Jacques prend le train pour récupérer une voiture de location à l’aéroport de Lamezia Terme chez Maggiore (réservation sur le site Doyouitaly à 25 euros par jour, 30 pour deux conducteurs). On prévoit un périple de 2 000 km dans l’extrême Sud de l’Italie afin de visiter la Calabre et les Pouilles.
La
Calabre correspond à l’extrémité de la botte qui pointe vers la Sicile.
TROPEA est considérée comme la perle de la côte
tyrrhénienne.
La vieille ville, bâtie sur un rocher, surplombe la mer de 60 mètres. Autour du Corso Vittorio Emanuele et la Via Roma, un laci de ruelles et de placettes bordées d’anciens palais baroques. L’endroit est animé malgré la pluie, beaucoup d’hôtels et pléthore de restaurants et de glaciers.
Corso Vittorio Emanuele
Cattedrale Maria Santissima di Romania, édifice roman normand (12e s.) ; arcatures normandes de la façade Nord et portrait de Maria de Roumanie qui aurait sauvé Tropea d’un tremblement de terre (marbre du 18e s.).
Madonna del Popolo, sculptée par Montorsoli, élève de Michel-Ange (16e s.)
Crocefisso Nero (15e s.), Francesco Mottola, natif de Tropea, a été récemment béatifié.
Portail
d’un ancien palais baroque
Les trois fontaines
On
loge dans la vieille ville à De loCa Rooms. Repas de spécialités calabraises
chez Albin’s, restaurant conseillé par notre jeune et sympathique hôte ;
on se régale d’oignons de Tropea confits, rosés et légèrement sucrés ; il
faut que j’en trouve la recette afin de cuisiner les 2kg que j’ai
achetés !
La
vieille ville est séduisante, un peu trop envahie de boutiques à touristes.
Isola Santa Maria, une centaine de
marche pour y grimper et admirer le paysage :
Le
musée ethnographique est malheureusement fermé aujourd’hui ; il présente
les masques apotropaïques en terre cuite, destinés à éloigner le mauvais sort.
La
route sur la falaise s’éloigne du littoral ; seul le train y passe, cala
et grottes ne sont accessibles que par la mer.
Charybde
et Scylla sont deux monstres marins de la mythologie grecque,
Scylla,
avec ses six têtes, vit dans un rocher et détruit tout ce qui est à sa
portée ; Charybde, tapie au fond de la mer, engloutit tout ce qu’elle
contient.
Dans
l’Odyssée, Ulysse prévenu par Circé, évite Charybde et affronte Scylla armé d’une
pique ; il en réchappe mais six de ses compagnons sont dévorés vivants. L’expression
« Tomber de Charybde en Scylla », signifie « aller de mal en pis » !
Portail
surmonté des armoiries des Ruffo
Le
château est fermé, promenade sur la Piazza San Rocco et la Via
Panoramica :
REGGIO CALABRIA :
Museo Archeologico Nazionale
Avant la Grande Grèce,
à l’âge de pierre
Les âges des métaux (cuivre,
bronze, fer) : transformation économique et sociale (-3 600, -2 200,
-1 700 av. J.-C.)
Objets
en métal et céramiques proviennent de l’appareil funéraire qui accompagne
l’urne contenant les cendres du défunt.
A
l’âge de fer, les villages fortifiés et l’agriculture se développent.
L’aristocratie commerce avec la Grèce jusqu’au Levant, et importe des poteries
mycéniennes.
Ornements
féminins (fin de l’âge de fer)
Les villes et les
sanctuaires de la Grande Grèce
Les
plus anciennes colonies fondées en Calabre sont Sybari et Crotone et datent de
la fin du 8e siècle av. J.-C..
Les
pinakes, petits tableaux votifs en terre cuite consacrés au culte de
Perséphone, étaient réalisées en série.
Coutumes funéraires
La
pratique funéraire la plus répandue était l’incinération mais elle a été
supplantée par l’inhumation. A Locri, les appareils funéraires étaient bien
distincts pour les hommes et pour les femmes : les sépultures masculines
évoquaient la musique et l’athlétisme, alors que les sépultures féminines
évoquaient les soins du corps et la beauté. Le musée possède la plus importante
collection de miroirs en bronze de la Grande Grèce.
Vase
importé d’Attique servant à la consommation du vin
Lucaniens et Bruttiens
à la conquête de la Grande Grèce
Ce
sont des peuples italiques du Basilicate et de la Calabre.
Histoire de Reggio de
Calabre : le kouros et les bronzes de Riace et de Porticello
A
côté des céramiques d’importation, une production de céramiques italiotes se
développe.
Peu
de monde, on a passé un très bon moment dans ce musée rénové, aéré et didactique.
