sous une même autorité, l’esclavage est aboli, mais cette réunification
ne dura que 20 ans.
En
1844 Duarte proclame l’indépendance de la République Dominicaine. Après une
longue période de dictature sous Trujillo, la République Dominicaine devient
une démocratie.
SANTO DOMINGO
La
ville coloniale de Santo Domingo, riche de ses monuments espagnols du XVI°
siècle en belle pierre corallienne, fait partie du Patrimoine mondial de
l’humanité de l’UNESCO ; c’est une ville agréable, très vivante et
attachante.
Puerta San Diego ou puerta del Mar
Seul
accès en venant de la mer, elle mène à la place d’Espagne et à l’Alcazar ;
on reconnait l’aigle de Charles-Quint.
Alcazar de Colon
Ce
palais a été construit en 1511 pour Diego Colomb, vice-roi du Nouveau Monde ; il était le siège de la couronne espagnole aux Amériques.
Palais de style gothico-mudéjar
Chevalier en armure (XVI° siècle)
Loggia à arcades avec vue sur le fleuve Ozama
Chambre à coucher de Maria de Toledo, lit à baldaquin et coffre ouvragé
Salon de musique avec une harpe de cette époque
Museo de las Casas Reales
Construit
en 1520, le Palais des Capitaines Généraux de la colonie abrite désormais un
musée.
Portail plateresque orné des blasons de Carlos V, de l’isla Espanola et de
la ville
Le vestibule s’ouvre sur le patio
Blason de Santo Domingo
Faïences murales
Trigonolito, idole de pierre à trois pointes, symbole de la fécondité dans
le panthéon taïno
Astrolabe, outil de navigation
Défense d’éléphant sculptée, Henri II de France
Chaise à porteurs
Moulin à canne
Pharmacie, bocaux d’opium, d’agar-agar
Herbier dont les tiroirs sont décorés de paysages
Casa del Testado, museo de la familia
dominicana
Cette
maison de 1505 porte le nom de son premier propriétaire, un homme de lettres,
fils d’un producteur de canne à sucre ; elle présente le mobilier d’une
famille dominicaine du XIX° qui n’est pas sans rappeler celui de nos
grands-parents.
Casa del Testado, avec sa fenêtre géminée gothico-renaissance
Salon de thé
Salle à manger
Salon des fiancés ; ils étaient assis face à face sur les petites
chaises tandis que les parents occupaient les deux fauteuils !
Chambre à coucher, nécessaire de toilette
La véranda à arcades donne sur la cour intérieure, avec un puits et une
fontaine
Catedral Santa Maria la Menor
Première
cathédrale des Amériques, elle ne fut jamais achevée, son campanile étant plus
récent ; elle abritait les restes de Christophe Colomb et de son fils
Diego.
Façade de style plateresque
et sa frise d’angelots
Vitrail contemporain
Parque Colon
La
place de la cathédrale, la plus animée de la ville :
Statue de Christophe Colomb
Tressage des chapeaux en feuilles de palme
Jeunes musiciens
Vélo-bar
Petit train touristique
Au fil des rues...
La garde du Panteon Nacional
Casa de Ovando, construite en 1502 pour le gouverneur Nicolas de Ovando,
s’est reconvertie en hôtel de luxe.
En face, l’Ambassade de France
accueille un concours de peinture en hommage à Chasseriau, peintre
romantique du XIX° (oeuvre sans titre de Yannery Rodriguez Caceres, 2016)
Casa de Bastidas, de belles arcades
entourent le patio où seront fêtés les deux ans de Celeste !
Préparation d’un mariage au Restaurante Briciola
Près du couvent des Dominicains, le Parque Duarte et la statue du
« Père de la patrie »
De belles maisons
Calle el Conde, une rue chargée d’histoire ; à la Cafetera, se réunissait l’intelligentsia locale, artistes, musiciens et politiciens libéraux ;
ce monsieur lit la carte du restaurant pendant qu’on lui cire ses
chaussures.
Art naïf haïtien
ALTOS DE CHAVON
Cette
reconstitution d’un village italien du XVI° a été offert par un richissime Américo-Autrichien
à sa fille pour ses dix-huit ans ! On y trouve un théâtre antique ainsi que
les ruines d’un temple romain !
Le
résultat est surprenant ; ce village est intégré au complexe de Casa de
Campo.
L’église où sont même célébrés des mariages ;
de son campanile, belle vue sur le rio Chavon.
Musée archéologique,
consacré aux Arawaks qui jouissaient d’une complexe organisation
socio-politique ; ils vivaient de l’agriculture et étaient d’habiles
potiers.
Mortier
Massue
Céramique Igneri
et Ostionoïde
La
vieille ville de Santo Domingo nous a séduits, c’est la plus belle que nous
ayons vue depuis notre départ de Grenade ; arrivera-t'elle à effacer la
mauvaise impression que nous ont laissée les formalités d’entrée et de sortie
de la République Dominicaine ?
On a
appris plus tard qu'il vaut mieux mouiller à la Romana, dans le rio Dulce,
avant le pont et d'aller faire soi-même les formalités à l’aéroport.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire