Voici
venu le moment du départ pour cette transat retour, tant redoutée mais aussi
tant désirée : 1 100M jusqu’aux Bermudes, puis 1 700M jusqu’aux Açores, au
total 2 800M sans compter les zigzags que nous ferons inévitablement pour
éviter les dépressions.
Sur
les conseils de nos amis routeurs Joël et Pierre-Henri, on a attendu que le
vent d’Est se calme et qu’il tourne au Sud ; ceci afin d’éviter de
louvoyer avec un vent contre courant qui lève une grosse mer, comme nous
l’avions expérimenté à notre arrivée sur Hemingway.
J1 : lundi 22 mai / mardi 23 mai
Départ
en fin d’après-midi après une brève averse, gros nuages noirs.
Le
dockmaster de la marina nous réclame fort habilement un
« pourboire » ; c’est le seul fonctionnaire parmi ceux que nous
avons rencontrés à Cuba qui l’ait fait.
Les
formalités de sortie se passent bien ; le douanier chargé démailloter
notre Iridium n’y voit que du feu, à moins qu’il fasse semblant de ne rien
voir.
A 19
heures, nous sommes libres ; sortie du chenal, on hisse les voiles en
gardant nos deux ris pour une nuit tranquille (bon plein, petit 4, mer peu
agitée), repas puis branle-bas de combat pour éviter de justesse un filet
dérivant heureusement éclairé ; deux virements de bord et on reprend notre
route.
Nuit
étoilée, sans lune ; on voit longtemps les lueurs de La Havane qui servaient de
repère au « Vieil homme et la mer ».
Beaucoup
de cargos, on croise leur route pour se rapprocher davantage de la Floride.
Le
vent monte en milieu de nuit (bon plein, force 5, mer peu agitée), on enroule
du génois ; emmenés par le Gulf Stream (environ 2,5 nœuds), on fait des
pointes à 10,4 nœuds ! Quelques vagues submergent le bateau mais la houle
nous laisse dormir un peu.
Beau lever de soleil sur les Bahamas.
Le
vent tourne et faiblit (travers, force 4) ce qui rend la navigation plus
confortable, on enlève un ris.
On
file très vite (parfois à plus de 11 nœuds) vers les Straits of Florida, passage
entre la Floride et les Bahamas mais on abat et le vent faiblit, on se traîne (grand largue, force
3)... Des cargos au loin, aucun voilier ; pas de terre en vue non plus.
Bilan
J1 (de 19H à 19H ; par commodité on garde l’heure antillaise sur le bateau,
soit UTC - 4 ou France – 6)
Position
: 25°18’ N ; 79°50’ W
Route
: 197M, ce sera sans doute notre record !
Moteur :
1H au départ de Cuba
Bilan
énergétique équilibré ; on a dû par deux fois enlever les sargasses qui
bloquaient l’hydrogénérateur
Pêche
: on va trop vite pour mettre les traînes à l’eau !
Repas :
dorade coryphène, bananes plantains, crème caramel maison.
J2 : mardi 23 mai / mercredi 24 mai
Au
large des îles Bimini, le vent monte, on prend le deuxième ris au changement de
quart de minuit (grand largue, force 5, mer belle), le bateau semble glisser
sur l’eau.
Une
dépression s’annonce sur l’Est de la Floride, au Nord des Bahamas ; à
quatre heures du matin, on pique vers l’Est dans le Providence Channel qui
passe entre Great Bahama et Great Abaco Islands au Nord et Andros au Sud
(travers puis bon plein, force 6 devenant 5, mer peu agitée, deux ris et un
bout de génois). On avance mais le Gulf Stream ne se fait plus sentir.
On
ralentit pour laisser passer un grain, le vent est perturbé ; il fait très
lourd, impossible d’ouvrir les hublots régulièrement arrosés, on branche le
ventilateur de Mamie Belle pour essayer de se reposer dans le carré ; mer
hachée, je suis presque malade !
Nombreux
cargos, on a du mal à distinguer les terres basses des Bahamas ; en fin de
journée, on atteint le Sud de Great Abaco Island, au bout du canal de
Providence qui débouche sur l’Atlantique.
Pas
d’arrêt prévu aux Bahamas : notre tirant d’eau ne nous laisse pas beaucoup
de possibilités et les frais d’entrée s’élèvent à 300 dollars...
Bilan
J2
Position
: 25°47’ N ; 77°13’ W
Route
: 153M, il reste 2 450M pour les Açores
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : positif
Pêche
: pas de tentative
Repas
: hachis parmentier de bananes plantains et fondant au chocolat.
J3 : mercredi 24 mai / jeudi 25 mai
On
remonte de nuit la côte de Great Abaco illuminée par des orages (grand largue,
force 5 à 6, deux ris et un mouchoir de poche de génois, mer peu agitée à
agitée), la navigation est confortable, on arrive bien à se reposer.
Soleil
blafard ce matin, à l’Ouest ciel grisâtre, un front froid doit passer devant
nous aujourd’hui ; on fait route vers le NNE pour récupérer derrière lui
du vent qui nous mènera près des Bermudes.
On
croise un navire de guerre des Bahamas qui fait demi-tour sur nous mais s’arrête ;
l’exercice du jour ne devait sans doute pas comprendre l’arraisonnement d’un
voilier français !
Tri
des provisions cubaines : je jette à la mer le pain qui tombe en miettes
et moisit, la confiture qui a fermenté et une mangue qui a mal supporté son passage
dans le conservateur.
En
milieu d’après-midi le temps se couvre, nuages et grains ; le vent tourne,
on change de tactique et on bifurque avec lui vers l’Est afin d’éviter cette
zone pluvio-orageuse. Grain avec pluie mais sans vent.
Quelques
dauphins viennent sauter et s’en vont.
Bilan
J3
Position
: 27°58’ N ; 75°18’ W
Route
: 159M, il reste 2 294M pour les Açores
Pas
de moteur.
Bilan
énergétique : à peu près équilibré
Pas
de pêche
Repas
: sauté de porc à la tomate, flageolets, fondant au chocolat.
J4 : jeudi 25 mai / vendredi 26 mai
La nuit,
orage devant nous - on ralentit pour le laisser passer - , puis derrière nous
et par le travers, plus éloignés ; on avance assez bien (petit largue,
force 5 à 6, mer peu agitée). Un seul cargo sur la route.
Le soleil, voilé ce matin, se montre ensuite. Le vent tourne légèrement au SW et faiblit
(grand largue, force 5, mer peu agitée).
Le
ciel se couvre en début d’après-midi, premiers coups de tonnerre ; un
énorme grain de 9M sur 6 n’arrive pas à nous dépasser, on enroule le génois
pour ralentir mais un deuxième le suit...
Un paille-en-queue tournoie autour du bateau.
Un
cargo passe derrière nous, dans la brume.
Bilan
J4
Position
: 28°26’ N ; 72°12’ W
Route
: 159M, il reste 2 138M à parcourir
Pas
de moteur
Bilan
énergétique équilibré
Pas
de pêche
Repas
: sauté de porc à la tomate, riz, bananes flambées.
J5 : vendredi 26 mai / samedi 27
mai
Le
ciel se dégage un peu, pas d’orage ce soir, la nuit devrait être tranquille ;
c’est sans compter sur le pilote qui choisit de disjoncter... Jacques et moi
avions pensé, sans oser le dire, que cela faisait longtemps que cela ne lui
était pas arrivé !
Le
vent faiblit (grand largue, force 4), on largue un ris au changement de quart
de minuit.
Petit
courant contraire, cela n’arrange pas nos affaires...
On
avance dans la brouillasse ; cinquième nuit sans lune, a-t’elle
disparu ? Non, elle se montre le jour.
Au
petit matin, on empanne et on largue le deuxième ris (grand largue, petit 4,
mer peu agitée) ; on n’avance plus, ré-empannage pour essayer de trouver un
peu de vent au SE, puis quelques heures de moteur, en vain...
On
ralentit pour bricoler sur le pont et sécuriser l’ancre ; au moment de
repartir, petit vent de 5 à 7 nœuds de travers, on avance à 3,5 nœuds dans la
bonne direction, une aubaine ! On espère en toucher un peu plus demain.
Soleil,
ciel bleu, mer belle, cela ressemble à des vacances ; on dessale et on
prend une douche bien méritée.
Bilan
J5
Position
: 28° 29’ N ; 70° 26’ W
Route
: 111 M, il reste 2 054M pour les Açores
Moteur
: 3H30
Bilan
énergétique : légèrement déficitaire
Pêche
: bref essai non concluant
Repas
: burritos au sauté de porc, compote de bananes à la vanille.
J6 : samedi 27 mai / dimanche 28
mai
On a
retrouvé la lune ! Un très joli croissant qui disparaît bien vite...
Nuit
étoilée et tranquille (grand largue, force 3 à 4, mer belle) ; il fait
frais et très humide. Trois cargos qu’on ne voit qu’à l’AIS.
On
fait route vers l’Est, la route directe serait d’aller vers le NE, mais elle
nous obligerait à faire du vent arrière et surtout nous emmènerait vers une
large zone sans vent.
Le
vent tourne, empannage à 4 heures du matin (petit largue, force 2 à 3, mer
belle à peu agitée) ; le soleil devrait nous permettre de recharger les
batteries car on ne va pas très vite... Toujours un courant contraire d’un
nœud qu’on n’explique pas, alors que le Gulf Stream n’est pas loin ;
c’est désespérant, à ce rythme on arrivera aux Bermudes dans une semaine...
Deux
paille-en-queue batifolent en poussant des petits cris, un genre d’hirondelle
vient se poser sur une barre de flèche.
On a
très bien dormi, le rythme est pris.
Bonne
fête à toutes les mamans, en particulier à Cécile et à Éliette !
La
préparation du spi nous demande plus de temps que d’habitude, on prend des
précautions ; bon bord qui nous fait bien progresser vers le NNE (grand largue,
force 3 à 4, mer belle) ; comme prévu, on l’affale à 15 nœuds.
Thira sous spi entre Bahamas et Bermudes
Bilan
J6
Position
: 29°26’ N ; 69°16’ W
Route
: 114M, il reste 1 974M pour Flores
Pas
de moteur
Bilan
énergétique équilibré
Pêche
: rien
Repas
: Gratin de bananes plantains, brie danois, quatre-quarts à la papaye.
J7 : dimanche 28 mai / lundi 29 mai
Belle
nuit, voie lactée et étoile filante, quelques nuages quand même ;
visibilité moyenne ; il fait froid mais moins humide, on supporte bien nos
cirés, demain il faudra mettre un pull supplémentaire.
Le
vent a tourné et baissé, on doit lofer pour conserver une vitesse correcte mais
on s’écarte de la route (grand largue, force 3, mer belle à peu agitée) ;
meilleur vent le matin (force 4).
Le
vent forcit, un bon 5 ; je réveille Jacques pour remonter les traînes,
ranger le spi resté sur le pont et prendre un ris ; tentative de vent
arrière, on avance avec un bon cap mais la houle rend le bateau instable et
nécessite une surveillance rapprochée... Empannage involontaire maîtrisé par le
frein de bôme, on reste tribord amures avec un cap vers l’Est (grand largue,
force 5, un ris, mer peu agitée).
Le
vent baisse et refuse, on enlève le ris et on empanne.
En
une semaine de navigation, on a fait un tiers de la route, de façon très
efficace les deux premiers jours, beaucoup moins depuis les Bahamas où nous
tirons des bords de largue avec des pannes de vent...
Bilan
J7
Position
: 30°38’ N ; 67°59’ W
Route
: 132M, il reste 1 886 M pour Flores
Moteur
: pas de moteur
Bilan
énergétique positif
Pêche
: rien, sauf quelques sargasses
Repas
: spaghetti à la bolognaise, ananas.
