Au total 2 000
miles à parcourir, mais pas en ligne droite, ce qui serait trop facile ;
tout d’abord, cap au SSW pour éviter au
maximum la ZIC mais sans aller trop à l’Ouest car il faut absolument
passer à l’Est des Iles Saint Pierre et Saint Paul ; sinon, un courant
nous amènerait vers le Nord du Brésil, nous empêchant d’aller à Salvador...
La ZIC ou Zone de Convergence Intertropicale, plus communément appelée « pot au
noir », est l’endroit où se rencontrent les alizés de NE et ceux de
SE ; zone plus ou moins large, avec une forte nébulosité, sans vent ou
avec des grains sous orages qui peuvent être violents.
On part avec
du carburant pour environ 3 jours ; pas de problème ni pour l’eau ni pour
les provisions.
Quarts de
trois heures, de jour comme de nuit.
Nous partons
à 9H30 et ferons tous les jours le bilan à la même heure, puis à 8H30 à partir
du décalage horaire afin de conserver des journées de 24 heures.
J1 : Vendredi 20 novembre
Départ après
les derniers rangements, avec un bon vent (grand largue, force 5, mer peu
agitée), mais très vite nous sommes déventés par Brava.
En
guise d’« Au revoir », un troupeau de dauphins nous salue en faisant
des sauts groupés, magnifique !
Un oiseau
nous accompagne un moment.
On tire des
bords de grand largue (force 3 puis 4, houle croisée désagréable), en se
traînant... Essai de spi, le vent tombe, un peu de moteur pour sortir du cône
de Fogo.
Fuite d’eau
chaude au niveau du robinet, on coupe le groupe d’eau.
Le vent
revient avant la nuit (travers, force 4), le moral aussi !
Bon vent toute
la nuit (grand largue, force 5), on rattrape une partie de notre retard ;
houle croisée désagréable, deux bonnes vagues nous arrosent... On se fait
doubler par quelques cargos en route vers le Brésil.
Le barber hauler se prend dans l’hélice de l’hydrogénérateur et Jacques valdingue dans
la cabine au moment du changement de quart...
Nuit étoilée,
on repère très bien Orion.
Bilan
J1
Position : 12°47.32
N ; 25°10.11 W.
Route : 128M
, ce qui est honorable compte tenu de l’absence de vent pendant quelques heures ;
il reste 1 872M à parcourir... Le loch étant en panne, on se base sur le GPS.
Moteur :
1H30
Pêche,
bredouille malgré les jolis calamars fabriqués avec des canettes de
bière !
Repas :
salade et fruits frais ou secs, le midi - ça c’est invariable -, omelette au
jambon cru espagnol, pommes de terre et carottes à la crème, bananes
vanille-rhum le soir.
J2 : Samedi 21
novembre
L’hydrogénérateur
est libéré et le tank d’eau chaude isolé, on n’aura plus d’eau chaude, mais au
moins, on aura de l’eau ; réparation à prévoir à Salvador.
Jacques s’en
sort avec une névralgie intercostale, donc rien de grave, il doit juste éviter
de faire des efforts, ce qui n’est pas facile sur un bateau où il faut
s’équilibrer sans cesse...
Bonne
navigation (grand largue, force 5 devenant 4, houle mieux formée), on largue
notre ris.
A
l’heure de la sieste, les deux moulinets se dévident en même temps ; on
remonte deux bonites jumelles, d’un bon kilo chacune, de quoi faire trois repas.
Vent arrière
pendant la nuit (force 4 devenant 3), la vitesse faiblit ; temps doux mais
humide, ciel étoilé.
Bilan J2
Position :
1°03.10 N ; 25°58.45 W.
Route : 112M
parcourus , il reste 1 760M avant Salvador.
Moteur :
0H
Pêche :
prise de deux bonites.
Repas : bonite
en carpaccio et en sushis, riz, fruits secs.
J3 : Dimanche 22 novembre
Bonne fête
Cécile !
