HISTOIRE (d’après le Guide Vert
Martinique)
Amérindiens
La
Martinique était habitée bien avant la venue des Amérindiens qui l’ont
surnommée Madinina, l’île aux fleurs.
Les
Arawaks pratiquaient l’agriculture et la poterie ; ils ont été supplantés
par les guerriers Caraïbes dont les femmes tissaient le coton et d’autres
plantes pour en faire des hamacs et des paniers.
La colonisation
Après
le débarquement de Christophe Colomb, les Antilles deviennent espagnoles ;
les corsaires du vieux continent s’attaquent aux navires espagnols et au début
du XVII° siècle, le français Pierre Belain d’Esnambuc s’installe en Martinique.
Les Caraïbes sont massacrés et décimés par les maladies.
Colbert
crée la Compagnie des Indes Occidentales et les premiers colons vont former
l’aristocratie des « Grands Blancs » qui cultivent le tabac, l’indigo
et introduisent la canne à sucre.
Les
engagés ne suffisant plus pour travailler dans les champs, les colons ont
recours à la traite des Noirs ; pendant le XVIII° siècle, deux millions de
Noirs seront emmenés en Amérique dans des conditions inhumaines ; ils sont
achetés à des monarques africains du golfe de Guinée contre des étoffes, de
l’alcool, des armes et revendus aux colons antillais ; les bateaux
repartent en Europe chargés de diverses marchandises, c’est le commerce
triangulaire.
Le
Code Noir régit la vie des esclaves qui ne peuvent rien posséder et restent
attachés à l’habitation où ils travaillent ; le travail de coupeur de
canne à sucre est particulièrement pénible, les nègres à talents et les
serviteurs qui travaillent dans la maison du maître sont mieux lotis.
Le
marronnage est puni, l’esclave en fuite aura une oreille coupée ou sera même
mis à mort à la troisième tentative d’évasion.
Certains
sont affranchis mais eux-mêmes propriétaires d’esclaves ; la classe
métisse se développe.
De la Révolution à l’abolition de l’esclavage
Les
colons sont mécontents des décisions prises par Paris et les esclaves
s’éveillent aux idées de libération ; la Révolution lance la confrontation
entre les Petits Blancs, patriotes et les Grands Blancs, planteurs soutenus par
les mulâtres qui sont dans le camp de la réaction ; en 1794, la Convention
décrète l’abolition de l’esclavage mais les planteurs ont demandé l’aide des Britanniques
qui s’installent jusqu’au traité d’Amiens en 1802.
Bonaparte
conseillé par l’impératrice Joséphine, une Martiniquaise, rétablit l’esclavage ;
en 1848, Victor Schoelcher obtient enfin l’abolition.
Héritage africain, peinture murale au Marin
Beaucoup d’esclaves affranchis quittent les plantations, les coolies viendront d’Inde pour les remplacer.
Vers la modernité
Les békés, descendants de colons conservent le pouvoir économique, mais la bourgeoisie de couleur obtient le pouvoir politique local ; lors de la deuxième guerre mondiale, la Martinique est administrée par un partisan de Vichy qui favorise les békés ; beaucoup de jeunes rejoignent alors Sainte Lucie ou la Dominique pour soutenir les Alliés.
Après la guerre, le Parti Communiste triomphe avec Aimé Césaire à sa tête.
En 1946, la Martinique devient un Département d’Outre-Mer français.
CLIMAT
Le climat de la Martinique est un climat tropical humide, soumis au régime des alizés soufflant de secteur NE à SE ; la température, autour de 25°C, varie peu tout au long de l’année.
On distingue l’hivernage, la saison humide entre juin et novembre - c’est aussi la saison des cyclones - et le carême, la saison sèche entre décembre et mai.
TOUR DE LA MARTINIQUE
dans le sens trigonométrique !
TRACE DES CAPS
Un
chemin côtier part de Sainte Anne jusqu’aux anses Macabou, on se contente d’une
courte promenade :
Grande Anse Macabou
Petite Anse Macabou
HABITATION CLÉMENT OU DOMAINE DE
L’ACAJOU
A la
fin du XIX° siècle, un médecin, Homère Clément, racheta cette habitation sucrière près du
François et la transforma en distillerie de rhum.
L’habitation créole est faite de bois de wapa, très résistant ;
le salon central, dans le style « planteur » est entouré de
vérandas protégées de jalousies.
C’est
ici qu’en 1991, après la guerre du Golfe, Mitterrand rencontra Bush.
Portrait, Alex Bertrand (1997)
Très beau jardin paysagé
Le figuier maudit ou figuier étrangleur détruit tout ce qu’il
enserre ;
la palmeraie compte plus de trente espèces de palmiers ;
l’arbre du voyageur conserve l’eau de pluie à la base de ses feuilles.
Visite de l’ancienne distillerie
Au pied du volcan de la Montagne Pelée, la route côtière longe la falaise couverte de forêt tropicale et mène à Grand’Rivière, un village du bout du monde, à l’extrême Nord de la Martinique.
Le locotracteur servait à transporter la canne à sucre ;
éléments d'anciennes colonnes de distillation en cuivre.
Aujourd’hui
la fabrication du rhum agricole ne se fait plus sur place, mais le rhum
vieillit dans les quatre chais de l’habitation Clément :
le rhum est stocké dans des fûts de chêne pendant au moins trois années.
Rhum Clément XO, 6 ans d’âge
La Fondation Clément
soutient la création artistique contemporaine des Caraïbes :
dans la culture wayana, le Maluwana ou ciel de case protège le carbet de la
communauté et ceux qui s’y rassemblent (Association Gadepam, pigments naturels
sur bois) ;
Patch (T. Jarrin) ;
La flûte des mornes (J.J. Dumas) ; Gardien (T.Jarrin).
Le François
Repas au François chez Kai Nono, près du petit port
C’est
d’ici que partent les bateaux pour visiter les Sables Blancs et la Baignoire
de Joséphine où il est d’usage de déguster un planteur, les pieds dans l’eau, à
l’abri des récifs coralliens...
PRESQU’ILE DE LA CARAVELLE
Formée
de coulées de lave, la presqu’île de la Caravelle s’avance vers l’Atlantique
sur plus de 10 kilomètres.
Dans la réserve naturelle, on emprunte
le petit sentier qui descend vers la Baie du Trésor, là où de
nombreux bateaux se sont échoués :
il traverse la forêt secondaire qui a remplacé la canne à sucre il y a
seulement 200 ans ;
le mancenillier dont le tronc est souvent cerclé de rouge, est très toxique
; en cas de pluie, il ne faut pas s’abriter sous son feuillage, sous peine de
graves brûlures ;
quand une graine tombe de l’arbre, elle germe dans la vase et donne naissance
à un petit palétuvier rouge !
Les racines plongent dans l’eau salée et sont percées de petits orifices,
les pneumatophores qui permettent à la plante de respirer.
De
nombreux crabes, prêts à rentrer dans leur trou à la moindre alerte :
crabe Mantou,
crabe rouge des mangroves,
crabe « Sé ma fot » ou crabe violoniste ; le mâle possède
une pince plus grosse qu’il agite pour parader !
Le château Dubuc est
une ancienne habitation sucrière et caféière, mais il semble qu’à l’origine
elle ait plutôt vécu de divers trafics de viande, d’esclaves, d’armes...
La route du phare emprunte
un sentier agréable :
le phare de la Caravelle offre une belle vue sur la presqu’île
et sur la côte martiniquaise, mais un grain arrive...
Tartane
Un petit village de pêcheurs très animé
On
loge à Vanille des Isles dont la propriétaire très sympathique, est d’origine
grecque ;
son mari est artiste, il s’est servi de coquillages pour faire ce joli
tableau.
Repas
en bord de plage : fricassée de lambi (conque) et de chatrou (poulpe), on
apprécie la cuisine créole après un mois et demi de vaches maigres !
SAINT JAMES, FÊTE DU RHUM
C’est
la fête du rhum quand on passe près de la distillerie Saint James ; vaste
kermesse autour du musée de la distillerie :
alambic du Père Labat, premier procédé de distillation ;
les vertus du rhum !
Baryl Band, groupe folklorique formé d’instruments traditionnels, joueur de
ti-bois
et souffleur de conque.
GRAND’RIVIÈRE
Au pied du volcan de la Montagne Pelée, la route côtière longe la falaise couverte de forêt tropicale et mène à Grand’Rivière, un village du bout du monde, à l’extrême Nord de la Martinique.
La
veille à minuit, a eu lieu le départ de la Trans Martinique, un trail de 161
kilomètres à travers la montagne vers Sainte Anne, au Sud ; le record est
de 15H50 !
Le petit port très exposé au vent et à la houle est désormais protégé par
une digue, mais il a tendance à s’ensabler...