J8 : lundi 29 mai / mardi 30 mai
Étoiles et nuages, Orion au rendez-vous au-dessus du bimini, lune couchée avant minuit.
Plancton luminescent dans le sillage de Thira.
Route
pas mauvaise vers le NNE (grand largue, force 4, mer peu agitée) mais toujours
un petit courant contraire.
Un
tanker à éviter occupe une partie de mon quart ; Jacques, lui, essaie par
tous les moyens de trouver une solution pour ne pas être emprisonnés demain
dans la bulle anticyclonique qui grossit sur les Bermudes...
Soleil
puis couverture nuageuse ; pour l’instant, le vent se maintient (force 4
puis 3) et tourne favorablement, mais l’équilibre est toujours instable, les
voiles claquent régulièrement en raison d’une petite houle.
Le
fil de pêche se déroule après le repas, un gros poisson noir et allongé saute
et tire ; Jacques a du mal à le remonter, il essaie de le fatiguer, mais
le poisson se libère...
Le
vent qui avait faibli tombe en début d’après-midi, on met le moteur en
direction des Bermudes.
On
s’aperçoit alors que les batteries ne se chargent que par l’hydrogénérateur et
les panneaux solaires, l’alternateur ne fonctionne pas ; à voir...
Bilan
J8
Position
: 32°01’ N ; 66°40’ W
Route
: 121M, il reste 110M pour les Bermudes, 1 790M pour les Açores
Moteur
: 3H45
Bilan
énergétique : équilibré
Pêche
: presque !
Repas
: confit de canard, bananes plantains, quatre-quarts à la papaye.
J9 : mardi 30 mai / mercredi 31 mai
Une
petite brise se lève au milieu du dîner, on remet les voiles (bon plein, force
3, mer belle) en faisant route sur le Sud des Bermudes. On hésite à s’y arrêter
pour faire le plein de fuel si le vent nous lâche encore, ou continuer si la
météo est meilleure. En ce moment se déroule la Coupe de l ‘America,
peut-être l’occasion d’y faire un tour.
Belle
nuit étoilée ; devant nous semble briller un feu de mât, non, c’est
Arcturus !
Grand
soleil, il se lève plus tôt, mais se couche plus tôt aussi ; a priori, on
reste encore à l’heure antillaise. On a très bien dormi cette
nuit et ce matin, cela fait du bien.
Alternance
de voile et de moteur, puis assez bon bord de près (force 3) ; à midi, le
vent tourne par l’Est, virement de bord au Sud des Bermudes (bon plein,
force 2 à 1), peu de houle mais elle n’a pas tourné et fait battre les voiles.
On avance moins vite, mais dans la bonne direction, on décide de ne pas
s’arrêter aux Bermudes car cela nous obligerait à mettre le moteur à fond pour y
arriver avant la nuit.
Nouvelle
panne de vent, brise Volvo... Jacques vérifie l’alternateur et ne trouve
rien ; il fonctionne quand on met le moteur, sans doute un faux contact.
Le
dessal marche bien.
On
termine la journée à la voile sur une mer plate, attendant la risée qui fera
grimper la vitesse à plus d’un nœud ! On attache la bôme pour qu’elle ne
batte pas ; pas la peine de mettre le moteur, il y a du vent nulle part...
Un peu de vent se lève à l’apéro, quand le soleil se couche.
Les
épreuves de l’America’s Cup ont été annulées aujourd’hui.
Les
Bermudes sont des récifs coralliens baignés par le Gulf Stream, un courant
chaud, ce qui explique leur présence à une latitude aussi haute.
Joël
nous a fait un topo sur le fameux Triangle des Bermudes, beaucoup de
légendes et une réalité géographique :
- le
Gulf Stream chaud qui remonte au Nord avec beaucoup de tourbillons
- le
courant du Labrador froid qui vient terminer sa course vers le Sud avec sans
doute un peu d'upwelling comme au large du Portugal
-
des vents qui peuvent être violents en rafales le long de côte Est des USA
orientés Nord ou Sud
Ces
trois éléments qui créent quasi instantanément des mers énormes et des
brouillards intenses entre les USA et les Bermudes, ont eu raison de très gros
bateaux sans doute avec des vagues scélérates et/ou des erreurs de navigation à
cause du brouillard.
Une
raison majeure pour un routage qui
éloigne nos petits bateaux de cette zone potentiellement dangereuse.
Bilan
J9
Position
: 32°10’ N ; 64°52’ W
Route
: 96M, nous sommes arrivés aux Bermudes et à 1 703M des Açores
Moteur
: 5H15
Bilan
énergétique : équilibré
Pêche
: rien
Repas
: patates douces en tartiflette, quatre-quarts à la papaye.
J10 : mercredi 31 mai / jeudi 1er
juin
Nuit
claire, une petite brise fort agréable s’est enfin levée (près, force 3, mer
belle).
On longe
la côte des Bermudes et on croise un voilier qui s’éloigne.
La
lune se couche, les lumières des Bermudes s’éloignent et disparaissent ;
nous sortons des cartes marines, nous voilà lancés sur l’océan avec les Açores
comme horizon.
Le
vent tourne, nous avec lui ; nous avons un courant favorable d’un nœud.
Au
petit matin, le vent faiblit, nous faisons de l’Est (grand largue, force 2) ;
la journée est tranquille, ensoleillée, dommage qu’une longue houle de face ait
tendance à faire claquer les voiles...
Un
peu plus de vent en fin d’après-midi et au coucher du soleil (force 3 à 4).
Le
pilote a disjoncté trois fois aujourd’hui, alors qu’il n’était pas violemment
sollicité.
A partir de maintenant, nous allons suivre le
train des dépressions qui suit dans l’Atlantique Nord, une route NE, des États-Unis à l’Europe ; à nous de profiter des vents portants en nous plaçant
en bordure de ces dépressions ; entre deux, des zones de calme...
Bilan
J10
Position
: 32° 26’ N ; 62° 55’ W
Route
: 91M (un peu plus si on tient compte du courant), il reste 1 610M pour les
Açores
Moteur
: non
Bilan
énergétique : à peu près équilibré
Pêche
: bredouille
Repas
: Risotto champignons et confit de canard, fondant au chocolat
J11 : jeudi 1er juin / vendredi 2
juin
Changement
de fuseau horaire, UTC -3 depuis hier, il va falloir qu’on modifie
progressivement nos horaires de repas pour en être en phase à l’arrivée aux
Açores.
Une
petite dépression s’annonce pour dimanche 4 ; une autre beaucoup plus
vaste se formera près de la Floride le 7 pour arriver le 9 ; elle sera
beaucoup plus basse qu’habituellement, l’anticyclone des Açores étant décalé
vers le Sud. La préconisation de Joël est de faire de l’Est pendant une semaine
afin de la dépasser et de remonter ensuite avec elle vers les Açores avec des
vents portants ne dépassant pas 15 à 20 nœuds.
Nuit
claire, une demi-lune nous accompagne la première moitié de la nuit.
Le
vent s’est levé, on fait route vers l’Est à une bonne vitesse (largue, force 4
à 5, mer peu agitée) ; le vent faiblit le matin et tourne légèrement
(grand largue, force 3) ; il se maintient et monte en fin d’après-midi, on
prend un ris avant la nuit (largue, force 4, un ris, mer peu agitée). La
journée a été ensoleillée avec un vent correct, une navigation agréable et
reposante.
Les
provisions de produits frais s’épuisent, le pain depuis longtemps, la viande et
les œufs depuis quelques jours et on a mangé les derniers fruits et tomates
hier ; il nous reste des crackers cubains, du brie danois, du beurre, des
patates douces, des fruits déshydratés et de nombreuses conserves. Un poisson
frais serait le bienvenu !
Bilan
J11
Position
: 32° 28’ N ; 60°23’ W
Route
: 129M, il reste 1 493M pour les Açores
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : positif, batteries chargées à bloc
Pêche
: un poisson volant !
Repas
: tartiflette de patates douces, brie, fondant au chocolat.
J12 : vendredi 2 juin / samedi 3
juin
Bon
vent cette nuit, Thira ronronne (largue, force 4, un ris, mer peu agitée) ;
puis au fur et à mesure que le vent monte (force 5), il joue à saute-mouton sur
les vagues, on enroule le génois complètement pour dormir.
Temps
nuageux ce matin, on croise un cargo.
On
cherche une solution pour éviter la pluie de la nuit prochaine, ce serait
d’accélérer pour la précéder, il suffirait de faire plus de 7,5 nœuds de
moyenne ; on déroule le génois (largue, force 4 à 5, mer peu agitée), moyenne
atteinte mais elle sera difficile à garder jusque 23 heures... Une autre
solution serait de passer un peu plus au Sud pour avoir moins de vent et de
pluie, on lofe de 10°.
Jacques
barre une heure pour le plaisir.
A
midi, le vent a faibli (force 4) on commence à surveiller le train de nuages
qui passe au loin devant nous. Petit grain non violent, le vent revient.
C’est
alors qu’on voit le point d’amures du génois batifoler avec sa manille ouverte,
Jacques la remet en place sans difficulté, il faudra assurer le manillon.
Prise
d’une nouvelle météo pour la nuit, on lofe davantage pour éviter le gros des
grains et on prend le deuxième ris ; le vent tombe, on se sent ridicule
avec nos deux ris !
Bilan
J12
Position
: 32°02’ N ; 57°34’ W
Route
: 148M, il reste 1 374M pour les Açores, nous avons fait la moitié de la route
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique à peu près équilibré
Pêche
: rien
Repas
: petit salé aux lentilles, fondant au chocolat
J13 : samedi 3 juin / dimanche 4
juin
Le
vent se lève brusquement en début de nuit, on contourne la zone litigieuse par
le Sud (bon plein, force 4, deux ris et génois, mer peu agitée) puis on abat
vers l’Est (travers, force 5) ; de petits grains traversent notre route,
on les évite au maximum en prenant soin de les suivre au radar ; l'un nous
rattrape, pluie et vent pendant cinq minutes, quelques éclairs, on met
l’iridium dans le four et on enroule le génois.
La
navigation est moins confortable avec
une houle courte de travers (force 5 à 6), on joue à la
balançoire ; léger courant favorable.
Large
couverture nuageuse le matin qui s’épaissit ; crachin breton puis
pluie ; à midi, un grain violent mais bref (force 6 à 7, rafales
indéterminées), on enroule complètement le génois.
Grosse
pluie pendant quelques heures - connexion iridium difficile - , ciel dégagé
lors du repas du soir, ciel noir devant...
On
prend le troisième ris avant la nuit pour parer à toute éventualité et aussi
pour ralentir et laisser s’évacuer la pluie et le vent ; un élastique qui
retient la voile sur le mât a sauté, à remplacer lors de la prochaine panne de
vent.
Belles couleurs au coucher du soleil
Bilan
J13
Position
: 31°54’ N ; 54°32’ W
Route
: 147M, il reste 1 236M avant les Açores
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : équilibré
Pêche
: pêcheur en congé dominical
Repas
: gratin de patates douces, figues séchées.
J14 : dimanche 4 juin / lundi 5
juin
Le
vent faiblit puis commence à tourner, le ciel se dégage ; à minuit on
empanne et on largue le troisième ris (grand largue, force 4, deux ris et
génois, mer peu agitée) ; petit courant contraire.
Le
matin, on largue tous nos ris (travers devenant près, petit 4 devenant 3, mer
peu agitée), on avance assez bien vers l’ESE avant la pétole... On
attend que la dépression du 8 soit passée pour commencer à monter vers le Nord.
On
n’a jamais aussi bien dormi, autant cette nuit que ce matin, cela fait du bien
de récupérer.
A
l’heure de la sieste, on croise à moins d’un mile un catamaran de 12 mètres,
Mandala ; appels VHF et ASN, sans réponse, on est déçus...
Soleil,
mais le vent faiblit et tourne ; on s’octroie une heure de moteur avant la
nuit pour remettre l’élastique de la voile et modifier la prise du troisième
ris.
Bilan
J14
Position
: 31°40’ N ; 52°31’ W
Route
: 123M, il reste 1 142M pour les Açores
Moteur
: 1H
Bilan
énergétique : équilibré
Pêche
: rien
Repas
: taboulé, moules à l’escabèche, fromage danois « tipo Brie », salade
de fruits.
J15 : lundi 5 juin / mardi 6 juin
Navigation
au ralenti en début de nuit (près, force 3, mer belle) ; en deux semaines,
la lune a bien grossi et éclaire la nuit, nuages, quelques étoiles.
Des grains
se forment sous le vent mais nous rattrapent ; on échappe au premier et au
deuxième, mais avec le troisième, on rentre dans une zone de pluie, sans
davantage de vent.
Éclaircies puis à nouveau de la vraie pluie en début de matinée ;
ensuite, soleil et pétole, on patiente jusque midi où le vent revient de SSW,
comme prévu par Météo France (travers puis largue, force 3 devenant 4, mer
belle à peu agitée).
Prise
d’un ris avant la nuit, Jacques voit le rayon vert.
A la
place de faire du NE pour les Açores, on va se diriger vers le SE pour passer au Sud de
la dépression de jeudi, c’est pourquoi on progresse peu sur la route ; on
va plutôt vers Madère ou les Canaries !
Bilan
J15
Position
: 31°23’ N ; 50°48’ W
Route
: 102M, il reste 1 076M pour les Açores
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : équilibré
Pêche
: des sargasses et encore des sargasses, un oiseau vient régulièrement
surveiller les rapalas
Repas
: burritos à la bolognaise, pâte de goyave.
J16 : mardi 6 juin / mercredi 7
juin
La lune
éclaire la nuit, navigation tranquille (largue, force 4, un ris, mer peu
agitée), on avance assez bien vers l’Est.
Le
pilote disjoncte, pour rattraper rapidement la situation il suffit de le
reconnecter immédiatement, encore faut-il être à côté...
Très
bonne nuit, je m’endors même pendant mon quart, rappelée à l’ordre par la
minuterie que je mets à sonner tous les quarts d’heure ; Jacques utilise
son téléphone et s’octroie des pauses de vingt minutes pendant lesquelles il
dort régulièrement.
Soleil
ce matin ; à la prise de la météo, on lofe vers le SE pour ralentir pendant
deux jours (travers, force 4 à 5, deux ris et génois enroulé, mer peu agitée) ;
on vise le 30° N, 48° W, ensuite on remontera vers le Nord vendredi, quand la
dépression sera passée et que le vent basculera au NE ; navigation
reposante à 3 nœuds mais pas hyperconfortable...
Deux
cargos se croisent derrière nous.
Toujours
pas de poissons mais quelques méduses à voile, transparentes avec un petit
liseré bleu, très jolies.
Bilan
J16
Position
: 30°47’ N ; 48°33’ W
Route
: 120 M, il reste 1 000M pour les Açores
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : à peu près équilibré
Pêche
: rien
Repas
: confit de canard, patates douces rissolées à la graisse de canard, crème à la
vanille, vin chilien.
J17 : mercredi 7 juin / jeudi 8
juin
Ciel
clair, la lune presque pleine illumine la mer.
Navigation
frustrante : avoir du bon vent et une mer calme, et marcher au ralenti en s’éloignant
des Açores ! De surcroît, on a un courant de plus d’un nœud qui nous
entraîne au SW et nous gênera pour remonter. INavX, après nous avoir annoncé
une arrivée en janvier 2018, y a renoncé...
Nouvelles
données météo au petit matin : la dépression se décale plus rapidement que
prévu - on a du mal à s’en rendre compte car notre météo arrive avec 8 heures
de retard -, nos Thirarouteurs préconisent de faire route aujourd’hui vers l’ESE ; on déroule le génois (grand largue, force 4 à 5, deux ris et génois,
mer peu agitée), c’est meilleur pour le moral ! On avance assez bien,
petit courant contraire.
Poissons
volants, mais rien à l’hameçon, où sont donc passés les poissons ? Les
fils de pêche s’emmêlent et occupent Jacques une partie de l’après-midi...
Fournée
de brioches, pas très montées mais bonnes, elles amélioreront nos
petits-déjeuners.
Bilan
J17
Position
: 29°48’ N ; 46°58’ W
Route
: 95 M, il reste 971M jusqu’aux Açores, on a fait enfin les deux tiers de la
route !
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : équilibré
Pêche
: rien...
Repas
: confit de canard, haricots verts, crème à la vanille.
J18 : jeudi 8 juin / vendredi 9
juin
Pleine
lune, ciel clair pour le moment.
Empannage
après le repas du soir, on monte enfin vers le Nord mais on doit encore
traverser la queue de la dépression en
fin de nuit.
On
échange nos quarts, je prends le premier moins venté (travers, force 4 à 5,
deux ris et demi-génois, mer peu agitée mais désordonnée), et laisse à Jacques
le deuxième (petit largue, force 6, trois ris et demi-génois, mer agitée mais
mieux formée) ; entre les deux, on prend le troisième ris pour plus de
confort.
Un
peu de pluie au petit-déjeuner, juste de quoi mouiller les coussins restés
dehors.
A 8H20,
renverse des vents en cinq minutes, de SW force 6 à NE force 6 ;
la première dépression qui nous avait emmenés 200M au Sud est enfin passée, on
contourne maintenant la deuxième par l’Ouest.
Une
journée entière de navigation sportive (près, force 6, trois ris et un mouchoir
de poche, mer agitée avec une houle de face), Thira gite et tape dans les
vagues, quelques-unes le submergent, on n’avance pas très vite... On fait du
NNW en attendant que le vent tourne, pas encore le NE pour les Açores mais la
situation s’éclaircit.
Le
vent baisse en fin d’après-midi et la houle s’atténue, on déroule du génois et
on marche au bon plein.
Bonne
sieste, on a appris à dormir dans toutes les conditions ! Le froid tombe
avec la nuit, repas du soir à l’intérieur.
Bilan
J18
Position
: 31°54’ N ; 47°08’ W
Route
: 137M, il en reste 901 pour Flores
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : équilibré
Pêche
: les traînes sont au repos
Repas
: service minimum, chips de patates
douces, toasts à la terrine de volaille boucanier, brie, pâte de goyave.
J19 : vendredi 9 juin / samedi 10
juin
La
nuit s’annonce plus tranquille ; le vent baisse, la houle aussi mais de
face, elle reste gênante (près, force 5 devenant 4, mer peu agitée) ; on
enlève nos ris.
Le
vent tourne petit à petit, on gagne vers le Nord, légèrement sur l’Est ;
il faiblit (bon plein, force 3, houle résiduelle), on avance lentement mais il
y a d’éphémères moments où on marche bien.
La
consigne est de faire du moteur à 6 nœuds vers le Nord pour rattraper demain
du vent de SW qui nous mènera aux Açores ; quand on le démarre à midi, grosse
vibration de l’hélice qui hier était restée bloquée un moment en marche
arrière ; on affale les voiles pour arrêter le bateau et Jacques plonge,
sécurisé par un bout ; rien dans l’hélice, il arrive à la manipuler ;
redémarrage du moteur sans vibration, à revoir aux Açores...
Changement
du clou de l’hydrogénérateur qui était tordu.
Au
coucher du soleil, cliquetis du moulinet, tous sur le pont ; au bout de la
traîne, un petit poisson long avec rostre, bébé espadon ou marlin, qui
s’échappe quand Jacques le remonte...
Bilan
J19
Position
: 33°42’ N ; 46°44’ W
Route
: 117M, il reste 828M avant les Açores
Moteur
: 5H30
Bilan
énergétique positif, batteries complètement chargées
Pêche
: presque...
Repas
: spaghetti à la bolognaise, brie, papaye et mangue déshydratées.
J20 : samedi 10 juin / dimanche 11
juin
Lever
de lune sur une mer d’huile ; à minuit, un léger vent qui tourne par
l’arrière, pas encore suffisant pour se passer du moteur d’autant plus qu’on a
un courant contraire d’un demi-nœud ; le ciel se couvre.
Au
lever du jour, le vent est meilleur ; le vrombissement du moteur est remplacé
par le clapotis des vagues sur le bateau, la douce musique du vent dans les
haubans et plus tard par le ronronnement de Thira et celui du Watt and Sea
(grand largue, force 3 à 5, mer belle à peu agitée).
A
dix miles devant nous, un cargo parle à un autre bateau dont on n’entend pas
les réponses et lui souhaite bonne chance, peut-être un voilier en route vers
Flores ?
Empannage
puis bord de vent arrière (force 5 devenant 4 puis 3) qui nous mène enfin dans
la bonne direction ; un peu instable en raison de la houle, mieux si on
borde la voile.
Récupération
d’un saladier d’eau de mer sous la couchette avant, problème récurrent quand, comme hier, on
prend des paquets de mer dans la baille à mouillage.
Jacques
inspecte le câble d’inverseur du moteur, il rajoute un écrou qui semble manquer
côté moteur, mais est-ce la cause du problème ? On lance le moteur une
heure pour le tester en marche avant et se rapprocher du vent.
Bilan
J20
Position
35°12’ N ; 45°50’ W
Route
: 132M, Il reste 748M pour les Açores
Moteur
: 10H30
Bilan
énergétique : équilibré
Pêche
: les lignes s’emmêlent lorsque le système électronique disjoncte, mais cette
fois, on arrive à les démêler ; bien sûr, les poissons se contentent de
rigoler à l’arrière du bateau.
Repas
: Mouton sauté, flageolets et carottes, « crème de guerre » ; la
crème de guerre, c’est le dessert que ma maman faisait pendant la guerre avec
ce qu’elle obtenait de ses tickets de rationnement ; cela s’apparente à
une béchamel caramélisée, meilleure si on peut rajouter des œufs mais on n’en
a pas.
J21 : dimanche 11 juin / lundi 12 juin
Ciel
couvert et bruine.
On
avance tranquillement (petit largue, petit 4) vers le NE et les Açores,
enfin !
Les
conditions météo sont bonnes les prochains jours mais une forte dépression est
attendue sur Flores la semaine prochaine ; nos Thirarouteurs envisagent de nous
faire atterrir à Faial, dans le port d’Horta mieux protégé et hors du circuit
de la dépression ; 100 miles de plus à faire, mais on n’est plus à une journée
près !
Au
lever du jour, le vent tourne légèrement et forcit (grand largue, force 5, grand-voile
et demi-génois, mer peu agitée mais confuse), on avance vers l’ENE avec près
d’un nœud de courant contre nous.
Moins
de vent et de houle, bord de vent arrière (force 4), le courant disparaît.
A
midi, à côté de nous, Happy Sea un catamaran français parti des Bermudes qui
vient de voir passer une baleine entre nous deux ! Échange de procédés d’appel
MMSI et d’informations météo, il optera peut-être aussi pour Faial.
Bilan
J21
Position
: 35°38’ N ; 43°19’ W
Route
: 133 M, il reste 624M pour Flores mais 724 M jusqu’à Faial
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : légèrement déficitaire
Pêche
: rien
Repas
: quenelles de brochet sauce Nantua, riz, crème au caramel.
J22 : lundi 12 juin / mardi 13 juin
Ce
soir, pas de coucher de soleil, pas de lever de lune, pas d’étoiles mais
un ciel bouché, de la bruine et une mauvaise visibilité ; on sera d’autant
plus vigilants qu’on sait qu’un voilier tire des bords dans les environs.
Vent
arrière puis grand largue quand le vent tourne (force 3 devenant 4) ; au
petit matin, le vent tourne dans l’autre sens, on reprend le vent arrière
(force 3 puis 4) ; depuis deux jours, cette alternance nous permet de
faire un bon cap, mais entre 4 et 5,5 nœuds seulement...
