Cette année, la
« croisière » commence bien avant le départ, avec les préparatifs
pour la longue route.
Depuis l’hivernage, je passe
une grande partie de mon temps à m’informer, lister les actions, les achats,
les travaux, planifier etc…
Tout cela a un coût assez
considérable, d’autant plus que certains équipements de Thira, fêtant son
douzième anniversaire en 2015, demandent à être remplacés. Je ne donnerai pas
de montant, pour ne pas fournir d’arguments aux enfants dans un éventuel procès
en dilapidation de patrimoine et de lèse héritage !
SÉCURITÉ
Nous avions déjà
copieusement équipé Thira pour la sécurité en croisière méditerranéenne :
perche IOR, bracelets MOB (malheureusement liés au système Seatalk), VHF avec
ASN et AIS, balise EPIRB, gilets harnais automatiques. Cependant, une
entreprise comme celle-là demande une réflexion plus complète. Il ne s’agit pas
de partir à l’aventure en se disant « on verra bien ». Je n’écoute
donc pas ce qui se dit sur les forums, par exemple sur le fait
qu’on peut très bien conserver son gréement d’origine pendant 30 ans sans
problème ; notre gréeur du Lavandou raconte que tous les ans il intervient
pour au moins deux démâtages sur des gréements qui ont, en général, entre
15 et 20 ans.
Donc le gréement sera remplacé. Nous ne reprenons pas du Rod, évidemment
très bien, mais probablement plus fragile et plus cher ; la solution
C-Strand (Dyform) est un bon compromis, plus rigide que le mono-toron ; heureusement,
les embouts et barres de flèche sont compatibles.
A cette occasion,
l’inspection dira ce qu’il faudra remplacer sur le gréement (drisses, réas, vit
de mulet…)
Le radeau de survie aurait pu être maintenu encore quelques années,
mais avec une révision annuelle, coûteuse et pas forcément facile à effectuer
dans les pays visités. Là encore, certains
esprits forains (de forum, quoi !) vous diront que ça ne sert à
rien, qu’une fois sur deux ils ne se gonflent pas, qu’il vaut mieux une annexe
disponible sur le pont (si, si, je l’ai lu !) et qu’une survie chinoise à
trois sous est bien suffisante. Si un jour j’ai à me servir de cet engin, je ne
veux pas avoir à regretter une telle « économie » et j’ai donc opté
pour radeau Viking, et tant qu’à faire, j’ai pris l’option à retournement
automatique ; je me souviens encore des difficultés pour redresser un
dériveur : avec une petite houle et dans une eau même pas très froide,
l’épuisement arrive vite, et c’était il y a 40 ans…
Le radeau sera complété par
plusieurs « grab bags »
contenant du matériel complémentaire, des vêtements chauds, des tablettes de
nourriture de survie, les documents et argent liquide et tout ce qu’on pourrait
sauver. J’ai fait un petit article là-dessus pour ceux que ça intéresse.
Iridium :
grâce à Tri Martolod, on s’équipe à bon compte de pas mal de matériel, dont cet
équipement important pour la météo et la sérénité (de l’équipage et de la
famille).
Gilets automatiques : nous en avons deux (Crewsaver) de bonne qualité, de la
génération précédente ; comme nous devrons les porter souvent, nous
choisissons en complément des gilets Spinlock, plus modernes et confortables.
Coupe hauban :
à l’achat de Thira, nous avons investi dans une énorme cisaille pour le cas
où ; depuis, quand je la regarde, bien accessible et bien calée sur son
étagère, je me demande bien ce que j’en ferais… Voilà bien un investissement
que je regrette ; j’emmène donc une meuleuse sans fil, avec des disques de bonne qualité;
je crois que ce serait ce que j’utiliserais en premier, si nécessaire…
Extincteurs : en plus des deux extincteurs à poudre obligatoires et à n’utiliser
qu’en ultime recours, car trop dangereux à mon avis, Thira est équipé d'un extincteur à CO2 (2 kg) et trois petits extincteurs à mousse Saveboat
(merci TriMart). D’autre part, j’ai été
séduit par le bâtonnet « Mangiafuoco » qui me parait le plus adapté
pour agir dans la cale moteur via l’ouverture aménagée dans le panneau.
ENERGIE
Nous n’avons plus que deux batteries de service de 120Ah,
probablement en fin de vie ; je vais les remplacer par 3x 120 Ah (c’est le
maximum que je puisse implanter, sans reconstruire le bateau), à Pb ouvert
Banner. J’ai longtemps hésité, mais l’équivalent AGM coûte deux fois plus cher
et mes batteries Exide gel (soi-disant la Rolls) m’ont coûté deux bras et
n’ont pas tenu longtemps (la première a lâché au bout de 3 ans, en détériorant
probablement les deux autres). J’emporte de quoi surveiller ces batteries, à la
limite de la parano.
Production :
l’année dernière, nous avons testé notre autonomie avec deux panneaux solaires
de 100W et l’hydrogénérateur Watt & Sea de 500W. Tant qu’on avance c’est
largement bon ; on améliore quand même avec un troisième panneau solaire
et une hélice plus grande pour le W&S. Reste le problème de l’autonomie au
mouillage…
EAU DOUCE
Nous avons opté pour un
petit modèle de dessalinisateur, le Katadyn PS- 40E ; il va nous
faire au maximum 5 litres par heure, mais notre choix a été guidé par
l’encombrement, le coût et le besoin. En fait, ce genre de matériel doit servir
régulièrement (tous les jours, c’est mieux). Sa faible consommation (4A),
pendant une à deux heures, devrait passer dans le bilan énergétique, sans
nécessiter le moteur. D’autre part, nous comptons sur lui pour fournir
uniquement l’eau potable, en plus des réserves qu’on aura emportées au départ
(bouteilles et tanks). On verra si nous avons eu raison.
MATÉRIEL DE RECHANGE ET D’ENTRETIEN
Pilote automatique : le boîtier de commande ST 6002 a été changé en 2012, la pompe
hydraulique également. En rechange, nous emportons un ensemble vérin/pompe.
Moteur :
on emporte tout ce qu’il faut pour l’entretien normal de 3 ans.
Pièces d’entretien des winches.
Hors Bord : à la livraison du moteur, je verrai avec le vendeur ce qu’il me
conseille d’emporter.
Petit matériel de bricolage en tout genre, visserie, poulies, manilles,
électricité…
Mastics, polyuréthane, polyester, colles…
ANNEXE
Nous avions une annexe
légère et un petit moteur, mais l’ensemble a ses limites : les petits
boudins permettent aux fesses de se rafraîchir, au ras de l’eau et le fond plat
ne freine pas la dérive ; le moteur d’occasion commence à se faire vieux
et pagayer contre le vent n’est plus un plaisir pour nous (s’il en fut
un !).
Je ne veux pas de portique,
ni stocker l’annexe sur le pont en navigation (les écoutes se coincent à chaque
virement de bord, je préfère éviter d’avoir à aller faire le singe à l’avant
par vent fort pour les démêler).
Nous avons opté pour une
annexe avec fond en V gonflable, et un moteur de 6CV. Ce n’est pas encore avec
ça que nous allons faire de grandes navigations, mais c’est un compromis ;
ce n’est pas trop lourd et on peut ranger l’annexe dans un coffre, pendant les
traversées.
ASSURANCE
AMLIN, comme d’autres, a
revu ses tarifs en 2015. Ces pauvres assureurs ne se déplacent plus à moins de
5 milliards d’euros de bénéfice par an. Il leur faut donc gagner sur tous les
contrats et la navigation aux Antilles leur donne des boutons, de même que
les procès potentiels en cas d’accident dans les eaux américaines. Bref, l’assurance
STW n’est plus ce qu’elle était et il a fallu chercher ailleurs : j'ai opté pour un groupe allemand, représenté par
Philippe Boyer, ancien responsable assurances de STW ; cela suppose de
faire expertiser Thira pour une valeur agréée.
MÉDECINE
Une visite au Centre de
vaccinations d’Air France nous a engagés dans une longue série de
piqûres : fièvre jaune, typhoïde, rage (3 fois !). Le reste est bon,
ou bien peut se faire à domicile. A noter que prendre des précautions de ce
genre n’est pas bien vu par la S.S., elle ne rembourse rien ; la mutuelle
veut bien un vaccin par an, mais n’aime pas les abus ; bref, ça finit par
revenir cher !
Visites régulières chez le
pharmacien pour constituer les provisions ; pour le moment, la Sécu n’a
pas encore demandé au Conseil de l’Ordre de rayer ce médecin traitant (non
nommé ici !), qui prescrit des doses hors norme.
En plus des traitements particuliers,
on va suivre à peu près la dotation recommandée par la réglementation (Annexe 224-A.5), complétée selon les
fantasmes personnels. Trimartolod nous a laissé son hôpital de campagne.
MAINTENANCE
Nous avons demandé au
chantier SMN de Port Grimaud (ancien représentant Wauquiez) de faire une
inspection systématique et de réaliser les travaux qui seront
nécessaires ; cela sera fait pendant le remplacement du gréement.
J’aurais bien offert un
hydrogommage de la carène à Thira, mais j’ai peur qu’il y ait des manifestations
dans la famille ; on verra…Finalement, à la sortie de l'eau, notre carène nous a fait pitié et nous avons craqué.
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