Soirée gastronomique : Tante Arlette nous régale avec un vivaneau grillé
et des « Z’habitants », écrevisses de rivière ; elle nous fait
aussi goûter ses prunes-pays confites, délicieuses dans le Ti-Punch !
Z’habitant (J.M. Loutoby)
DISTILLERIE J.M. à
Macouba
L’Habitation
Fonds-Préville a été achetée par J.M. Martin, créateur du rhum J.M., puis par
la famille Crassous de Médeuil ; le rhum vieux J.M. Crassous de Médeuil
est l’un des meilleurs de Martinique.
L’habitation derrière un vieux saman
Intéressante
visite en 4X4 à la découverte des champs de canne et de la bananeraie.
La canne à sucre
Rivière Macouba
Canne à sucre en floraison
La
canne à sucre est coupée à la machine entre février et juin, lavée à l’eau de
source de la montagne Pelée, puis broyée et pressée ; plus il fait sec,
plus le jus de canne sera sucré et produira d’alcool ; le résidu, la bagasse, est brûlé dans la
chaudière et sert à produire la vapeur nécessaire à la distillation.
Au jus
de canne appelé vesou, on ajoute des levures qui aident à sa fermentation en
vin de canne.
Le
vin de canne monte ensuite dans les colonnes de distillation, les produits
toxiques sont éliminés jusqu’à obtention d’un rhum titrant à plus de 70 degrés.
On consomme ce rhum blanc en apéritif, après lui avoir ajouté de l’eau pour
baisser son degré d’alcool à 50 ou 55 degrés.
Dans
les chais, le rhum est mis à vieillir dans des fûts de chêne dont l’intérieur a
été brûlé afin de caraméliser les tanins qui lui donneront son goût et sa jolie
couleur ambrée ; il est l’objet de toutes les attentions pendant ce
processus de vieillissement d’au moins trois ans ; tandis que la Part des
Anges s’évapore (8% par an), le niveau est complété avec un rhum identique ;
de plus, progressivement le rhum est réduit en alcool par ajout d’eau de source
jusqu’à titrer autour de 40 degrés.
A la
fin de la visite, un atelier olfactif aide à décrypter le bouquet de chacun des
rhum J.M. ; on opte pour le rhum J.M. Élevé sous bois (un an), un rhum
légèrement ambré qui sert à faire des Ti-punch, mais plus parfumé que le rhum
blanc (notes de canne à sucre, vanille Martinique et fût de chêne) et on
craque pour un vieux rhum XO de six ans d’âge.
Le
rhum agricole, exclusivement élaboré à partir du jus de canne et non de la
mélasse, est une spécificité des Antilles françaises ; la Martinique a
obtenu l’AOC ce qui alourdit son cahier des charges, mais lui garantit de
meilleures ventes.
La bananeraie
Le
bananier est une herbe gourmande en eau et qui ne fleurit qu’une seule
fois ;
chaque fleur produit un régime de bananes (de 20 à 60kg) formé de
plusieurs « mains » d’une quinzaine de « doigts » ;
les régimes sont protégés des intempéries et des insectes par un plastique
bleu.
La
récolte a lieu toute l’année ; les bananes sont cueillies vertes, puis
lavées et triées selon leur aspect : les plus belles sont étiquetées
« Antilles françaises » puis « Guadeloupe - Martinique » et
sont expédiées en métropole où elles seront mises à mûrir en y ajoutant de l'éthylène ; les
« Bananes Pays » enfin, sont réservées à la consommation locale.
La
culture de la banane est subventionnée, ce qui permet de préserver 10 000
emplois en Martinique.
A
côté de cette banane, il existe aussi la Ti-nain, petite banane bien meilleure
qui ne s’exporte pas, et la banane plantain qui se consomme cuite et est servie
comme légume.
Jardin
Joli jardin autour de la mare
La cordyline est souvent plantée près des maisons afin d’éloigner le
mauvais sort
Fleur de frangipanier
LA MONTAGNE PELÉE
On
contourne la Montagne Pelée, ce volcan de 13 kilomètres de diamètre qui
culmine à 1 345 mètres d’altitude est encore en activité ; une vingtaine de
sources chaudes en jaillissent et il se prête à la randonnée et au
canyoning.
La
Montagne Pelée est très arrosée (7 mètres de pluie par an) et souvent coiffée
d’un nuage, on ne la verra pas du tout...