L’ASPROMONTE est un massif
montagneux qui fait partie de la chaîne des Apennins et culmine à 1 955 mètres
au Montalto.
Le
Chant d’Aspromonte est une chanson de geste de la littérature médiévale
d’origine normande ; elle est le prologue de la Chanson de Roland.
A
la bataille d’Aspromonte, Garibaldi a été blessé et fait prisonnier
(1 862).
De
Reggio, cap à l’Est et montée vers Gambarie, puis au Sud et descente vers
Melito di Porto Salvo, à travers le Parque
Nacional del Aspromonte. Nous sommes seuls sur cette belle route sinueuse
et carrossable malgré quelques trous et effondrements.
A
l’intérieur des terres, sur un éperon rocheux, la petite ville de Bova ;
Architecture
locale aux murs de pierre et de brique rouge
Nuit
dans la Villa delle Rose :
La mère de notre hôtesse est fière de nous montrer sa roseraie ;
Fleur d’hibiscus.
Néflier
Un mûrier blanc a été greffé sur un mûrier noir, aux gros fruits sucrés ; les deux variétés de mûres poussent sur le même arbre !
CÔTE IONIENNE
On
longe la côte Ionienne, construite et sans intérêt ; entre la route et la
mer, la voie ferrée qui ne peut être franchie que par un pont souterrain.
On
passe par Pila, Locri, Riace, hauts-lieux de l’histoire de l’Antiquité
calabraise, ainsi que par Rocella Ionica dont le port est ensablé ; Thira
n’a jamais pu y faire halte lors des longues traversée pour contourner la botte
italienne.
Paysage de tuf modelé par l’érosion
Gerace
A
l’écart de la côte, Gerace de culture gréco-byzantine est devenue au 15e siècle, la ville « aux cent clochers » ; elle a occupé le siège épiscopal pendant plus
de 1 000 ans.
Sur
les hauteurs, les ruines du château normand (11e s.)
Les absides de la Cathédrale de Santa Maria Assunta de style roman normand (11et suiv.) et l’Arche des Évêques, l’Arche des Evêques, de la ville.
Portail
latéral de la cathédrale, malheureusement fermée...
Sur la Piazza delle Tre Chiese, la Chiesa di San Giovannello, petite église orthodoxe du 9ème siècle qui était rattachée au couvent féminin de St Jean Chrysostome,
Madre de Dio della Tenerezza, de la Tendresse (représentation d’icône) ;
Portail
arabo-normand de la Chiesa San Francesco (13e s.),
surprenant maître-autel de marbre polychrome,
et mausolée de Ruffo, prince de Scilla ;
enfin, la Chiesa di Sacro Cuore (17e et 19e s.), église baroque au dôme original.
Chiesa di Santa Caterina d’Alessandria (12e s.), décorée de fresques
Belle maison de pierre rénovée
Silène
Plus bas, dans le quartier des potiers, la Chiesa Santa Maria del Mastro (11e s.) en forme de croix grecque et à la coupole aplatie.
Un village agréable, dommage qu’on n’ait pas pu visiter la cathédrale.
Stilo : la Cattolica
En
empruntant une jolie route montagneuse pour grimper à Stilo,
on
croise un troupeau de moutons qui connaît son chemin !
Joli paysage semi-montagneux du Massif de Serre,
au loin, le village de Stilo.
Au
10e siècle, Stilo était le plus important centre religieux byzantin
de la région ; il était occupé par les moines basiliens et toutes les
grottes des alentours étaient habitées par des ermites qui ont construit cette
petite église, la Cattolica :
Une église ravissante de plan carré, un bel agencement de briques colorées ,
et
cinq petits dômes recouverts de tuiles en feston.
A l’intérieur, quatre colonnes soutiennent les voûtes ; des fresques encore bien conservées recouvrent les murs,
au-dessus de l’autel, l’Ascension,
à
l’opposé, la Dormition de la Vierge.
Une belle simplicité qui ramène à l’essentiel...
Le
village de Stilo, au fond, la vallée du Stilo et la mer Ionienne
Figuier de Barbarie
Le Castella
L’îlot
de Punta Castella occupe une position défensive depuis les Grecs ; il a vu
passer Hannibal, les Romains, les Angevins puis les Aragonais.
Une jolie promenade en bord de mer,
Griffe de Sorcière
et Pavot cornu,
mène à la Fortezza di Le Castella.
Cette belle forteresse aragonaise de pierres dorées (16e s.) a été bâtie sur un îlot, désormais relié à la côte par une étroite bande de terre.
Les tours ont été construites pour se défendre des Turcs, la plus ancienne est circulaire, les autres sont rectangulaires.