Beau
ballet de dauphins à l'aube, avec trois dauphins étoiles ondoyant en parfaite
synchronisation ; énormes méduses à voile.
Couche
nuageuse moins dense, il faut attendre midi pour avoir du soleil et une belle
mer bleue.
Le
vent forcit, on empanne pour faire un peu de NE (grand largue, force 5, mer peu
agitée), on avance assez bien ; à nouveau un bord de vent arrière (force
4).
Des
nouvelles de Happy Sea qui a fait un peu de moteur cette nuit et est à 8 miles
devant nous ; plus chanceux que nous, il a pêché un marlin.
Fournée
de pain car les crackers cubains s’épuisent.
Bilan
J22
Position
: 36°13’ N ; 40°44’ W
Route
: 129M, il reste 596M pour Faial
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : positif, batteries chargées
Pêche
: rien, mais du poisson dans les quenelles !
Repas
: toasts à l’émietté de thon au piment d’Espelette, quenelles de brochet, riz,
papaye et mangue déshydratées
J23 : mardi 13 juin / mercredi 14
juin
Bord
de grand largue pour la nuit (force 4 à 5 devenant petit 4) ; on court
après le vent au NNE, le problème c‘est que c’est toujours lui qui gagne...
Ciel
nuageux le matin et soleil l’après-midi ; on croise une tortue qui ne
semble pas très vivace et deux groupes de dauphins peu joueurs.
On
rattrape enfin le vent, bord de vent arrière puis empannage et bord de grand
largue qui nous mène enfin dans la direction de Faial, ENE (grand largue, force
4 puis 5, mer peu agitée), Thira ronronne et trace !
Jacques
essaie de tenter le poisson avec une troisième traîne qui s’emmêle avec les
deux autres...
En
fin d’après-midi, le temps se couvre, la dépression arrive plus tôt que
prévu ; on prend deux ris avant la nuit et on lofe légèrement pour faire
de l’Est (petit largue, force 5 à 6, deux ris et tiers de génois, mer agitée).
Bilan
J23
Position
: 37°27’ N ; 38°38’ W
Route
: 127M, il reste 480M jusqu’à Horta
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : positif, soleil et vitesse, les batteries sont chargées à
bloc
Pêche
: rien...
Repas
: civet de canard aux cèpes, haricots verts, turron.
J24 : mercredi 14 juin / jeudi 15
juin
Moins
de vent pendant la nuit, on déroule le génois et on enlève un ris au
premier changement de quart et le deuxième au lever du jour (grand largue,
force 4, mer agitée).
Jacques
n’a pas réussi à me réveiller à minuit et a pris un très long quart, j’essaie
de lui rendre la pareille !
Aujourd’hui,
il bichonne ses traînes, leur parle gentiment, change trois fois de leurre et
les démêle sans rouspéter : peine perdue, il n’y a même plus de sargasses
à pêcher, par contre il perd un rapala...
Confection
de brioches.
On
croise un tanker gazier et plusieurs cargos ; hier, on a perdu le contact
VHF avec Happy Sea qui doit être trop loin devant...
Le
temps s’est éclairci, du soleil après la bruine ; on navigue à la lisière
d’une dépression que l’on précède et qui doit s’évacuer samedi par le Nord ;
trois jours d’un bon vent portant dont on essaie de profiter au maximum, ni
trop près, ni trop loin (grand largue à petit largue, force 4 à 5 puis 6, grand-voile et
génois, mer peu agitée à agitée) ; on marche bien, dans la direction des
Açores.
Au
total, une bonne journée ensoleillée avec le vent qu’on aimerait avoir tous les
jours !
Bilan
J24
Position
: 37°53’ N ; 35°39’ W
Route
: 150M, il reste 335M jusqu'à Horta
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : positif
Pêche
: bredouille...
Repas
: civet de canard aux cèpes, haricots verts, crème de marron.
J25 : jeudi 15 juin / vendredi 16
juin
Nuit
étoilée mais sans lune ; une barre nuageuse sur l’arrière babord annonce
la dépression.
Le vent
monte, on enroule du génois (grand largue, force 5 à 6, mer peu agitée à agitée) ;
on lofe légèrement quand le vent baisse, on abat quand il monte ; on trace
à 7 nœuds de moyenne pendant toute la nuit.
Le
vent baisse régulièrement dans la journée mais tourne favorablement (travers,
force 4, mer peu agitée), on maintient une moyenne correcte.
Une
nouvelle dépression arrive lundi, on prévoit donc d’être dimanche matin à Faial
en s’aidant du moteur quand notre vitesse descendra en dessous de 5,5 nœuds.
L’anticyclone
des Açores est parti en vacances dans le Sud, laissant le champ libre aux
dépressions, ce qui n’est pas habituel...
Aujourd’hui,
le pêcheur fait grève, on ne mangera pas de poisson.
Fournée de pain de campagne
Encore
une très bonne journée de navigation au soleil, on commence à penser à
l’organisation de notre visite des Açores.
Bilan
J25
Position
: 38°26’ N ; 32°22’ W
Route
: 158M, il reste 178M avant Horta à Faial
Moteur
: 0H
Bilan
énergétique : positif
Pêche
: pêcheur en grève illimitée
Repas
: toasts tomate mascarpone, petit salé aux lentilles, brie, crème de marrons.
J26 : vendredi 16 juin / samedi 17
juin
La
nuit s’annonce calme, le vent se maintient et on marche bien (travers, force 4
à 5, mer peu agitée) ; on croise plusieurs cargos et tankers, et aussi un
grand voilier qui se dirige vers Faial.
Un
cliquetis de moulinet me tire du lit ; le pêcheur, très malin, n’a pas
prévenu les poissons qu’il reprenait le travail ; un s’est laissé prendre,
une petite bonite, mais bon, on ne va pas chipoter !
Jacques, tout content de cette première véritable prise de la
saison !
