Après deux
mois de vacances, rentrée des classes pour les petits Brésiliens.
Nous prenons
l’avion pour Manaus, au cœur de l’Amazonie ; les premiers explorateurs, comparant la combativité des femmes aux seins nus d’une tribu matriarcale avec celle des Amazones de la mythologie
grecque, lui ont donné son nom !
L’AMAZONIE
Le bassin
amazonien, avec une surface de 12 fois la France, s’étend sur 9 pays ; au
Brésil, il occupe le tiers du pays.
Il est drainé
par l’Amazone, premier fleuve au monde par sa puissance, deuxième par sa
longueur (6 570km), qui constitue la plus grande réserve d’eau douce de la
planète.
L’Amazone
coulait d’Est en Ouest, jusqu’à la formation de la cordillère des Andes, il y a
environ 15 millions d’années ; l’eau forma alors une vaste mer intérieure
avant de se frayer un passage vers l’Atlantique, d’Ouest en Est.
La forêt
amazonienne, la plus grande forêt tropicale humide du monde, est considérée
comme « le poumon » de la planète ; elle est riche d’une grande
biodiversité, avec 5 0000 espèces de plantes, 2 500 espèces de poissons et un
nombre infini d’insectes. Le cinquième de sa surface a été déboisée par les
agriculteurs, les bûcherons, les orpailleurs et les compagnies minières, mais
cette déforestation tend heureusement à s’atténuer.
L’Amazonie
est très peu peuplée, hormis les deux villes de Manaus et Belém ; par le
passé, les Amérindiens ont été expulsés de leurs territoires, soumis à
l’esclavage, décimés par les maladies, voire exterminés ; actuellement, de
nombreuses tribus amérindiennes vivent
dans des territoires désormais protégés, les « Terras Indigenas »,
conservant leurs coutumes et leur mode de vie en osmose avec la nature ;
ils forment la Nation amérindienne, avec leurs propres lois et leur propre
langue le tupi guarani, sous l’égide de la FUNAI, Fondation Nationale de
l’Indien. Il existerait encore des communautés isolées, sans aucun contact avec
le monde extérieur.
MANAUS
La capitale de l’état d’Amazonie, est
une ville de deux millions d’habitants au milieu de la jungle ; on ne peut
y accéder que par bateau ou par avion.
Elle s’est
développée à la fin du XIX° siècle lors de l’éphémère « boom » du
caoutchouc, induit par le développement de l’industrie automobile ; le
Brésil assure alors 80% de la production mondiale de latex, tiré de la sève de
l’hévéa.
Les seringueiros chargés de sa collecte, faisaient un travail pénible, dans des
conditions de semi esclavagisme.
Les barons du
caoutchouc ont construit de riches demeures et un théâtre, assez surprenant à
cet endroit.
Manaus
se situe à la confluence du Rio Negro et du Rio Solimoès qui forment le Rio
Amazonas ;
les eaux du
Rio Negro, sont « noires », acides - ce qui tue les larves de
moustiques - chaudes et plus lentes, propices à la baignade ; celles du
Rio Solimoès viennent des Andes, elles sont « blanches » car chargées
de limon, froides et rapides, on ne s’y baigne pas.
Ces eaux sont
très poissonneuses ; les hérons pêchent mais les dauphins roses et les petits
dauphins noirs ne se montrent pas.
Cette année,
la saison des pluies - habituellement de décembre à juin - est retardée ;
les eaux sont basses et doivent monter de 10 à 15 mètres, environ 20
centimètres par jour.
En
bordure d’un affluent, un village de pêcheurs, dont les maisons flottantes peuvent
aussi se déménager !
Le marché au
poisson est très impressionnant ; les poissons amazoniens peuvent peser jusqu’à 100kg : tambaqui, poisson-chat,
piracuru (les indiens se servent de leurs grandes écailles comme lime à ongles),
piracuru (les indiens se servent de leurs grandes écailles comme lime à ongles),
tucanaré,
dont les yeux jaunes sur la queue servent à tromper l’ennemi,
« langouste »
amazonienne.
Les eaux sont très profondes (120 mètres) et les cargos peuvent remonter le fleuve jusqu’au Pérou.
Le
port flottant accueille surtout les bateaux de ligne à plusieurs ponts qui
desservent l’Amazone.
Le
Mercado Municipal Adolpho Lisboa est formé de plusieurs petits pavillons que
l’on doit à Eiffel : viande, poissons,
fruits
et légumes,
artisanat
amazonien.
Dans la vieille ville,
de
nombreux marchands ambulants équipés d’une brouette !
Le
Teatro Amazonas est inspiré de l’Opéra Garnier, comme celui de Rio de
Janeiro ;
il
a été construit et décoré par des architectes et artistes européens ;
à l’origine,
la route d’accès était pavée de caoutchouc afin d’atténuer le bruit des
voitures à cheval !
On y assiste
à un concert de musique classique de l’Orchestre d’Amazonie.
EXCURSION DANS LA JUNGLE AMAZONIENNE
Bruno vient
nous chercher avec nos petits sacs à dos, dans son combi brinquebalant, pour
passer trois jours dans la jungle.
1H30
de route avec une petite halte au marché du village de Rio Preto da Eva (manioc
et dérivés, maillot de bain pour Jacques qui a oublié le sien),
puis 1H30 de barque à moteur sur le Rio Preto
da Eva, pour arriver à Malocas Jungle Lodge.
Masque indien
Une maloca est une maison traditionnelle ronde où vivent plusieurs familles
indiennes ; ici, elle fonctionne à l’énergie solaire, les chambres sont
éclairées à la bougie.
Visite à un caboclos
Les
caboclos sont des métis d’Amérindiens et de Portugais qui vivent de la chasse,
de la pêche et de la culture du manioc ; ils reçoivent une parcelle qu’ils
défrichent en la brûlant.
La
racine de manioc est épluchée, mise à tremper puis broyée ; la farinha de
manioc est séparée du jus que l’on fait décanter pour obtenir une pâte qui sert
à faire les galettes.
L’ingar,
le fruit préféré des Indiens ; les graines sont entourées d’une délicieuse
pellicule blanchâtre.
Orchidée sauvage
Promenades dans la forêt tropicale
Le chemin des singes, près du campement constitue une approche de la forêt primaire, mais seul Patrick observera quatre singes au petit matin.
Deux capitons
noirs et bleus, encore appelés gendarmes, se répondent ; ce sont des
oiseaux sentinelles qui signalent aux autres, les intrus que nous sommes !
On entend aussi un pivert qui pique un tronc.
Termitière
Ananas
sauvage
On emprunte
le Caminhada do Cachoeira do Jacaré, chemin encombré de racines et de troncs
d’arbre ; il permet de découvrir végétation et plantes médicinales, tout
en conduisant à une cascade :
bois
de lait.
Le
Samauma (ou ceiba, bois-coton, kapokier), un arbre gigantesque surnommé ici
« la cathédrale » ; il est le symbole de l’Arbre de vie.
L’hévéa :
les seringueiros entaillaient son tronc pour récolter le latex ; ils en
faisaient une boule qui leur était payée au poids.
Le bois de
rose sert à faire du parfum. On voit quelques fleurs, orchidées et
bromélias.
Marcos, notre
guide caboclos, nous montre aussi les traces d’un jaguar et de cochons
sauvages ; au loin, on entend les cris des singes hurleurs.
La
cascade de Jacaré, une halte bien rafraîchissante après cette marche sous une
chaleur très humide.
On
remonte le lit du ruisseau, au-dessus de la cascade ; au milieu, une
pierre plate sur laquelle les Amérindiens découpaient la viande.
Le
lendemain, on emprunte un chemin vers une autre cascade,
où
flamboie le vermeilho ;
au
retour, une mygale sort de son trou.
La
forêt est toujours habitée par les « esprits », tel Saci-Perere à
l’allure de lutin.
Marcos nous
raconte la légende du guarana, une plante grimpante dont le fruit rouge, blanc
et noir, ressemble à un œil humain ; il contient de la caféine et est
utilisé pour ses propriétés stimulantes : « un jeune Indien, fort, intelligent
et très aimé de ses parents, succombe à la morsure de Jurupari, l’esprit malin
transformé en serpent ; le grand dieu indien Tupa, dieu du tonnerre,
demande à la mère de planter en terre les yeux de son fils car il en naîtrait
une plante unique ; au bout de quelques mois, poussa une très belle
plante, le guarana, dont les fruits ressemblaient aux yeux du garçon ».
Autour du Rio Preto da Eva
Plusieurs
promenades en barque sur le rio, les eaux sont basses mais bientôt la forêt sera
inondée.
Au lever du
soleil, les poissons sautent et deux aigrettes se pourchassent avec un cri
rauque.
Aigrette
Dans les
arbres volettent plusieurs japim, les femelles sont jaunes, les mâles rouges ;
les perroquets se cachent à la cime, tandis que les faucons survolent la
jungle.
Pirogue traditionnelle
La pêche au
piranha n’est pas fructueuse, une touche mais pas de prise...
Les
arbres se reflètent dans les eaux calmes du Rio Preto.
Retour de
nuit à la recherche des caïmans, appelés ici jacarés ; on ne voit que des
lucioles et on entend les grenouilles coasser.
Un
jeune jacaré s’invite à notre table !
Malocas offre un hébergement rustique mais
relativement confortable ; bonne cuisine de Marianha, à base de poisson
accompagné de riz, haricots secs et farine de manioc ; le tout est relevé
de tucupi, jus de manioc fermenté et pimenté.
Une
expérience intéressante, mais pas très dépaysante ; on a été surpris de
trouver une forêt aussi sèche et déçus de ne pas avoir vu davantage
d’animaux...
Bruno nous
ramène à Manaus et partage un repas avec nous ; il nous propose de nous
emmener à l’aéroport le lendemain matin.
ALTER DO CHAO
Vol de Manaus
à Santarem, la capitale du Para, en aval du Rio Amazonas ; tout à côté,
Alter do Chao, sur le Rio Tapajos, un affluent aux eaux claires.
Ilha do Amor
L’île de l’Amour, une immense plage de sable rose ;
on y accède en barque afin d’éviter les piqûres des raies pastenagues ; cette île sera bientôt submergée, comme à chaque saison des pluies.
L’île de l’Amour, une immense plage de sable rose ;
on y accède en barque afin d’éviter les piqûres des raies pastenagues ; cette île sera bientôt submergée, comme à chaque saison des pluies.
Elle protège
le Lago Verde ou Lagoa dos Muiraquitas, du nom des petites grenouilles qui y
éclosent.
Les femmes de
la tribu Borari vivaient dans le lagon, isolées des hommes qui habitaient sur
le rio ; ils se retrouvaient sur l’île et échangeaient des cadeaux...
Une
balade nous mène sur le Monte Serra da Piraoca, d’où la vue sur le rio est très
belle.
Lago Verde
Visite très
intéressante avec Raphaël, guide d’Amazon Incoming Travel : fils d’un
chercheur d’or, ce jeune brésilien est originaire d’une tribu amérindienne –
marron (nom donné aux esclaves noirs qui s’enfuyaient des plantations). Il a vécu en forêt, sans pouvoir être scolarisé, en étant seulement éduqué par
Fideli, le « père Fouettard » amazonien qui emmenait en forêt dans un
sac, les enfants mal élevés ! Quand il eut 9 ans, son père décida de
déménager en Guyane française afin que ses enfants puissent aller à
l’école ; Rapahaël a poursuivi sa scolarité en France et s’est marié à une
française ; aujourd’hui, prêt à monter son agence de tourisme, il dit
« tout devoir à la France ».
La région
représente la plus grande réserve aquifère du monde, l’eau provient du
sous-sol.
A la saison
des pluies, les poissons se reproduisent dans la forêt inondée ; les œufs sont pondus dans le plancton, le limo, puis fécondés avant d’éclore.
Visite en bateau à moteur des igarapés, les « chemins du canoë » :
Igarapé da Cuicuera, ou de la forêt enchantée ; les Indiens s’y cachaient
quand ils étaient poursuivis et « enchantaient » ainsi leurs
ennemis.
Nénuphars
Igarapé
do Macaco : la forêt est inondée ;
baignade près d’une source souterraine, l’eau y est très claire.
baignade près d’une source souterraine, l’eau y est très claire.
Dans ces rivières vivent les poissons électriques ou buraque, dont la décharge peut être mortelle. Les anacondas peuvent atteindre 10 mètres de long ; ils sont surtout visibles et peu agressifs lorsqu’ils digèrent une grosse proie, ce qui peut prendre 4 à 6 mois !
Ponta do Cururu
Un
pêcheur remonte ses filets ;
une
langue de sable s’avance, Raphaël marche sur les eaux du rio Tapajos!
Les dauphins
roses, appelés Botos, viennent y sauter tous les soirs au coucher du soleil.
Après une
caipirinha bien tassée, repas de poisson au restaurant Piracui avec
Raphaël : tambaqui au court-bouillon et tucunaré à l’escabèche, on se
régale...
Alter do Chao
a représenté pour nous une étape bien sympathique.
Jacques et Patrick se défoulent à la pêche au piranha !
On
descend l’Amazone sur le Nelio Correa, un gaiola, bateau de ligne à trois ponts ;
deux jours pour faire 800km avec huit escales.
Nous avions
réservé des cabines, le confort est très sommaire, on n’osera pas utiliser la douche.
comme ces deux petites filles.
Cuisine
bourrative mais correcte, avec une assiette à 10 réals (2,5 euros), on mange à
deux ! Pour améliorer l’ordinaire, on amène des biscuits, des fruits et de
la vodka, faute de cachaça ; on goûte au jus d’açai préparé à partir du
fruit d’un palmier.