Un pont-levis à l’entrée principale du château ; à droite un renfoncement du mur permettait de récupérer l’eau de pluie
La Torre, le donjon date de ma période angevine (13e s.) et possède trois étages reliés par un escalier en colimaçon.
Capo Colonna : Parco
Archeologico Sanctuario di Hera Lacinia
Sur le Cap Colonna se dresse face à la mer, une colonne dorique, solitaire ; c’était l’une des 48 colonnes du temple de Hera Lacinia, construit au 5e siècle av. J.-C., à l’époque de la Magna Grecia, la Grande Grèce.
Arches
de l’époque romaine qui faisaient partie d’un four
Pavement de mosaïque
Chiesa Madonna di Capo Colonna et Torre Nao, une tour de guet aragonaise (16e s.).
Crotone
Au 6e siècle av. J.-C., le sept fois champion olympique de lutte Milon,
le philosophe et mathématicien Pythagore et le médecin Alcméon, ont rendu Crotone célèbre.
Porte du Castello
Castello di Carlo V (9e s.), édifié sur l’ancienne acropole antique, il a été renforcé par Charles Quint.
Quelques belles maisons mais il faut les chercher ; les palais sont sales et non entretenus.
Ruelle des Amoureux.
Rossano : Museo
Diocesano e del Codex
Le
Codex Purpureus Rossanensis, inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, a été
réalisé dans un scriptorium byzantin d’ Asie Mineure au 6e
siècle ; il est arrivé en Calabre avec les moines byzantins. Il fait
partie des cinq codex pourpres recencés dans le monde, dont un à la BNF de
Paris.
Ecrit sur un parchemin rouge, ce manuscrit enluminé contient l’évangile selon St Matthieu et presque tout l’évangile selon St Marc, en écriture grecque onciale. Les trois premières lignes sont écrites avec de l’or, les suivantes avec de l’argent. Les quinze illustrations utilisent différents pigments.
Le musée est accolé à la cathédrale.
Codex
Purpureus Rossanensis :
Les quatre évangélistes (reproductions)
L’entrée à Jerusalem
Jésus
chasse les marchands du temple
Communion du pain (détail)
Le dernier repas, la Cène
Musée
diocésain
Madonna di Costantinopoli (Calabre, 15-16e s.)
Tavoletta della Pace (15-16e s.)
Oratorio
San Marco (10e s.)
Petite église byzantine
Rossano est le pays de la réglisse, mais impossible de trouver un seul magasin dans la vieille ville...
Rocca Imperiale :
Castello svevo
L’arrivée
à notre B and B situé dans la vieille ville a été laborieuse ; on a testé
trois chemins impossibles de Google Maps, lors du demi-tour de notre troisième
tentative, une roue se coince dans une marche, soulevant la roue opposée... On
finit par stationner sous le château, finalement très proche.
Les maisons étagées sur la colline, sont les anciens logements des ouvriers qui ont édifié le château de l’empereur souabe Frédéric II (13e s.).
Après
les dominations souabe et angevine, les Aragonais ont renforcé la forteresse
avec des murs d’enceinte et des tours crénelées (15e s.). Au 18e,
les ducs Crivelli ont aménagé le palais ducal.
Montée au Castello svevo
Tour aragonaise reconnaissable à son liseret de pierre qui servait à diffuser le liquide brûlant jeté sur les assaillants.
Porte de Frédéric
L’entrée du château est élégante et joliement pavée.
La cuisine comportait six fours ; une profonde citerne permettait son alimentation en eau de pluie.
l’accès au château se faisait par deux ponts-levis, le deuxième emjambait un fossé large et profond.
La Place d’Armes ; une petite fenêtre ogivale persiste de l’époque médiévale.
Tour-bastion souabe
Le
palais ducal est précédé des écuries et de la chapelle.
Dans
le village :
En 1644, cinquante galères turques ont assiégé la ville ; les
habitants réfugiés au château ont fait voeu de reconnaissance éternelle à
Madonna della Nova s’ils étaient libérés.
Eglise de l’Assomption, Chiesa Madre Assunta
Monastero dei frati osservanti, monastère franciscain
Trattoria dei Poeti, restau pantagruélique, sept spécialités calabraises, toutes très bonnes avant de passer aux pâtes et au ragoût de lièvre !
Remontée digestive vers notre hébergement, abrupte mais jolie.
La
Calabre est assez pauvre ; les routes
sont mal entretenues, les travaux non terminés et les maisons en ruines
abandonnées...
Le
Nord est montagneux et très vert, le Sud, vallonné et plus sec, est planté
d’oliviers et de vignes.
Nous
avons découvert l’influence des Grecs, la « Magna Grecia », admiré les
églises byzantines ainsi les châteaux souabes, angevins et aragonais.