Petit temps
prévu pour la journée ; quelques heures de moteur, le temps de remplacer
la bouteille de gaz (ce qui nécessite de vider le coffre tribord), de décoincer
le bout qui sert à relever l’hydrogénérateur et de remettre un élastique qui
retient la grand-voile au mât.
On se met
ensuite au vent arrière en tangonnant le génois (force 3 à 4, mer très peu
agitée à peu agitée), on avance assez bien jusque 6 à 7 nœuds mais il se peut
qu’un courant nous aide.
Le pain
acheté à Praia moisit déjà, j’essaie de le recuire ; en même temps, je
cuis la sangle qui s’est coincée dans la porte du four ; elle permettait
de se retenir quand on fait la cuisine à la gîte...
On fait
sécher vêtements et autres, Thira ressemble à un bateau de romano.
Des algues se
prennent dans l’hélice de l’hydrogénérateur, il faut ralentir le bateau pour le
remonter ; la tige qui le maintient abaissé dans l’eau est tordue, on en
bricole une nouvelle.
Quand on
repart, deux poissons ont mordu sur les lignes : une belle dorade
coryphène qui réussit à s’échapper
et
ce poisson un peu jaune, encore indéterminé.
Au total, une
journée bien occupée par de petits riens...
Nuit
tranquille et douce, lune derrière les nuages.
Bilan J3
Position :
9°06.55 N ; 26°55.61 W.
Route : 129M
parcourus, il en reste 1 631.
Moteur :
4H
Pêche : Un
poisson d’un bon kilo ;
un poisson volant et un calamar atterrissent sur le pont pendant la nuit.
Repas :
bonite en papillotes, pommes de terre et courge à la créole, bananes (elles ont
muri très vite et sont en promotion).
J4 : Lundi 23 novembre
Changement de
fuseau horaire (tous les 15° de longitude), on passe à UTC -2, donc moins 3
heures avec la France, le quart de midi est rallongé d’une heure.
On fait
passer le génois pour se mettre au travers et faire route vers le Sud (force 4
devenant 5, mer peu agitée), on avance bien et surtout, dans la bonne
direction. Soleil un peu voilé.
L’Iridium
s’éteint tout de suite, impossible d’envoyer de message, sans doute la batterie
est-elle en cause ; c’est ennuyeux pour la météo mais surtout pour les messages
à la famille ; espérons qu’au moins Dolink fonctionne et donne notre
position ; en attendant, on prépare un message pour un éventuel cargo et
on lance des appels à la VHF, via le canal 16.
Un papillon
semble perdu si loin des côtes.
Activité
pêche : beaucoup de temps pour préparer les hameçons, démêler les lignes et
enlever les algues qui s’y accrochent ; on perd encore deux leurres, l’un par
inadvertance, l’autre est arraché par une touche...
Nuit douce et
étoilée, quelques nuages ; la lune nous accompagne.
Bilan J4
Position :
6°30.72 N ; 27°09.26 W.
Route :152M,
il reste 1 479M, nous avons fait en 4 jours plus du quart de la route.
Moteur :
0H
Pêche :
rien sauf un poisson volant.
Repas :
Poisson sauce beurre blanc ,pommes de terre, poires au chocolat (elles aussi
sont en promotion).
J5 : Mardi 24 novembre
La ZIC se
situe entre le 7° et le 2° parallèle Nord ; pour l’instant il y a toujours
du soleil et du vent (travers force 4 à 5, mer peu agitée), on marche très
bien, peut-être aidés par un courant. Il fait très chaud et très humide ;
l’eau est à 29°C.
On voit
apparaître les premiers grains, bien visibles au radar ; il faut essayer de
les éviter, soit en changeant de direction, soit en ralentissant le bateau pour
le laisser passer ;
c’est alors qu’on pêche le petit frère du poisson jaune,
mais
malheureusement on perd le calamar sur une deuxième prise plus
importante ; un quart d’heure après, on perd une troisième prise...
Impossible de faire tranquillement une sieste !
La connexion
par l’iridium n’est toujours pas possible malgré la mise en charge de la
batterie pendant toute une nuit ; en croisant le tanker Eagle qui se
dirige vers Las Palmas, Joël lui transmet par VHF un message à envoyer à Annie,
arrivera-t’il ?
Vent d’Est
(travers, force 5), Thira file à 7 nœuds ; on prend deux ris avant la nuit et
on veille au grain, mais on ne les évite
pas tous...
Bilan
J5
Position
: 3°42.82 N ; 27°22.39 W.
Route :
166M, notre record à près de 7 nœuds de moyenne ; il reste 1 313M avant
Salvador.
Moteur :
0H
Pêche :
un poisson jaune
Repas : le
poisson jaune, sauce beurre blanc, avec de la courge, compote
J6 : Mercredi 25 novembre
Début des
alizés du Sud-Est (bon plein, deux ris et demi génois, force 5, mer peu agitée),
c’est signe que la ZIC n’est pas importante, mais cela veut aussi dire que le bateau
gîtera pendant quelques jours ; quelques
grains, sans grande violence, rincent le bateau ; le vent faiblit (force 4, devenant 3), on déroule
le génois et on lâche un ris, puis le deuxième .
Le vent
remonte l’après-midi (près, un ris, force 5), soleil, les grains semblent
s’éloigner, on est peut-être déjà sortis de la ZIC ? L’inconvénient, c’est
que le vent est davantage SSE que SE.
Chaleur moite
difficile à supporter à l’intérieur du bateau, impossible d’ouvrir les hublots
car le pont est régulièrement submergé ; cela n’incite pas à bricoler,
repos aujourd’hui !
Pas vraiment,
en fin d’après-midi, le pilote lâche à nouveau ; coup de blues... Cette
fois, c’est la rotule en bout de vérin qui est sortie de son logement ; décidément,
tout ce qui peut se dévisser sur cet ensemble se dévisse !
Réparation de
fortune non satisfaisante. Avec un cordage qui retient la roue, on réussit à
équilibrer le bateau au près en le sous toilant un peu ; pilote non
consommateur d’énergie, c’est tout bénéfice !
Beau coucher de soleil
Nuit plus
douce, au loin feu d’artifice dans le pot au noir que l’on a désormais quitté,
on a eu beaucoup de chance !
Bilan J6
Position :
1°51.08 N ; 27°55.30 W.
Route :
117M, pas mal pour du près, d’autant plus qu’on s’est mis une heure à la cape
pour bricoler le pilote ; il reste 1 196M avant Salvador.
Moteur :
0H
Pêche :
rien.
Repas :
omelette aux cèpes et pommes de terre, moelleux au chocolat.
J7 : Jeudi 26 novembre
Jacques et
Joël s’occupent de démonter le vérin du
pilote et de remonter celui qu’on avait heureusement en secours à bord ; pendant
ce temps, j’équilibre le bateau ; l’opération occupe une bonne matinée
mais bravo, il fonctionne !
On croise
deux cargos qui doivent, eux aussi, virer les îles.
L’iridium a
fini son caprice et fonctionne à nouveau ; Joël joint Annie par téléphone, Eagle a bien transmis le message ; après
plusieurs essais, on reçoit les mails de Cécile et Antoine qui nous font bien
plaisir, ainsi qu’une météo.
En début de
nuit, on passe à 75 miles à l’Est des îles Saint Pierre et Saint Paul, avec
apparemment un peu de courant vers l’Ouest ; on prend un ris et on enroule un
peu de génois (bon plein, force 4) pour parer à un éventuel grain et pour une
nuit plus confortable. Pleine lune, une présence bienveillante lors des quarts
en solitaire, même si elle empêche de voir les étoiles.
A 4H40,
on franchit l’équateur !
Bilan
J7
Position :
0°22.57 S ; 28°22.12 W.
Route : 135M,
il en reste 1 061 avant Salvador ; on vient de passer l’équateur et, en une
semaine, on en est presque à la moitié de la route, c’était inespéré le premier
jour !
Moteur :
0H
Pêche :
rien, à part un poisson volant.
Repas :
tartiflette au chèvre de Brava, desserts variés.
J8 : Vendredi 27 novembre
Au petit
matin, un oiseau de mer essaie de se poser sur la filière et repart, assez
impressionnant ! Plusieurs nous approcheront ainsi, ils semblent moins farouches
que dans l’hémisphère Nord.
On croise un
cargo qui ne fait fonctionner son AIS que par intermittence...
On avance assez
bien (bon plein, un ris, force 4, mer peu agitée), mais en gîtant, ce qui complique tout, les déplacements, la cuisine et les toilettes...
Colmatage
d’une petite fuite d’huile sur le vérin du pilote.
Il faudrait
aussi nettoyer le loch mais pour cela arrêter le bateau ; on attendra donc
un moment plus propice ou même l’arrivée à Salvador.
Commande de
pain à Jacques pour ce soir ; comme de tradition, on fête le passage de
l’équateur. Joël se met aux fourneaux et nous mitonne un bon repas ; champagne
aidant - merci à lui et à Annie - il refait
le monde... On n’oublie pas de donner à Neptune sa part afin qu’il se
montre clément avec nous.
A
l’équateur !
Nuit
éclairée ; à 450 miles des côtes brésiliennes, on commence à rencontrer
des pêcheurs, il faut être vigilant ; un grain encore cette nuit.
Bilan J8
Position :
2°44.07 S ; 28°49.63 W.
Route :
145M , il en reste 916 avant Salvador ; une bonne journée à 6 nœuds de
moyenne.
Moteur :
0H
Pêche :
Rien
Repas :
foie gras de canard, confit de canard et purée de patates douces, desserts à la
carte (crème de marrons pour Jacques, compote pour Joël et moelleux au chocolat
pour moi) , champagne.
J9 : Samedi 28 novembre
Un peu plus
de vent, on réduit la toile pour ne pas trop gîter (bon plein, un ris et un
bout de génois, force 5, mer peu agitée).
Depuis peu,
il y a des particules noires dans l’eau dessalée ; le problème se situe en
aval du dessalinisateur, au niveau de la tuyauterie qui mène au robinet d’eau
de mer ; on récupère donc l’eau directement à la sortie, facile quand on gîte à
tribord - comme actuellement -, impossible si on gîtait à babord...
Il y a
toujours une petite fuite d’eau sous l’évier, probablement par le robinet d’eau
douce ; par précaution, on coupe le groupe d’eau quand on ne s’en sert pas.
Nous passons
à 175M de l’archipel Fernando de Noronha, à la pointe NE du Brésil.
Prise d’un
deuxième ris avant la nuit (bon plein, 2 ris, force 5, mer peu agitée), mais le
vent faiblit un peu, quelques nuages ; la lune et deux oiseaux accompagnent le
bateau.
Au bout d’une
semaine, tout le monde dort mieux, nuit et sieste quand le besoin s’en fait
sentir ; Jacques et Joël dorment aussi pendant leurs quarts de nuit en
faisant sonner leur réveil tous les 15 à 20 minutes, le temps de voir venir un
cargo de visu, au radar et surtout à l’AIS.
Bilan
J9
Position :
05°08.83 S ; 29°52.08 W
Route :
155M, encore une bonne journée de navigation à 6,5 noeuds de moyenne ; il
reste 761M avant Salvador, peut-être un peu moins car on va prendre un
raccourci !
Moteur :
0H
Pêche :
rien, il semble qu’ayant perdu nos leurres, on en n’ait plus qui intéressent
les poissons.
Repas :
spaghetti aux berberechos (coques), desserts variés.
J10 : Dimanche 29 novembre
Beau temps
comme tous les matins, le vent a faibli, on enlève le deuxième puis le premier ris ;
on abat de 20° pour faire route vers Salvador, le vent refuse mais le bateau gîte quand même un peu moins (bon
plein, force 4, mer peu agitée).
Visite de
quelques dauphins.
Il reste un
tiers de la route et on prévoit d’arriver à Salvador vendredi matin ; on
ne manquera pas d’eau et désormais les douches sont autorisées tous les
jours !
Deuxième fournée
de pain mieux réussie que la première, de bonnes baguettes croustillantes.
On reprend un
ris avant la nuit (travers, un ris et un bout de génois, force 4 à 5, mer peu
agitée), on marche à 6-7 nœuds.
Inquiétude
sur le pilote qui chauffe et fait un peu de bruit, l’huile est trouble ;
il disjoncte au moment du
repas pour nous laisser manger tranquillement à la cape ; rien de grave,
il repart ensuite, vraisemblablement une microcoupure électrique, il faudra
nettoyer les cosses .
Nuit étoilée
avant le lever de la lune, plus fraîche que d’habitude, on supporte sweat et
bermuda ; une houle pas très confortable qui s’estompe ensuite.
On croise un
pêcheur et un cargo chinois.
Bilan J10
Position :
07°07.78 S ; 31°40.13W.
Route :
161M, il resterait 600M pour
Salvador ; en fait, il ne reste que 564M.
Moteur :
0H
Pêche :
rien... sauf 6 petits poissons volants.
Repas : canapés
de confit de tomates et tapenade, sauté de biche aux trompettes de la mort, polenta et
desserts variés.
J11 : Lundi 30 novembre
Lever de soleil
On appelle un
cargo sur VHF pour qu’il se déroute ; il se dirige vers le Cap de Bonne
Espérance, sa destination finale étant Singapour.
Beau temps,
bon vent, Thira ronronne à plus de 7 nœuds (travers, un ris dans la
grand-voile mais génois déroulé, force 4, mer peu agitée). On prend un peu
d’avance car le vent devrait manquer les derniers jours. On se trouve à la
hauteur de Recife.
Une journée
sans histoires, ou du moins sans nouveau problème !
Renseignements
pris auprès du constructeur : le changement de couleur de l’huile du vérin
du pilote est normal, par contre le débordement d’huile par le trop-plein est
à surveiller.
On enlève un
ris, mais on le reprend en début de nuit ; la manœuvre est désormais bien
rodée.
Bilan J11
Position :
8°52.74 S ; 33°39.86 W.
Route :
159M, il en reste 405 pour arriver à Salvador.
Moteur :
0H
Pêche :
toujours rien...
Repas :
le midi, apéritif et tapas ; le soir, gâteau de foie sauce financière,
crêpes.
J12 : Mardi 1er décembre
Ici, il fait
toujours autour de 30°, un peu hors du temps ; aussi a-t’on du mal à
imaginer qu’il neige en France et que Noël se prépare.
Un peu moins
de vent, on enlève le ris (travers, petit 4, mer belle),
puis on met le spi
pour quelques heures,
tandis qu'un troupeau de dauphins brésiliens nous salue joyeusement avec quelques
sauts en hauteur.
Un requin
passe derrière le bateau, sans faire de bruit ni de vagues, brrr...
Les oiseaux
pêchent, on passe sur un banc de poissons ; deux belles touches simultanées
puis une petite qui se détachent toutes les trois ; dans la bataille on perd
une crevette...
Nouvelle
fournée de baguettes, pas encore très levées mais on améliore la technique.
Le Brésil est
un pays à l‘échelle d’un continent ; cela fait trois jours qu’on a l’impression
d’être arrivés, mais il reste encore trois journées de navigation ; l’ambiance
sur le bateau est plus décontractée : on potasse le Guide Vert Brésil et je
commence « Rouge Brésil » de Jean-Christophe Rufin, que m’ont offert Antoine
et Éliette ; en 1555, lors de l’expédition française du chevalier de
Villegagnon vers le Brésil, deux ados sont envoyés comme interprètes auprès des
tribus indiennes ; choc de deux cultures, l’européenne qui se veut
libératrice mais se révèle meurtrière, et l’indienne parfois cruelle mais proche
de la nature et du sacré...
Désormais, on
suit la côte brésilienne à une cinquantaine de miles ; nombreux cargos qui
descendent vers le Brésil ou montent vers les États-Unis, l’Europe et la
Méditerranée.
Bilan J12
Position : 10°26.54 S ; 35°20.59 W.
Route :
135M, il reste 270M avant Salvador.
Moteur :
0H
Pêche : rien,
mais plusieurs touches.
Repas :
pavé de saumon grillé, riz, confit d’aubergines, crêpes orange rhum.
J13 : Mercredi 2 décembre
Peu de vent
ce matin ; on réveille Jacques pour déjeuner, mais surtout pour mettre le
spi (grand largue, force 3, mer peu agitée).
Un moulinet
se déroule en cliquetant, une prise que Joël remonte ; pour que les fils
ne s’emmêlent pas, Jacques remonte la deuxième ligne et attrape un autre
poisson ;
au
total, deux petits thons jaunes d'environ deux kilos chacun !
On a de quoi
manger jusqu’à notre arrivée, on remonte définitivement nos traînes.
Pendant
l’opération poisson, j’ai appuyé par inadvertance sur le pilote, empannage sous
spi, ré-empannage, heureusement sans dommage...
Pas très
efficace, le spi, on n’avance pas beaucoup et surtout pas dans la bonne
direction ; on met le moteur, ce qui ne nous est pas arrivé depuis les
premiers jours.
Un énorme
poisson type marlin bleu saute derrière le bateau, celui-là, il nous aurait
tout arraché!
On remet les
voiles en fin d’après-midi (travers, force 3, mer peu agitée) ; nuit
tranquille hormis les cargos à surveiller. Des lueurs à terre, mais aussi une
lueur en mer, on passe près d’une
plate-forme pétrolière.
Le vent nous
lâche à nouveau, moteur en milieu de nuit, la voile bat un peu.
Bilan J13
Position :
11°61.69 S ; 36°55.35 W.
Route :
128M, il reste 142M avant Salvador.
Moteur :
12H30
Pêche :
deux petits thons.
Repas : Darnes
de thon, courgettes à la Provençale, semoule, crème de marrons.
J14 : Jeudi 3 décembre
Panne de vent
annoncée mais plus importante que prévu (force 1 à 2) ; moteur en
attendant que le vent revienne, un peu de courant contraire.
Dessalinisation,
dernière fournée de pain assez réussie, on commence à ranger le bateau ;
on met aussi le champagne au frais en prévision de l’arrivée !
Le vent
revient en cours d’après-midi (grand largue, force 4 à 5, mer peu
agitée) ; on avance trop vite car on ne veut pas arriver à Salvador
pendant la nuit ; on prend un ris puis on affale la voile pour ne naviguer
qu’avec le génois, cherchez l’erreur !
Dernier
coucher de soleil en mer.
La nuit est
assez houleuse, on joue à la balançoire ; au loin, le halo lumineux de Salvador.
On croise beaucoup
de cargos, il faut veiller.
Un oiseau
tente de se poser sur la filière en croassant, un autre s’installe sur le
bimini, pas très rassurant !
Bilan J14
Position :
12°58.75 S ; 38°31.18 W.
Route :
142M
Moteur :
9H
Pêche :
les traînes ne sont pas mises à l’eau.
Repas :
On se vote un apéro pour notre dernière soirée en mer ; thon en
papillotes, quinoa, champignons à la crème, crème au chocolat.
J15 : Vendredi 4 décembre
Terre ! Au
petit matin Salvador émerge de la brume et brille aux premiers rayons du soleil
levant.
Moteur pour
appuyer le génois et virer la balise qui garde les hauts-fonds de San Antonio.
A l’entrée
de la Baie de Tous les Saints, les immeubles de Barra, quartier résidentiel de
Salvador ; assez surprenant, surtout après un mois passé au Cap-Vert !
Amarrage à
Salvador de Bahia, dans Bahia Marina ; bon accueil, en français, mais marina
assez chère (40 euros par jour, 36 si on reste plus de dix jours, possibilité
de faire laver son linge). Sur les pontons, on cherche en vain des bateaux
visiteurs ; un bateau français arrivera deux jours après nous.
Changement
d’heure, Salvador est à UTC -3H, on a désormais 4 heures de décalage avec la
France.
Après
l’amarrage, on occupe une demi-journée à faire les formalités à la Police
Fédérale et à la Recette Fédérale ; malgré tout, on n’a pas eu le temps
d’aller à la Capitainerie du Port, fermée l’après-midi ; les hommes
doivent porter chemise et pantalon !
Un petit tour
dans la ville haute, le temps d’en découvrir l’ambiance un jour de fête :
c’est la Sainte Barbara, la patronne des esclaves ; une foule immense, vêtue de rouge et de blanc, danse la samba dans la rue, dans un bruit assourdissant ;
après deux semaines à entendre le joli bruit du bateau qui fend l’eau, le
contraste est saisissant !
Champagne
pour fêter notre arrivée au Brésil, on a une pensée pour Pierre-Henri et Annick !
Bonne nuit
réparatrice.
Bilan de la traversée :
Traversée en
14 jours, soit une moyenne d’environ 6 nœuds, on a seulement un peu manqué de vent au départ et surtout
à l’arrivée ; grand largue avec les alizés de NE, bon plein puis travers
avec les alizés de SE, deux brèves occasions de mettre le spi pas très
concluantes. Pas de difficultés de
navigation, le vent est assez constant, force 4 à 5.
Pot au noir pratiquement
inexistant, avec du vent et quelques petits grains sans orages ; il semble
se reformer le lendemain de notre passage et Joël le compare à celui de la Mer
Rouge !
Moteur :
5H30 en quittant le Cap-Vert et 22H en arrivant à Salvador.
Iridium :
il n’a pas fonctionné pendant 48 heures ; la connexion appareil batterie
fonctionne mal, il faut parfois gratter les plots avec un petit tournevis et
les nettoyer à l’alcool.
Énergie :
pas de souci avec les panneaux solaires ; l’hydrogénérateur a bien
fonctionné mais a tendance à attirer les algues et à déjauger à la gîte, d’autant
plus qu’il est décentré sur babord.
Pêche :
deux bonites et deux poissons
jaunes à chair blanche assez fine, pêchés les trois premiers jours ;
ensuite, plus rien pendant une semaine, les bons leurres semblaient avoir été tous
arrachés, peut-être ne nous restait-t-il que les mauvais qui ne prennent rien?
Alors qu’on n’y croyait plus, on attrape simultanément deux petits thons jaunes, peu
avant l’arrivée à Salvador.
Problèmes techniques à résoudre:
- Pilote changé en route, il fonctionne
mais quelques inquiétudes encore sur une fuite d’huile ; il faudra
reconditionner l’ancien pour qu’on puisse l’avoir en secours. Connexions
électriques à vérifier.
- Robinet d’eau douce à changer ;
il faudra ensuite reconnecter l’eau chaude.
- Loch et sondeur ne fonctionnent plus,
y a-t-il une relation entre les deux ?
- Génois : gousset à recoudre au
niveau du point de tire du nerf de chute.
- Hydrogénérateur : la tige métallique
qui le maintient dans l’eau est tordue, il faut la remplacer.
Après sa
chute, Jacques va mieux mais a toujours une petite douleur au niveau des côtes.
Ambiance
sereine à bord, avec tous les trois le même objectif, celui de faire marcher le
bateau, tout en tenant compte des autres ; au bout du compte, la
satisfaction d’avoir réussi, d’avoir réalisé un rêve que l’on n’aurait pas
imaginé possible il n’y a pas si longtemps... Merci à tous de l’avoir partagé
avec nous et gros bisous à Corentin et à Manon qui nous ont suivis tous
les soirs sur Dolink !
Maintenant,
retour sur terre pour de nouvelles découvertes !
Belle histoire de traversée. Belles pêches. Un nombre normal d'incidents: même pas de montée au mat. On vous souhaite de bien découvrir le Brésil.
RépondreSupprimerAnnick/Pierre Henri
Bravo pour cette traversée avec du bon vent.Profitez bien de votre séjour au Bresil.
RépondreSupprimerBernard et Myriam
Félicitations pour cette belle traversée et ce blog très agréable à lire ! nous vous souhaitons plein de belles découvertes terrestres et marines .
RépondreSupprimerBernard et Geneviève