Musique
criarde mais on arrive à s’installer sur des fauteuils devant notre cabine.
Ici,
tout se transporte en bateau ; le débarquement des oranges se fait à dos
d’homme.
Le
fleuve est large, on se rapproche des rives boisées lors des escales.
Monte
Alegre, petite ville sur pilotis ; c’est dans cette région qu’ont été
découvertes des grottes décorées de peintures rupestres amérindiennes.
A
chaque halte, l’animation est constante ; les petits vendeurs grimpent à
l‘assaut du bateau, avant même son amarrage ; ils proposent des
assiettes-repas, des fruits, du fromage de buffle, des crevettes, des cœurs de palmiers...
Coucher de soleil sur l’Amazone
Ces
bateaux poussent leur chargement de bois, destiné à l’exportation.
Les rives se
rapprochent au niveau de l’étroit canal de Breves et de l’île de
Marajo :
tout au long du fleuve, s’égrènent les maisons sur pilotis avec leur embarcadère ; le linge sèche, les habitants regardent le bateau passer ;
certaines maisons paraissent plus cossues,
les
églises sont nombreuses.
Des
barques viennent à la rencontre du Nelio Correa et s’arriment un moment,
proposant leurs produits ou profitant de l’occasion pour faire quelques miles.
Les
enfants attendent des petits cadeaux ou de la nourriture ;
le
matin, la navette scolaire les emmène à l’école.
On aperçoit
de nombreuses aigrettes, mais on voit aussi s’envoler un toucan et des
perroquets.
Un
peu de pluie quand on se rapproche de Belém, dont on voit bientôt les hauts
immeubles.
Cette
croisière à petite vitesse a passé relativement vite et nous a permis de
mieux appréhender l’atmosphère et la vie des Caboclos autour de l’Amazone.
BELEM
Belém, la
capitale du Para, se situe sur la baie de Guaraja, à l’embouchure de l’Amazone ;
elle a été fondée par les Portugais et a pris son essor grâce au commerce du
cacao, de l’indigo et des fourrures, mais surtout à la fin du XIX° siècle, lors
de l'essor du caoutchouc.
Dans
la vieille ville, au bord du fleuve, il persiste quelques immeubles Belle Époque,
mais on
arrive vite à des rues un peu « chaudes » où il faut éviter de se
promener... Autour de ce centre, des barres d’immeubles.
Dans cette rue mal pavée, le contraste entre cette carriole à bras et ce 4x4
est saisissant.
Cathedral
da Sé, récemment rénovée
Autour
du port tournoient les urubus noirs, des charognards pas très sympathiques.
Du
Forte do Presepio, on a une belle vue sur le Mercado Ver O Paso, appelé ainsi
par les Portugais qui veulent Voir le Poids :
un
marché typique de poissons,
fruits et légumes,
décoctions aphrodisiaques
et
perruches.
Mercado
Municipal,
artisanat amérindien.
Estaçao das Docas, les anciens docks ont été rénovés, formant un espace agréable en bord de mer : restaurants, brasserie, glacier, quelques boutiques et animation musicale chaque soir.
Estaçao das Docas, les anciens docks ont été rénovés, formant un espace agréable en bord de mer : restaurants, brasserie, glacier, quelques boutiques et animation musicale chaque soir.
Teatro
da Paz, Théâtre de la Paix, inspiré de la Scala de Milan :
loge Impériale,
les
murs de pierre sont joliment peints,
lustres de cuivre et de cristal,
belles marqueteries de bois exotiques.
Basilica
Santuario de Nazaré, un bel ensemble,
avec
des vitraux éclatants de couleurs ;
chaque
deuxième samedi d’octobre, la procession du Cirio réunit deux millions de pèlerins qui suivent la Vierge de Nazaré à travers la ville.
Promenade
dans le Bosque Rodrigues Alves, un îlot de forêt préservé au milieu de la
ville ;
alpinia.
On loge à
l’hôtel Portas da Amazona (45 euros la nuit), chambres spacieuses, petit jardin
intérieur et pizzeria ; sympathique groupe de jazz avec accompagnement à
la clarinette et à la guitare.
Chaque
dimanche de janvier, tout le monde est invité à défiler, en prémices du
carnaval.
A Belém, il y
a quelques belles choses à dénicher dans la vieille ville sale et assez délabrée...
L’Amazonie, une contrée mythique que cette
semaine nous a permis d’entrapercevoir ; la vie tourne autour du fleuve qui
sert de voie de communication et fournit du poisson.
On a été
surpris de ne pas y rencontrer de moustiques !
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