Grand
soleil, le vent faiblit progressivement, on avance tranquillement à 5 nœuds ou
moins (petit largue, force 3, mer belle à peu agitée) ; impossible d’arriver à
Horta avant la nuit, on prévoit l’atterrissage pour demain matin à 8 heures.
A
priori, l’heure des Açores correspond à UTC, on avance sérieusement nos heures
de repas pour être en phase à l’arrivée.
Soudain,
une myriade de bateaux apparaît à l’AIS : des cargos, des pêcheurs, quatre
voiliers qui convergent vers Horta et vingt bateaux agglutinés (départ d’une
régate, non puisqu’ils ne bougent pas de la journée, observation de cétacés ou
concours de pêche ?) ; et c’est sans compter tous ceux qui, comme
nous, n’ont pas d’AIS, on espère qu’ils nous laisseront une place au port.
La
nuit, ils n’ont toujours pas bougé et c’est alors qu’on comprend notre méprise :
les bateaux sont dans le port d’Horta ! Sur le PC, on n’a pas de carte,
Faial est vaguement dessinée, décalée de 6M au Nord ; sur l’iPad, on a la
bonne carte, mais pas l’AIS.
En
fin d’après-midi, on met le moteur à 1 200 tours, en soutien des voiles, pour
faire du 5 nœuds.
Bilan
J26
Position
: 38°31’ N ; 29°19’ W
Route
: 141M, il reste 36M avant Horta, on touche au but !
Moteur
: 2H30
Bilan
énergétique : positif
Pêche
: une bonite !!!
Repas
: le midi, carpaccio de bonite ; le soir, bonite sauce tomate, macédoine
de légumes, crème de marron.
J27 : samedi 17 juin / dimanche 18
juin
Vingt-septième
et dernière nuit de navigation !
Beaucoup
d’étoiles mais la nuit est brumeuse ; très vite, on voit apparaître les
lumières d’Horta et on retrouve un peu de vent (travers, force 3 à 4, mer
belle).
En
longeant la côte Sud de Faial, on ralentit en enroulant du génois ;
lumières blanches le long de la route et lumières rouges sur les reliefs
côtiers ; au large, pêcheurs au lamparo.
On
contourne la masse noire du Monte da Guia pour entrer dans le canal entre Faial
et Pico.
Entrée
dans l’avant-port de la marina de Horta au lever du jour, un marinero nous fait
mettre à couple le long de la jetée du bassin Sud en attendant l’ouverture de
la marina ; on a le temps de ranger le bateau et de déjeuner avant la pluie.
Accueil
sympathique, formalités d’immigration et de douanes vite expédiées, les Açores
sont portugaises et font partie de la CEE ; amarrage définitif à
couple le long de la jetée du bassin Nord ; nous sommes en troisième
position, ce qui ne facilite pas les passages à terre mais le bateau est en sécurité.
Bilan
J27
Position
: 38°32’ N ; 28°37’ W
Route
: 48M
Moteur
: 2H30
Bilan
énergétique : équilibré
Pêche
: abstinence, pas de pêche la nuit.
BILAN DE LA TRAVERSÉE
En
26 jours et demi, nous avons parcouru 3 469M, alors qu’il n’y a que 2 900M entre
La Havane et Horta en ligne directe ; la fuite au Sud pour éviter la
dépression et les bords de grand largue expliquent la différence ; l’influence
des courants est négligeable bien que le Gulf Stream nous ait bien aidés les
deux premiers jours.
Vitesse
moyenne : sur l’eau, 5,4 nœuds, mais sur la route directe seulement 4,5 nœuds
Consommation
d’eau : environ 300 litres, il nous en reste 160
Consommation
de fuel : nous avons fait 35H30 de moteur et utilisé 78 litres de
fuel ; nous avions encore droit à 87H30 de moteur, heureusement qu’on
n’avait pas acheté d’autres bidons !
Le mot du capitaine
Tout
d’abord, il faut reconnaître le cran d’Odile, qui au départ, ne voulait pas
traverser seulement à deux ; puis, elle a réussi à se convaincre que nous
en étions capables. Oh ! il y a bien eu quelques « j’en ai
marre » ou « mais qu’est-ce que je suis venue faire dans cette
galère », mais c’était au début, parce qu’il n’y avait pas de vent. Dans
les situations délicates, elle s’est montrée à la hauteur et a même eu parfois
(pas toujours !) raison contre le capitaine.
Puis
la sérénité s’est installée, sûrement grâce à la confiance inébranlable en son
capitaine, mais aussi, surtout, parce que nous avions deux anges gardiens-routeurs,
Joël et Pierre-Henri, qui veillaient sur nous en surveillant la météo. Avec
leurs conseils, nous n’avons jamais été dans une situation critique ; nous
terminons fatigués, sûrement, mais pas éprouvés. Nous les remercions chaleureusement
pour leur aide.
Et
toute cette traversée s’est très bien passée ; 27 jours en mer, ça paraît
long depuis la terre, mais à bord, pas tant que cela ; on ne fait pas
grand-chose, mais on ne s’ennuie jamais.
Comme
tout au long de la traversée, nos Thirouteurs nous ont prodigué moultes injonctions,
je les rapporte ici, sous la forme des dix
commandements aux Thiranosaures, équipage de Thira :
Toujours
tu ménageras ta monture, ainsi Thiraloin,
Jamais
tu ne seras Thiranik avec l’équipage,
Au
sud d’une dépression, Thiralest, quand elle est passée,Thiranorest,
Si les
dieux ne le veulent pas, Thirapala,
Si Poséidon
te le permet, Thirailleurs,
Si
le pain moisit, tu traiteras le bateau au Thirame,
Jamais
tu ne seras Thirauflancs,
Rapidement
tu choisiras si Thira ou Thirapas,
En
pêche, tu ne lésineras pas sur la qualité de tes Thirapalas,
Et si
le sel s’en mêle, tu rinceras tes Thirastas.
Et
en conclusion de cette longue transat, cette morale :
Patience
et longueur de temps valent mieux que Thirâler ni qu’être Thiraillés par le stress.
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