SAINT PIERRE
Saint Pierre, « le
petit Paris des Antilles », était une ville prospère et animée quand, le 8
mai 1902, le volcan de la Montagne Pelée explosa ; le souffle renversa
tous les bâtiments, puis une pluie de cendres incandescentes et de lave
enflamma maisons et bateaux, réduisant la ville à néant ; 28 000
morts, seuls en réchappèrent le cordonnier et Cyparis, un ivrogne mis à
l’abri en prison !
Les ruines du théâtre
Les maisons de commerce du Figuier servaient d’entrepôts pour les
marchandises qui arrivaient dans l’île par bateau ;
la baie de Saint Pierre est parsemée d’une dizaine d’épaves qui servent de
spots de plongée ; plage de sable noir d’origine volcanique.
Église du Mouillage : le vitrail de l’artiste martiniquais Victor
Anicet invite à l’élévation spirituelle, de l’ombre à la lumière.
Zoo de Martinique
Sur
les cendres de l’ancienne habitation Latouche, s’est installé le zoo de
Martinique dans un magnifique parc paysagé ; on y trouve aussi les
vestiges de la sucrerie, de la rhumerie, de la fabrique d’indigo et du
traitement du manioc. Un système hydraulique avec barrage et aqueduc alimentait
l’habitation en eau.
Le petit singe saïmiri à tête noire, agile et facétieux ;
le singe atèle ou singe araignée vit également à la cime des arbres et se
déplace très rapidement, aidé par sa longue queue préhensile ;
le jeune capucin brun, même sous la pluie, reste très joueur !
Le jaguar ressemble au léopard africain ;
le raton laveur trempe ses aliments dans l’eau avant de les manger ;
le wallaby, venu d’Australie, possède une poche ventrale pour porter ses
petits ;
l’iguane vert de Guyane est un lézard végétarien, très bon nageur ;
la tortue sillonnée d’Afrique peut peser jusqu’à 60kg ; elle est
herbivore et ne boit jamais d’eau.
L’ara rouge
et l’ara bleu vivent en couple à la canopée des grands arbres ;
avec leur bec puissant, ils peuvent casser des noix et s’accrocher pour grimper
aux arbres.
L’ibis rouge
et le flamant des Caraïbes ou flamant rouge, doivent leur couleur aux
crustacés qu’ils ingèrent.
L’heure du repas pour les loriquets à tête bleue, originaires d’Australie.
Un
zoo qui nous a enchantés, tant par les animaux qui semblent aussi à l’aise que
dans leur milieu naturel, que par l’environnement très bien mis en
valeur ; de plus, chaque enclos possède une vitre.
En
sortant, petit musée de la piraterie.
ROUTE DE LA TRACE
La route de la Trace
descend de la Montagne Pelée à Fort de France à travers la forêt
tropicale ;
il pleut, les pitons du Carbet sont dans la brume...
Pont de l’Alma
Le jardin de Balata a
été harmonieusement aménagé par le paysagiste Jean Philippe Thoze dans le
jardin de ses grands-parents.
L’allée Royale mène à l’habitation
Magnifique perspective, bromélias, fougères, ficus blancs et palmiers
royaux autour de la mare à nénuphars
Les broméliacées sont des plantes épiphytes de la même famille que
l’ananas ; leurs racines se fixent sur les plantes qui les supportent.
Palmier à sucre dont la sève est récoltée pour obtenir le sucre de
palme
Pandanus Panaché : les racines se détachent du tronc et forment un
faisceau conique qui soutient l’arbre ; peu ont résisté au cyclone Dean de
2007...
Le fromager est reconnaissable aux épines qui recouvrent son écorce ;
les sorciers vaudous s’en servent pour jeter des mauvais sorts !
Les bambous peuvent grandir de 10 mètres en moins de quinze jours !
Petite promenade à la canopée, la cime des arbres
Les
fleurs tropicales ont des couleurs éclatantes, mais souvent peu d’odeur :
Ixora
Rose de Porcelaine,
son nectar est très apprécié des colibris.
Dans la famille Balisier, l’héliconia Wagneriana
et l’héliconia pendula.
Alpinia
Anthurium
Sucriers et colibris se régalent
Un
très beau jardin, bien mis en valeur et pas trop touffu ; dommage qu’on
l’ait parcouru sous la pluie, au pas de course...
Cette
redécouverte de la Martinique a été très enrichissante, même si, pour nous, l’île
n’a plus les attraits de la nouveauté, comme cela avait été le cas, seize ans
auparavant...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire